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Partie 5

- Vendredi soir.

On arrive enfin au lycée. Je suis toujours couché sur Jayce. Je me lève et attrape mon sac en rendant les écouteurs à Matt. Le prof nous fait alors sorti du bus et dans l'élan, j'attrape la main de Jayce quand il se lève. Il se tourne vers moi, un sourcil haussé.

- Oui ?
- Euh... Rien, désolé, je murmure en lâchant sa main et il fronce les sourcils.

Il attrape son sac et sort de son siège. Je me mords la lèvre inférieur et le suis. Il a l'air blessé, en colère ou je ne sais pas trop quoi mais je sais que c'est à cause de mon comportement bizarre qu'il y a quelques secondes. Je garde la tête baissée jusqu'à ce qu'il se retourne alors que d'autres élèves sortent de leur place et qu'il les laisse passer. Jayce passe sa main sous mon menton et me relève le visage. Je sais que derrière moi, il y a le reste de la bande mais je ne vois plus que Jayce et ses yeux. Je ne vois et n'entends plus que lui.

- Je ne sais pas ce qu'il t'arrive, mais fais moi confiance, d'accord ? il me dit en encrant son regard dans le mien et un picotement parcourt mon corps. Je peux t'aider.
- Je ne pense pas que tu puisses faire quoi que ce soit pour moi, je lui réponds honnêtement dans un souffle.
- Je le peux, il faut juste que tu m'en donnes les moyens. Je ne te force pas, mais je suis là.

Je hoche simplement la tête et il se retourne à nouveau pour sortir du bus. Je cherche une de ses mains des yeux et dès que je la trouve, je glisse la mienne à l'intérieur. J'ai besoin de contact. De son contact. Je soupire silencieusement quand il resserre ses doigts autour des miens. Quelques secondes plus tard, on se lâche en sortant du bus. Le prof hoche la tête et quand on est tous regroupés devant le lycée et qu'on voit des parents au parking, le prof nous relâche. Enfin le week-end. Je salue tout le monde et je pars à pied chez moi. J'ai pourtant chercher si Kevin ou ma mère étaient sur le parking mais non. Personne. Je fourre rageusement mes mains dans mes poches et d'un pas rapide, je me rends chez moi. Je ne sais même pas pourquoi je suis énervé. Ils m'avaient prévenu qu'ils ne serait pas là mais merde ! Il fait froid dehors et je n'ai pas envie de marcher ! Je passe une main dans mes cheveux et continue mon chemin. Je passe devant le bar de la vie et dans la petite ruelle, trois mecs hurlent. Je m'en fous. Je les dévisage deux secondes puis repars. Cinq mètres plus loin, on me siffle comme un chien. Je me tourne lentement, les yeux noirs. J'arrive à saturation et chaque petite chose déplacée me fout en rogne. Et là, je suis en rogne. Et pour rien, c'est ce qui me fait peur. Un grand gars s'approche de moi, mains dans les poches. Les deux autres mecs le suivent. Putain, je suis tombé sur quoi encore ? J'ai fait quoi pour que le monde décide de se retourner contre moi ?

- Tu fais quoi là gamin ? demande le premier avec une voix grave et éraillée.
- Je marche, ça ne se voit pas ? je lui réponds avec ironie.
- Te fous pas de ma gueule, je l'entends grogner et il s'approche dangereusement de moi. Les petits cons dans ton genre me gonflent assez rapidement.

Je lui ricane simplement au nez en haussant les épaules. Qu'est ce que j'en ai à foutre ? Si les mecs dans mon genre l'emmerdent, pourquoi il vient chercher les embrouilles ? Je sens que des petites barrières craquent dans ma tête et ce n'est pas bon. Je vois ses yeux briller de rage et une animosité s'allume en moi. La colère englobe d'un coup mon corps et mon esprit. Je bous intérieurement, j'ai envie de tout foutre en l'air. J'ai besoin de la boxe. Mais je n'en ai plus l'accès. Les trois gars en face de moi continuent de s'approcher et je contracte les muscles de mes bras. Ils veulent se battre ? Pas de soucis. Celui qui m'a parlé tend son bras d'un geste fluide vers ma tête et je l'esquisse en lui renvoyant mon pied dans le ventre. Plié en deux, il recule en titubant, une main sur le ventre. Un de ses potes me saute alors au visage. Son poing rencontre violemment mon visage qui part sur la droite. Du sang coule dans ma bouche, le goût âcre glisse dans ma gorge et je m'empêche de cracher à la gueule de ce con. Je relève la tête au moment où le second m'envoie son genou dans le ventre. L'adrénaline dans mes veines s'intensifie et je me relève d'un seul mouvement alors que mon corps se tord de douleur. Ouais, j'ai mal mais je ne vais pas les laisser me frapper dans retour. Sans réfléchir, le premier gars se prend un direct, le second se mange mon coude dans le thorax et le troisième, mon pied dans les parties génitales. Le premier se tient le nez, qui pisse le sang et le troisième est au sol. Le second crache, écarte les jambes et lève les poings. Et d'un mouvement fluide, concentré, il envoie son poing gauche vers mon visage et je l'esquive de justesse.