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Partie 55

- Une semaine plus tard, lundi, 7h 30.

- Bon allez, on se bouge là !

Je croque dans une viennoiserie en regardant Kevin courir dans toute la maison et avaler son café en même temps. Il s'est levé à la bourre. Depuis dimanche dernier, il ne s'arrête plus. Il a déjà eu rendez-vous trois fois avec les flics en ma présence, il a été voir deux avocats, un juriste, le directeur du lycée et s'est fait rentrer dedans par les parents de Henry. Sauf que c'est Kevin et qu'il ne s'est pas démonté, il a toujours gardé la tête haute malgré les problèmes que je lui ai causé. J'aime mon beau-père.

Parce qu'après avoir salement amoché Henry, on savait tous qu'il allait vouloir riposter. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n'est pas lui qui a porté plainte mais ce sont ses parents. J'ai cru retourner là-bas pour leur crever les yeux. Ils n'ont rien remarquer pour Conrad ?! Non, rien de rien. Ce dernier a balancé qu'il s'était battu en cours. Ses parents l'ont cru. Super. Personne ne peut faire plonger Henry. Parce que les faits sont atténuants : je suis celui qui s'est planté.

Je grogne et passe une main dans mes cheveux. Puis, je grimace et la retire bien vite. Des égratignures colorent mes doigts, le dos de mes mains et je soupire. Il n'a pas eu le temps de me toucher mais au fond, j'ai quand-même bien mangé. 

- Pas tout de suite !, hurle ma mère en entrant dans la cuisine, lançant un regard noir à Kevin. Je dois parler à mon fils.

- Maman, je commence mais elle me coupe rapidement.

- Ferme là. C'est aujourd'hui que tu témoignes alors tu vas me faire le plaisir de te la boucler et de m'écouter. Je sais que tu vas assumer mais évites de jouer au petit con. Les flics vont te cramer et tu finiras peut-être en taule. C'est ça que tu veux ? Non ? Heureusement. Alors tu dis la vérité, tu balances l'histoire comme elle est et c'est tout. Pas de mensonges, pas d'influence. Tu dis et tu t'écrases. C'est clair ?

- Sérieux maman, je vais pas m'emmerder à être sage ! Ces enflures ne défendent même pas leur enfant de leur connard d'aîné ! Tu crois que je vais...

Un coup à l'arrière de ma tête m'empêche de continuer et je me tourne vivement, fusillant son propriétaire du regard. Quel con. Pourquoi on a décidé qu'il passe la semaine ici pour veiller sur moi déjà ?

- Ecoute la et arrête de te rebeller. Je pense que tu en as assez fait pour l'instant, d'accord ?

- Matt a raison, ajoute ma mère plus doucement et je roule des yeux, me détournant des deux complices. Tom, mon ange, je sais à quel point ça te tient à coeur mais là, tu joues peut-être ton avenir. 

- Je sais, c'est bon !, je crie finalement en balançant mon déjeuner dans l'évier. Vous m'emmerdez franchement là ! 

Sans un regard pour personne, je m'enfuis dans ma chambre, croisant le regard estomaqué de Matt. Je me mords la lèvre et claque la porte avant d'attraper mon sac et d'y fourrer des affaires en vrac. J'enfile un pull à Matt et passe ma main sur mes yeux. Je suis épuisé. Je n'ai quasiment pas dormir depuis dimanche dernier. Le visage sanglant de Henry, les blessures de Conrad et le souvenir brûlant d'Aismé se battant pour la première place niveau cauchemar. Téléphone en main, j'ouvre le message que j'ai reçu.

"Mon trésor, tu vas bien ? Matt m'a dit que..."

Message supprimé. Je rage. Jayce est bien mignon mais là, je ne supporte plus tout ça. Matt les prévient à la moindre crise que je fais et ça en devient étouffant. Ils sont tous sur mon dos, à vérifier que je ne vais pas tomber en dépression. Je les comprends mais j'ai aussi besoin de respirer. Surtout aujourd'hui. A seize heures, j'ai le droit à une interview avec la police. Merveilleux. Kevin a fait de son mieux pour ne pas que j'y sois mêlé mais nous savions tous que j'allais devoir faire une déposition. Mes doigts se serrent sur mon téléphone jusqu'à ce qu'il vibre. Un appel. De Bryan. Je soupire et décroche. J'ignore mon petit-ami mais répond à mon meilleur pote. Je secoue la tête. Faut que je renvoie un message à Jayce.