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Partie 14

- Lundi matin.

Quand je me réveille, je suis courbaturé de partout. Mon torse me brûle légèrement et un mal de tête m'empêche de me lever. Je grogne quand la porte de ma chambre s'ouvre à la volée, laissant entrer ma mère et Kevin, habillés et prêts à partir.

- On part au travail, je m'occupe du lycée, me salue Kevin et je lève simplement la main d'un geste de remerciement.
- Bonne journée mon ange, marmonne ma mère en embrassant mon front puis ils partent.

Je me retrouve seul dans ma chambre, à bailler. J'ai passé une nuit plus calme que d'habitude et je me sens assez reposé. J'attrape mon téléphone, le visage enfoncé dans mon coussin. Il est tout doux... Je tâtonne sur ma table de chevet et finis par lever la tête quand je ne le trouve pas. Je grogne une injure, il se trouve à deux centimètres de mes doigts. Je l'attrape, tape mon code et ouvre l'application pour écrire un message à ma meilleure amie.

"Je ne viens pas de toute la journée, demande à Alice de me prendre les cours stp. Je t'aime"

Quelques minutes plus tard, alors que je n'ai pas bougé d'un pouce, mon téléphone vibre dans ma main et je sursaute légèrement. J'étais à deux doigts de m'endormir.

"Je m'en doutais, repose toi. C'est fait, elle passera vite-fait avec Jayce. La bande te fait le bisou, je t'aime aussi"

Je souris vaguement. La seule chose que j'attends maintenant, c'est ce soir. Alice et Jayce doivent passer, ils vont rester manger, de force ou non. Je décide alors de me lever. Je récupère des vêtements propres et file sous la douche en vitesse. Je sors détendu, serein et calme. Surtout, pas fatigué. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien ! J'écarquille alors les yeux, me rendant compte que je n'ai pas pris mes médicaments hier soir. Il se passe quelque chose de bizarre en moi, et je n'aime pas ça à 100%.

Je descend déjeuner rapidement. Bol de céréales, lait chaud, jus d'orange. Je m'installe devant la télé avec mon attirail de médicaments dans les mains alors que mon petit déjeuner m'attend déjà sur la table basse. Je déverrouille mon téléphone en récupérant deux petits cachets contre la douleur et un message clignote. Je l'ouvre et soupire.

"On peut se voir aujourd'hui ? C'est important."

Ulysse. J'accepte et lui informé qu'il peut passer chez moi dans une trentaine de minutes, le temps que je me réveille. Il accepte et je termine de déjeuner en appréhendant notre entrevue.
Ulysse est le cousin éloigné de ma belle. Il a toujours été proche d'elle mais nous n'étions pas proche. On ne s'aimait pas au début, on se critiquait dans le dos d'Aismé. Sauf que le jour où elle nous a présenté son copain du moment, on s'est mis d'accord : on la protégerait de lui. Ulysse tentait tant bien de mal de lui ouvrir les yeux alors que j'agressais l'autre con. Mais rien n'y a fait. On l'a perdu. Le jour de sa mort, on était là pour se soutenir. Pendant un mois, il était le seul à être là et à me comprendre. Sauf qu'il a préféré s'éloigner et je me suis retrouvé seul. Je le comprenais et je n lui en voulais pas, c'était dur de supporter le manque. Mais maintenant qu'il est de retour, j'aimerai savoir ce qu'il veut. Peut-être qu'il a refait sa vie et qu'il veut prendre de mes nouvelles. Ça ne doit être que ça, il n'est pas vengeur.

Plusieurs minutes plus tard, à la fin de mon épisode, la sonnette retentit. Je me lève du canapé, range le bazar, souffle et me dirige vers la porte. Quand je l'ouvre, je fais face à un nouveau Ulysse. Il est à peine plus petit que moi, il a pris du muscles et son visage d'adulte me sourit. Il passe une main dans ses dreadlocks et je l'invite à entrer.

- Merci, il me dit en prenant place dans le canapé. Je ne reste pas longtemps.
- T'inquiète pas, tu déranges pas. Alors, comment tu vas ? je prends place à côté de lui, assis en tailleurs, face à son profil et il se tourne vers moi.
- Mieux. Elle me manque encore énormément mais j'arrive à avancer. Et toi ?
- Bien, je mens mais il fronce les sourcils.
- Ça ne sert à rien de me mentir, ça se voit sur ton visage que tu es mal, il lève les yeux au ciel et calé ses mains derrière sa tête. Tu n'arrives pas à te défaire de la douleur ?
- Je n'arrive pas à surmonter sa mort surtout, je soupire et baisse la tête. Elle me manque chaque jours. Je rêve d'elle toutes les nuits. Je ne m'en sors pas, c'est horrible.
- Tom, il souffle et je lève le visage vers lui. Elle t'aimait de tout son corps, tu étais son frère, sa moitié, son tout. Elle n'aimerait pas te voir aussi détruit. Il faut que tu remontes la pente.
- Comment tu as fait toi ? je lui demande en me frottant les yeux.
- Je n'ai rien fait, j'ai accepté son départ et je recommence à vivre. Mais c'est dur, je ne te le cache pas.
- J'ai peur de finir par l'oublier, j'avoue en le fixant droit dans les yeux et il ricane. Quoi ?
- Tu ne peux pas l'oublier, c'est ton ange gardien. Mais s'il te plait, promet moi que tu vas essayé de t'en sortir.
- Je ne peux pas te promettre ça. Dis moi plutôt pourquoi tu es revenu ? je change de sujet et il roule des yeux.
- Je voulais te revoir car je déménages pour de bon. Je voulais être sur que tu ne ferais pas de conneries, il me lance un regard de biais et je comprends le sous-entendu.
- Je ne serai pas sage. Il mérite de vivre un enfer, je crache en me rappelant le visage enfantin de l'homme qui a détruit la femme que je considérais comme ma soeur. Mais pas maintenant, j'attends d'aller mieux. Je veux aller mieux.