Partie 21

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- Mardi, onze heures passés.

Je rattrape de justesse Jayce qui est plié en deux. Il gémit de douleur et une rage sans pareille s'empare de moi. Ne jamais s'en prendre à mon entourage, jamais. Je m'accroupie et dépose Jayce contre les casiers, me retenant de tout casser. Je serre les dents en sentant l'adrénaline manger chaque cellule de mon corps. J'entends des pas détaler et je me tourne tellement rapidement que ma tête se met à tourner. Mais c'est le corps fuyant de Henry qui m'interpelle. Le salaud. Je regarde alors Jayce, qui souffle pour se reprendre.

- Ça va ? ma voix tressaute car je suis inquiet.
- Mais oui, il ne m'a pas fait très mal, il rigole doucement et je l'empêche de se relever. Ça va Tom, je peux marcher.

Ses yeux s'encrent dans les miens et la froideur que j'y vois me fait le lâcher. Je recule en me relevant alors qu'il grogne en se redressant à son tour. Mais je ne l'aide pas, oh non. Son regard m'a refroidi et ça me fait chier qu'il ait réagi comme ça. Je passe une main dans mes cheveux tout en reposant mon sac sur mes épaules. Jayce a le sien sur une épaule et il s'appuie contre le mur. Son regard me fixe, je le sens mais je n'ai pas envie de lui parler.

- Tom... souffle-t-il comme pour s'excuser mais je ne bouge pas d'un iota.

Il se décale du mur et sa main attrape la mienne. Naturellement, nos doigts se croisent et il me tire dehors. Je le suis sans rien dire, je veux juste m'écrouler dans mon lit. Une fois dehors, j'aperçois le père de Jayce un peu plus loin. Son fils aussi et sa main se retire rapidement de la mienne. Ah ? Je ne dis cependant rien et Jayce me fait un clin d'oeil avant de le rejoindre. Bon.

Je prends le chemin de chez mes parents, les mains dans les poches. La musique ne me divertie pas et j'ai juste envie de me tirer une balle. Je repense à tout ce qu'a dit Steven. Sur Jayce, sur Aismé, sur moi. Avoir dit des paroles aussi blessantes, ce n'est pas dans son habitude mais pourtant, je n'arrive pas à me dire qu'il n'y est pour rien. J'aimerai justement le buter. J'inspire un coup mais le froid mordant me fait frissonner et un nuage se forme dans j'expire. Je suis fatigué et dire que ce soir, je passe la soirée avec les deux australiens. Ça risque d'être mouvementé.

"Petit con ! Je te botte le cul demain, c'est promis !"

Je lis le message en allongeant le pas car ma maison n'est plus très loin. Le message d'Émilie m'arrache un sourire. Elle a dû avoir peur, très peur. Mon téléphone vibre deux fois car je reçois deux autres messages. Un de Bryan, l'autre d'Émilie, encore.

"Mec, vous êtes où ? Vous allez bien ?" Ça, c'est Bryan, toujours inquiet. Je lui réponds vite fait qu'on est rentré chez nous et que, pour ma part, ça ne va pas fort étant le plus amoché.

Puis Émilie : "Désolée... Tu m'expliques tout demain. Je t'aime"
"Oui t'inquiète pas, je t'aime aussi"

Je baille en ouvrant la porte, mon téléphone dans ma poche. Je balance mon sac dans le salon en enlevant mes chaussures. Mon torse me brûle et j'espère sincèrement que mes points n'ont pas sauté. D'un pas lent, je vais dans la salle de bain. Je retire mon t-shirt et mes yeux s'écarquillent à une vitesse affolante. Ils n'ont pas sauté mais il y a quand-même du sang. Je me retiens au lavabo, la main sur la bouche. Je n'arrive pas à me retenir et je me penche dans les toilettes, en train de vomir. La douleur éclate alors plus fort à différent endroit de mon corps et les larmes roulent sur mes joues. Je suis à genoux, appuyé au rebord du toilette tandis que je pleure. J'ai mal, je suis blessé et mentalement, c'est le néant. J'essaye de me reprendre mais les mots de Steven s'entrechoquent dans ma tête. Ils repassent comme une mélodie destructrice. Et c'est exactement ce qu'elle est car chaque parcelle de mon cerveau explose en même temps que mon coeur.

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