Epilogue

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- Trois mois plus tard, mercredi, 11h 45.

- Comme vous l'avez appris l'année dernière, la Seconde Guerre...

Je soupire et mon regard dérive vers la fenêtre. J'ai repris les cours, ma routine ennuyante, les allés et venus dans les couloirs, les révisions, les contrôles. J'ai repris une vie normale. Une vie sans course, sans problèmes, sans sentiments. Je suis redevenu le Tom avant qu'arrive Jayce.

Émilie enfonce son coude dans mon torse et je me tourne vers elle, levant un sourcil. Le prof continue de déblatérer son cours mais je n'écoute plus depuis un moment. Je n'en ai plus envie.

- Tu veux quoi ?, je grince et elle se raidit.

- Arrête de rêvasser et bosse, tente-t-elle mais je roule des yeux. Écoute Tom, je sais que...

- Tu ne sais rien Émilie alors fais pas chier !

Un silence s'étend dans la salle de cours. Matt est tourné vers moi, prêt à m'attraper à la moindre connerie. Oh oui, parce que depuis trois mois, je suis instable. Complètement à la ramasse. Comme quand Aismé est partie. Je revis presque la même chose. Je déglutis et détourne les yeux, fixant mon regard sur le paysage à travers la fenêtre. Émilie soupire, le prof reprend la parole et chacun retourne à son occupation.

Le soleil est présent, quelques nuages parcourent le ciel mais nous sommes au printemps. Merveilleux. Un beau temps, des sourires à la pelle sur le visage des passants et pourtant, je me sens vide. Perdu. Déboussolé. Je n'ai plus de repères, plus rien à quoi me raccrocher. J'inspire et passe une main dans mes cheveux. Derrière moi, Steven fait taper son stylo sur son cahier, signe qu'il s'emmerde. Je contracte involontairement les mâchoires.

Je n'ai finalement pas réussi à lui pardonner. J'ai essayé, j'ai voulu passer au dessus et retrouver mon pote. Mais non, c'était trop dur, ses mots m'avaient trop transpercés pour que je puisse ne serait-ce que lui sourire. Il n'est plus rien, juste un camarade de classe. Je l'ai blessé le jour où je lui ai dit que non, on ne pouvait pas rester ami. Les autres étaient surpris, sauf Matt. Il savait, il a toujours su. Mais personne ne l'a retenu, tout le monde avait compris que c'était trop pour moi. Et qu'au moindre faux pas, je dégagerai ceux que je jugerai mauvais. Je venais encore de souffrir, de perdre quelqu'un alors non, je ne donnerai plus de seconde chance.

C'est aussi pour ça qu'avec Émilie, ça ne va pas bien. J'ai toléré le fait qu'elle parle à mes parents, qu'elle leur dise que je n'allais pas bien. Mais qu'elle le fasse quand je le refusai m'a dégoûté. Je me sentais trahi. Je soupire. Elle me manque affreusement mais il me faut du temps pour pardonner. Surtout après toute cette histoire.

Quant à Sonia, elle a changé d'établissement. Trop de choses se sont succédées en trois mois et elle n'a rien supporter. Trop fragile, trop enfant. Elle n'a pas connu les mêmes horreurs que nous : elle est restée pur. Alors quand les événements se sont enchaînés à une vitesse surprenante, elle a pris la fuite, nous a laissé. Mais personne ne lui en veut. Elle va bien et se sent mieux là où elle est. C'est le plus important.

Les deux potes inséparables, quant à eux, passent tout leur temps avec moi. Ils restent souvent dormir à la maison sous le regard bienveillant de ma mère et de Kevin. Ces derniers m'accordent du répit, me laissent souffler et me permettent aussi de garder les pieds sur terre. Ils sont mes parents.

La fin de la journée sonne enfin et je fourre mes affaires en vrac dans mon sac. Faut que je sorte, que je me tire rapidement. Je n'ai pas le temps de rester, de dire au revoir à tout le monde. Il ne reste que deux heures et si je traîne, je n'aurai pas la possibilité de le revoir avant longtemps. Emilie m'appelle, je l'ignore. Matt hurle mon prénom, Bryan m'agrippe le bras mais je m'échappe. Pas ce soir, pas cette fois. J'ai besoin d'être seul, de m'enfuir, de le retrouver.

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