Angry

Partie 56

- Toujours lundi, 18h.

C'est le calme plat. Personne ne bronche, j'ai les yeux rivés vers mes mains, appuyées contre la table. Matt et Bryan m'encadrent, le temps que ma mère arrive. J'adorerai qu'elle ne vienne jamais. Mais c'est mort, elle est en chemin. Un coup d'oeil sur la droit me permet de constater que Matt est toujours fou de rare, et un autre sur la gauche que Bryan est dans le même état. Génial. Devant moi, légèrement en décalé, Henry est assis à côté d'un flic, Conrad de l'autre côté. Ce dernier gratte depuis dix minutes sur une feuille, mordillant quelques fois le bout du crayon. Le policier lui a demandé de faire une déposition. Quant à Steven, il est parti avec la jeune femme flic, clef USB en main. Soit disant toutes les preuves étaient dessus. Leur plan, cette clef représente leur plan. Ils ont passés la journée à récupérer des preuves, à préparer tout ceci pour enfoncer Henry. Bryan s'est démerdé pour y joindre Conrad, pour ne pas que celui-ci mange à nouveau la colère de l'autre bâtard. Dans le fond, ça me rassure pas mal, je n'aurai pas aimé apprendre plus tard qu'il s'était fait passé à tabac pour son frère. 

Je soupire discrètement et masse l'intérieur de mon poignet. J'ai besoin d'aller dehors, de prendre l'air. Deux heures que je suis cloîtré dans ce bâtiment et je commence vraiment à en avoir marre. Le chaos d'il y a une heure a mis un moment avant de s'éteindre, les flics n'ayant aucune chance face à la colère de toutes les personnes. C'est finalement Matt qui a tout sauté, hurlant que j'étais en train de faire une crise. De quoi ? Personne n'en a idée, j'étais simplement paniqué, je tremblais et pleurais. On m'a prit en charge, on m'a fait mangé une connerie et maintenant, j'ai le cul sur une chaise, en face de Conrad qui continue d'écrire.

Mon téléphone sonne soudainement et je sursaute. Bryan se tourne vers moi, un sourcil levé et je hausse les épaules, l'attrapant entre mes doigts. Un appel. D'Alice. Je décroche sous le regard noir du flic et appuie l'appareil contre mon oreille.

- Ouais ?, je marmonne, la voix cassée après toutes mes émotions.

- Dis-moi Tom, tu es où putain ?!

- Toujours au commissariat, avec Bryan et Matt.

- Quoi ? Mais c'est quoi cette histoire ?, s'insurge-t-elle puis elle soupire. Irrécupérables ce deux crétins. Leur plan a marché ?

- Tu étais au courant ?, je réponds en me redressant.

- Evidemment. Alors ?

- Ouais, pour l'instant ils récupèrent les dossiers sur la clef et Conrad met tout par écrit, je murmure alors qu'il lève les yeux vers moi, suspicieux.

- D'accord. Vous comptez sortir quand ?

- Il y a un soucis ?

- Réponds Tom, siffle-t-elle et je fronce les sourcils.

- Normalement, dans une heure et demi ou deux. Pourquoi ? Tu m'inquiètes là, je grogne et Matt me tourne vers lui, les mains sur mes épaules.

- Dès que tu es sorti, dépêche-toi de venir chez moi s'il te plait, elle marmonne et mes poings se serrent.

- Pourquoi Alice ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- On a un problème mais je pense que ça peut encore attendre un peu. Pas trop non plus.

- Jayce va bien ?, je m'empresse de demander en sachant très bien qu'il s'agit de lui.

- Je ne sais pas Tom, c'est ça le problème.

Mon cœur s'arrête une seconde. Elle ne sait pas ? Mais ça veut dire quoi ça ?! Sous mes yeux écarquillés, Matt me secoue en me demandant de quoi on parle. Le flic m'ordonne de raccrocher. Steven revient avec la poulette. Et Alice attend que je réponds. Mais je n'y arrive pas. Jayce. Qu'est-ce qu'il se passe ? Pas ça s'il vous plait. Pas lui. Jamais. Plus jamais. Il a déjà eu trop de soucis. Pas encore. Pourtant, j'ai la nette impression que c'est lié. Je déglutis.