Partie 35

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- Lundi midi.

Je gigote, les yeux fermés, dans mon lit. J'ai mal au dos, au torse et j'ai du mal à respirer. Cette dernière réalité me fait brusquement ouvrir les yeux. Sauf que je les ferme immédiatement après : la lumière m'éblouit et me brûle la rétine. Je panique un peu plus en réalisant que je n'entends rien. Rien du tout. Même pas le frottement de ma peau contre le tissu qui me recouvrent. Mes yeux s'ouvrent d'eux même et je tente de me redresser alors que je tremble. Mon mouvement me fait alors hurler de douleur. Je m'écroule sur le dos, larmes roulant sur mes joues alors que mes côtes écrasent mes poumons. Je sens quelqu'un poser ses mains sur mon torse, mon bras et lentement, la douleur disparaît. Je soupire vaguement alors que des doigts doux essuient mes joues. Je suis fatigué. Je tourne mon visage et mon cerveau s'endort, mon corps le suit. Je tombe finalement dans les bras du sommeil.

Je me réveille un peu plus tard, sans douleur. Je lève lentement mes mains, analysant la moindre parcelle de mon corps pour y trouver une quelconque douleur, et les passe sur mon visage, frotte mes yeux et tente de les ouvrir. La lumière est beaucoup plus faible. Je soupire de bien-être et je papillonne des yeux avant de tourner ma tête des deux côtés. La couleur blanche des murs me fait froncer les sourcils. Mon cœur accélère un peu plus en voyant que le mobilier a changé et je me met à trembler. Un bip strident résonne soudainement et je hurle.

- Arrêtez de bouger ! Calmez-vous jeune homme, tout va bien.

Je me tourne vers la voix d'homme qui me parle en injectant un produit dans la seringue implanté dans le creux de mon coude. Cette vision me donne la nausée et je détourne le visage. J'inspire un grand coup et ouvre la bouche. Sauf qu'aucun son ne sort. Ma gorge sèche me pique et je cligne des yeux en me retournant vers l'infirmier. Car tout s'assemble dans ma tête : mauvaise bagarre, mauvaise chute, sang, Matt qui panique, Bryan qui appelle les urgences, mes larmes, mon cri, mon réveil brutal et la douleur. J'ai donc fini à l'hôpital. Je soupire de joie quand une paille glisse entre mes lèvres et j'aspire vivement l'eau.

- Buvez lentement, sourit gentiment l'homme. Vous n'avez rien dans le ventre depuis près de douze heures.
- Quoi ? je m'entends dire d'une voix cassée puis je bois une nouvelle gorgée.
- Vous vous rappelez de ce qu'il s'est passé ? il lève un sourcil et je hoche la tête. Très bien. Vous êtes arrivé ici à treize heures dix environ, vous êtes ensuite passé au bloc opération entre quatorze et dix-sept heures je crois. Puis vous n'avez pas cessé de dormir jusqu'à votre brusque réveil il y a trente minutes. Là, je vous ai donné un calmant, vous vous êtes rendormi immédiatement. Et maintenant, vous êtes de nouveau éveillé, et en meilleur forme. Ce n'est pas tout, il pose mon verre sur la table de chevet à coté de mon portable et regarde son bippeur puis appuie sur un bouton. J'ai une urgence, j'appelle votre docteur en sortant d'ici. Des gens veulent vous voir, je les fais entrer ?

Je hoche simplement la tête et souffle un vague remerciement. Il sort et je me retrouve dans un silence de dix secondes. La porte s'ouvre à la volée sur ma mère, Kévin, Anthony, Nick et Émilie. La première vient me prendre dans ses bras en enchaînant une suite d'insultes et de marques d'affection qui me font sourire. Kevin l'écarte de moi quelques minutes après et il pose sa main sur mon épaule alors que son autre bras autour celles de ma mère. Anthony fait le tour par l'autre côté et il s'assoit à côté de moi, me bousculant pour que je lui fasse de la place. Nick se l'aise choir dans un fauteuil près d'Anthony alors qu'Émilie reste aux pieds du lit.

- On a eu peur, murmure Kevin alors que ma génitrice attrape ma main. Énormément.
- Pourquoi es-tu allé le voir ? Tu avais promis de ne rien faire... me gronde gentiment cette dernière et un coup d'oeil à Émilie me permet de savoir que c'est elle qui leur a dit, encore. Oh et puis, on s'en fiche, pour l'instant il faut seulement que tu te rétablisses.
- Oui, je murmure en grimaçant dû à la douleur dans ma gorge. J'ai faim aussi, je lève les yeux vers elle et les siens roulent d'exaspération.
- On va te chercher quelque chose à manger alors, ton docteur n'arrivera que dans dix minutes, on fait l'allée-retour rapidement, me souffle mon beau père en tirant ma mère.

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