Chapitre 3

43.9K 2.1K 603
                                    

La maison n’est pas très grande, je n’ai donc pas eu trop de mal à trouver la chambre. Elle est étroite et ne contient qu’un vieux lit, plutôt grand, mais loin d'avoir l'air aussi confortable que celui que j'ai laissé en Californie. Si j'avais pu l'emmener, j'aurais passé tout mon vol affalée dessus dans la soute à bagages. Je me souviens encore des jours où les draps s'enroulaient avec possessivité autour de mon corps pour m'empêcher de me lever. Enfin, ça c'est l'excuse que je trouvais pour faire des grasses matinées.

  Je touche la couverture en laine du bout des doigts puis lève mon regard vers la fenêtre juste au dessus de mon lit. Elle donne sur la maison d’en face, je me met alors à imaginer à quoi pourrait ressembler le bras droit de Caçador, en observant sa fenêtre. Je me demande si je serais capable de le reconnaître si je le voyais. Il doit être comme Juan, vieux, gonflé à bloc et carrément flippant, tout droit sorti d'un film de Steven Spielberg. Je lève les yeux vers le bout de ciel bleu au dessus sa maison et soupire. Il fait terriblement chaud et j'imagine déjà mes futures nuits collée au matelas, toute transpirante, la tête plaquée contre le ventilateur, rêvant de me téléporter en Antarctique.

  Je me dirige vers la salle de bain et me regarde dans le miroir accroché au dessus du petit lavabo fissuré. Je n'ai pas une mine de déterrée malgré les heures de vol et la chaleur étouffante. Je m'attendais à avoir la peau brillante, le front collant et des cernes noires, mais finalement je ressemble plus à quelqu'un qui vient de traverser un désert pendant 175 jours. C'est légèrement moins pire que de passer un vol en avion à côté d'un enfant qui pleure et d'un vieux qui ronfle. Je m'attache les cheveux en un chignon décoiffé et me change rapidement, pour m'adapter au temps caniculaire à l'extérieur. J'enfile un short en jean et un débardeur blanc qui contraste avec mes cheveux noir puis je retourne à la cuisine en sentant ma gorge s'assécher. Je pourrais boire n'importe quoi, même ma propre urine dans un cas extrême, comme Bear Grylls me l'a appris à travers ses épisodes de survie. Grâce à mes soirées passées devant ses talents de survivaliste, je saurais même éviscérer le corps d'un chameau mort pour m'y abriter. Mea culpa, il n'y a pas de chameaux au Brésil, cette compétence me sera donc inutile ici.

  Je fouille dans les placards à la recherche d'un verre et soupire quand je n'en trouve aucun. J'allume l'eau du robinet, y rassemble mes mains liées entre elles et récupère l'eau comme je le peux. Je me demande si elle est potable, mais j'ai bien trop soif pour m'attarder sur cette question. Je bois goulûment, comme si je n'avais plus bu depuis des semaines et que ma vie en dépendait, lorsque quelqu'un frappe à la porte. Je sursaute et le temps que je m'essuie la bouche du revers de la main, mon frère passe le pas de la porte, tout sourire.

-C'est bon, tu t’es habituée à ta nouvelle baraque ?

  Je n'ai pas le temps de répondre qu'il ouvre la porte en grand en me faisant signe de sortir.

-Viens avec moi, je vais te faire faire le tour.

  Il est revenu bien plus vite qu'il l'avait dit, et tant mieux parce que je commençais déjà à tourner en rond comme un lion en cage dans cette maison. Je jette un rapide coup d'oeil autour de moi, les maisons se ressemblent toutes, seules quelques unes se démarquent avec des aménagements de fortunes. Alessio remonte la rue et je le suis, le regard toujours braqué vers le haut, où les montagnes s'élèvent et où se dressent d'autres maisons à perte de vue, toutes plus colorées les unes que les autres. Je souris bêtement, heureuse d'enfin être ici et de voir de mes propres yeux tout ce que j'ai pu regarder sur internet pendant des années. Alessio tourne sa tête vers moi, m'arrachant de mes pensées.

-Tu as entendu ?

  Je secoue ma tête, désolée, et il sourit.

-J'ai dis que j'allais te présenter à quelques membres de l'Organisation. Ceux que tu vas voir ne représentent qu'une infime partie du gang.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant