Chapitre 4

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Quand mon frère revient me chercher, il a l'air plutôt contrarié. Je le suis dans la maison sans trop oser lui demander ce qui ne va pas, jusque dans la grande salle que je devine maintenant être une sorte de séjour où ils se réunissent tous. Sans m'en rendre compte, je me met à chercher le tatoué du regard et les coins de mes lèvres se soulèvent légèrement quand je le trouve assis sur la même chaise qu'avant. Son regard se plante momentanément dans le mien et il me dévisage sans la moindre discrétion. J'aurais aimé faire pareil, mais je suis incapable de détourner le regard du sien, comme si j'étais paralysée pendant que ses yeux se baladent avec attention sur chaque parcelle de mon corps. Je me sens étouffer au milieu de tous ces hommes armés, dégageant une quantité phénoménale de testostérone dans l'air. Mon frère fait un discours en portugais, je ne sais pas ce qu'il dit, mais le tatoué ne semble pas être intéressé plus que ça, et moi non plus d'ailleurs. Il ne regarde que moi.

Brusquement, Alessio pose sa main sur mon épaule et se rue à l'extérieur, encore plus énervé qu'avant. Nous descendons la ruelle et pendant un long moment, ni lui, ni moi n'engageons la conversation. Il a l'air perdu dans ses pensées et je n'ai pas envie de le contrarier encore plus qu'il ne l'est déjà en lui rappelant que je suis irrémédiablement affamée. Parce que oui, s'il y a bien une chose qui n'a pas changé ces dernières heures en dehors du profond ennui auquel j'ai dû être confrontée, c'est bien les grognements incessants de mon ventre. Parfois j'ai l'impression que mon estomac vit indépendamment de moi, il a faim quand j'ai pas envie de manger ou lorsque ce n'est pas le moment. Et là, c'est clairement pas le moment.

Au fur et à mesure qu'on se soit éloignés de la villa, son visage s'est adouci et il ne semble plus autant fâché que quelques minutes plus tôt.

-Pourquoi est-ce que tu me regarde comme ça ? Demande-t-il en souriant légèrement avant de me lancer un regard enjôleur.

Je détourne le regard, gênée d'avoir été prise sur le fait.

-Désolé, je ne savais pas si je pouvais te parler ou non, comme tu avais l'air énervé.

Il ricane et passe sa main par dessus mon épaule.

-Pardonne moi Sara, je ne voulais pas te mettre de côté pour ton premier jour ici, mais j'avais quelques affaires urgentes à régler. Mais maintenant je suis à toi.

Je souris et me sens légèrement rassurée de l'entendre me dire ça. On ne peux pas dire que ma première journée ici à été transcendante, mais ce n'est que ma première journée. La deuxième ne pourra être que meilleure.

-Tu es fatiguée ? Me demande-t-il en serrant sa main sur mon épaule.

Je lève le regard vers lui et hoche la tête.

-Ouais, j'ai pas beaucoup dormi hier soir, avec l'excitation, le décalage horaire et tout ces trucs auxquels je ne suis pas habituée.

Il sourit et me tire contre lui pour m'enlacer, m'arrachant un petit rire aiguë et incontrôlé, comme le cri d'une souris qui essaie d'échapper à un chat dans le couloir de la mort. Il me chatouille et je déteste ça. Je me hais pour continuer à réagir aux chatouilles comme si j'avais 6 ans, mais c'est plus fort que moi. Je le repousse et il ricane.

-Je suis content que tu sois là. Tu m'avais manqué.

Je le regarde quelques secondes dans les yeux et mon coeur s'affole d'entendre mon frère me dire ça. Il ne peut pas s'imaginer à quel point je suis contente de l'entendre le dire, toutes les fois où je l'ai haïs pour ne pas avoir été auprès de moi quand j'avais le plus besoin de lui. Je me pince les lèvres et détourne le regard vers le bout de l'allée bientôt atteint avant de soupirer.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant