Chapitre 37

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Après avoir enfilé le jean noir et le t-shirt blanc que j'ai trouvé dans l'armoire parmi les robes de soirées et les décolletés plongeants, je me suis assise au bureau et j'ai longuement fixé le téléphone qu'à laissé Alessio. Je ne sais pas ce qui me retient de me jeter dessus et d'appeler Jane. Peut-être que j'ai peur de craquer et de tout lui dire. Sans doute même que le téléphone est sur écoute et que par conséquent, Alessio ne manquerait rien à la conversation. Je soupire puis le prends en main avant de composer le numéro de ma soeur. Je suis étonnée de n'avoir oublié aucun chiffre. Mon coeur bat la chamade à la première sonnerie. Un stress et une excitation qui me retournent l'estomac. Je retiens ma respiration quand j'entends sa voix, comme si je ne m'y attendais pas.

-Allo ?

Ma poitrine se serre et je sens les larmes couler sur mes joues sans que je ne puissent les empêcher. Je me pince l'arrête du nez et souris bêtement en pleurant silencieusement.

-Allo ? Répète-t-elle d'un ton plus ferme.

Je souffle pour essayer de calmer ma voix tremblante.

-Jane, c'est moi. Je suis désolé de t'appeler si tard.

Un léger silence s'installe durant lequel des milliers de questions me passent par la tête jusqu'à ce que j'entende son souffle.

-J...Je suis tellement contente de t'entendre enfin après tout ce temps. Je pensais que je n'entendrais plus jamais le son de ta voix.

J'entends à sa voix qu'elle est au bord des larmes, si elle ne pleure pas déjà. Je renifle discrètement et souris en tordant le bas de mon t-shirt. Comment ne pas lui dire que j'ai cru moi aussi ne plus jamais entendre le son de sa voix ?

-Je suis tellement désolé, Jane. Si tu savais de tout ce dont j'ai pris conscience aujourd'hui, je m'en veux tellement de ne pas avoir été la soeur que tu méritais d'avoir. Je suis vraiment désolé.

Je dis ça comme si je voulais la convaincre que j'ai changée, pour m'assurer qu'elle ne m'en veuille plus. Je l'entends souffler du nez, signe qu'elle a rit.

-Calme toi Sara, je comprends pourquoi tu es partie, ne t'en fait pas. Je te couvais trop, tu avais besoin de te découvrir toi même et ton pays aussi. Je suis désolé.

Je pleure à nouveau. J'ai envie de lui crier que je crève d'envie de rentrer chez moi, en Californie, de lui sauter dans les bras et lui dire que je regrette tellement. Mais je ne peux pas. Je dois faire comme si tout allait parfaitement bien, comme si j'était la plus heureuse au monde en cet instant et c'est tellement difficile, putain. C'est tellement dur de faire semblant.

- Comment tu vas ? Demandai-je pour pouvoir entendre sa voix à nouveau.

Elle soupire.

-Il n'y a rien qui a changé ici, à part le fait que l'appartement soit vide depuis que tu es partie. Tout est...différent et pourtant rien n'a changé. Mais parle moi de toi ! Qu'est-ce que tu fais de tes journées ? Comment va Alessio, est-ce qu'il est avec toi ?

Sa voix pleine d'entrain me serre le coeur. J'espère qu'Alessio écoute cette conversation et qu'il regrette tout ce qu'il a fait. Je serre ma mâchoire et me prépare a sortir le plus grand mensonge de toute ma vie.

-Tout va parfaitement bien. En fait, rien ne pourrait aller mieux. J'ai rencontré des gens super, je passe du temps avec mon frère, je suis allé à la mer, j'ai tout visité. C'est merveilleux.

Ma gorge se noue de dire des choses dont je n'en pense pas un mot. Je m'en veux tellement de lui mentir. Finalement, c'est une des seules choses qui n'a pas changé chez moi, je continue à lui mentir comme j'en avais l'habitude.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant