Chapitre 70

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PDV ALEC 

Sara se renfonce dans le siège en cuir et tourne la tête vers la fenêtre où le paysage désertique disparaît pour laisser place aux grands bâtiments et aux palmiers. 

-Et maintenant on fais quoi ? Demande-t-elle en éteignant la radio, alors que la chanson qui passait ravissait mes tympans.

Je lui lance un regard noir et rallume la radio, mais en prenant soin de baisser le son pour ne pas l'irriter. 

-C'est ta question préféré ça, "maintenant on fais quoi" ? Dis-je en imitant sa voix, ce qui la fait doucement ricaner. 

Je me mordis la lèvre en la regardant du coin de l'oeil, et la seule chose qui me traverse l'esprit à l'heure où son éclat de rire emplis la voiture d'une douce mélodie, c'est bien le fait que jamais je ne me lasserais de l'entendre rire.

-Arrête de te foutre de moi ! Dit-elle en me donnant une tape sur le bras.

Je souris et instinctivement, je pose ma main sur sa cuisse. A l'instant même où ma paume entre en contact avec sa cuisse, sa respiration se bloque. Je n'entends plus que les basses de la radio dans les hauts-parleurs et le crissement des cailloux sous les pneus de la voiture. J'aime le fait qu'après tout ce temps passer avec elle, son corps agis toujours avec expressivité à chaque fois que je la frôle, comme si elle ne s'y habitueras jamais. Je soupire en faisant tapoter mes doigts contre sa peau comme sur un piano, avec tendresse et fermeté.

-Je connais un restaurant où on mange plutôt pas mal, ça te tente ? 

Au moment même où j'ai fini de poser ma question, son estomac lui rappelle qu'elle à le ventre vide depuis bien trop longtemps. Elle se touche le ventre, espérant sans doute qu'il cesse de grogner, et hoche la tête.

-Ouais, ça me tente carrément. Par contre, je déteste les cornichons, donc si tu pouvais m'éviter les restaurants spécialisés dans le cornichon ça m'arrangerait.

Je ris d'un ton moqueur, et la regarde du coin de l'oeil se tortiller sur son siège.

-Pourquoi tu n'aimes pas ça ? 

Elle hausse les épaules et grimace.

-Je sais pas, ça me répugne. C'est petit et vert, amer et croquant. C'est la combinaison de toutes ces choses qui me rebute. 

Je serre plus fortement la pression de ma main sur sa cuisse et la lâche subitement pour tourner le volant vers la gauche et quitter l'autoroute. Mais j'ai remarqué cette petite moue sur son visage qui a duré une seconde, au moment où j'ai retiré ma main de sa cuisse. Elle plisse légèrement les sourcils et croise ses bras contre son torse d'un air boudeur. Je souris parce que je ne peux m'en empêcher. La voir ainsi, s'inquiéter que je ne la touche plus, comme si on avait rien d'autre de plus important à penser me fait rire. Alors pour faire disparaître ce plis sur son front, je replace mes doigts exactement de la même manière qu'avant, faisant apparaître un petit rictus de plénitude sur ses lèvres. J'ai l'impression d'être à gamin à m'extasier devant chacun de ses sourires, comme si elle arrêtait le temps à chaque fois que ses lèvres s'étiraient. Je secoue ma tête et essaie de me sortir de la tête ces pensées qui me ramollissent l'esprit.

Je me gare sur un parking, en face de ce vieux bâtiments blancs où la peinture s'est effacée avec le temps.

-C'est juste là, dis-je en descendant de la voiture. 

Mes yeux se posent sur les néons du panneau indiquant le restaurant, ce qui m'étonne au vue de l'endroit où il se trouve. Un peu de modernité dans ce lieu qui a l'air désert doit être une aubaine. Quand nous entrons, l'endroit est vide et juste un fond sonore de la radio résonne entre les murs. Nous nous asseyons à la table au fond du restaurant, près de la vitre.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant