INCANDESCENCE

Chapitre 63

Alec ferme la porte à clé et sourit de façon insolente en se tournant vers Pedro. Moi je reste derrière lui, collée à la porte entre les deux armures à glace qui lui servent de gardes. Mon regard ne quitte pas Alec et je ne sais pas pourquoi je me met à sourire comme une idiote en le dévisageant. Le voir se pavaner fièrement dans cette pièce comme si rien ne pouvais le stopper m'emplie d'une drôle de sensation. Cet homme n'a peur de rien et il le démontre de plus en plus chaque jour. Puis, étonnement, moi non plus je n'ai plus peur. Il sait canaliser mes craintes sans même dire un mot. Ce monde est une calamité, mais je suis contente d'avoir Alec, et encore plus dans ces moments là. Il prend une grande inspiration en faisant les cents pas devant le bureau de Pedro.

-Qu'est-ce que vous faites là ? Demande Pedro, immobile derrière son bureau.

Alec plaque soudainement ses mains sur le marbre du bureau et se penche vers Pedro, qui écarquille les yeux. 

-Tu sais Pedro, je suis de ton coté. Tu fais ton business dans ton coin, tranquille, puis t'as deux mecs qui débarquent du Brésil pour venir te prendre ce que t'as construit. A ta place, je serais pas content, dit Alec avant de sourire pleinement. 

Pedro se redresse et lève sa tête, essayant sans doute de paraître plus impressionnant devant Alec mais ça ne sert à rien. Jamais il ne paraîtra plus fort que lui. 

-Une seule fusillade dans ton club et ça a suffit à ce que tu leurs donne tout ce que t'as. Tes clients, tes putes, ton blé, et même ton club. Tu n'as aucune fierté, aucun honneur.

-Pour qui tu te prends fils de pute ? dit Pedro en se levant d'un bond. Tu me parles d'honneur, mais tu ne sais même pas ce que c'est que l'honneur. 

Il crache toute sa haine, mais Alec ricane d'un rire effrayant tandis que Pedro fait un signe de tête à ses gardes. Je sais ce qu'il va se passer. Et je ne sais pas ce qui me prend, si c'est l'adrénaline qui me fait réagir ou si c'est la peur de perdre Alec, mais je sens cette montée de chaleur en moi qui prend le contrôle de mes mouvements. Je tourne ma tête vers celui qui se trouve à ma droite et avant qu'il ne sorte son arme, je lui donne un coup de pieds derrière le genou pour le déstabiliser et mon poing vient s'écraser contre sa joue la seconde d'après. Je pensais pas que ça me ferait aussi mal de frapper quelqu'un mais j'ignore la douleur qui me lance dans les doigts. Il gémit en tombant sur les genoux et pose sa main sur sa mâchoire, complètement éberlué. Le temps qu'il réagisse, je lui retire son arme des mains et braque son canon sur sa tête. Je me tourne vivement vers le second garde qui me regarde de ses grands yeux ouverts, lui aussi surpris de ce qu'il vient de se passer en à peine quelques secondes.

-Un seul geste et il est mort.

Le second garde hoche la tête en serrant les dents et retire sa main de son arme, sans me quitter des yeux.

-Donne la moi et met toi à genoux, dis-je en faisant un signe de tête vers son étui sur sa ceinture.

Il serre sa mâchoire et me fixe longuement sans réagir. Il pense que je bluff ? Je charge l'arme qui est toujours contre la tête de son collègue, sans le quitter du regard.

-J'hésiterais pas, alors fais ce que je te dis. 

 Il fronce les sourcils et semble se rétracter. Il capitule et sort son arme de sa ceinture et me la tend à contre coeur, avant de me fusiller du regard en se mettant à genoux. J'ai l'impression que c'est cette sensation de puissance qui me maintient sur le sol et non plus la gravité. J'aime sentir la froideur de l'arme contre ma paume brûlante, savoir que c'est moi qui décide des destins de ceux qui se retrouvent de l'autre coté du canon. Ils ont merdé en vendant la vie de ces femmes, terriblement merdé, et je n'hésiterais pas à les faire payer. Je prend une grande inspiration et lance un regard à Alec qui est aussi surpris que celui que je viens de mettre à terre. Il me sourit fièrement, ses mains liées derrière sa tête et se mordille légèrement la lèvre avant de se tourner vers Pedro.