Chapitre 49

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-On ne dit rien à Alessio pour Alec.

Je me tourne vers Taryn, qui claque la porte de la voiture, l'air furieux.

-Pourquoi ? Dis-je en fronçant les sourcils.

-On aurait dû le tuer et on ne l'a pas fait. S'il le sait, il va être en colère.

Il va de soi que je ne dirais rien à Alessio sur ce qu'il vient de se passer. Je n'ai même pas envie d'aller dans son bureau pour faire le compte-rendu, j'ai pas la force de m'asseoir derrière son bureau et de lui mentir. J'ai encore l'esprit occupé par la discussion que j'ai eu avec Alec dans le désert, et je n'arrive pas à penser à autre chose. Il n'y a rien à faire.

-Je te laisse y aller, je suis fatiguée.

Taryn fronce les sourcils en hochant la tête, peu convaincu de mon excuse mais je le remercie intérieurement de ne pas chercher à en savoir plus. Au lieu d'aller dans ma cellule, je tourne dans la petite allée habituellement inoccupée puis monte sur une poubelle pour escalader le toit. C'est le seul endroit où Taryn et moi pouvons discuter calmement sans être interrompu. Je soupire et m'assois au bord, les pieds dans le vide. Et à nouveau, je pense à Alec. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me pousse à réfléchir encore et encore à tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps. C'est comme si tout était remis en question, comme si je venais de me réveiller et que je me demandais si tout ce qui s'est passé est réel ou si ce n'était qu'un putain de rêve. Je soupire et me frotte les tempes, me torturant avec les mêmes questions qui se répètent en boucle dans mon crâne, comme si à chaque fois que j'y répondais, j'allais trouver une réponse différente.

Est-ce qu'il était vraiment là pour moi ? Pourquoi est-ce qu'il m'aurait laissé partir si c'était le cas ? Il aurait très bien pu me kidnapper une nouvelle fois, comme au début de notre rencontre. Cette idée me fait sourire et je ne devrais pas sourire à cet hypothétique scénario. Je m'en veux d'avoir pensé que ça aurait pu me plaire qu'il me kidnappe, bordel, qu'est-ce qui m'arrive ? Et puis subitement, comme frappée par la foudre, je comprends tout.

Après avoir réfléchi à ce que j'allais faire pendant de longues heures sur ce toit, l'esprit complètement échauffé, je redescends. Je me dirige jusqu'au réfectoire d'un pas décidé, enfermée dans ma propre haine, entendant les autres crier et se bousculer pour manger la bouffe en boîte de la veille. Je m'assois à la même table que d'habitude, celle qui est la plus éloignée des autres, attendant patiemment qu'Alessio daigne passer le pas de la porte. Je tourne ma fourchette dans mon assiette sans jamais rien porter à ma bouche, bien trop concentrée sur la porte du réfectoire, presque obnubilée. J'ai tellement la haine qu'il ait réussi de me détourner d'Alec, sans rien avoir eu besoin de faire quoi que ce soit pour ça. Il a suffit qu'il mette Taryn sur mon chemin et le tour était joué. Je ne suis même pas sûre que Taryn sache qu'il n'est qu'un pion parmi tant d'autres pour Alessio. Un pantin que mon frère use à sa guise. Je pose ma fourchette violemment sur la table quand je vois Alessio entrer. C'est maintenant que je dois agir. Je me lève doucement et marche sans attirer les regards jusqu'à la sortie. Je dois avoir une trentaine de minutes devant moi pour entrer dans son bureau avant qu'il ne revienne. Le soleil se couche, le ciel est orangé et mon coeur est désordonné. Seules mes pensées sont claires. Je pénètre dans son bureau et referme la porte derrière moi. Je reste dos à celle-ci quelques secondes, le coeur battant la chamade, faisant un tour rapide de la pièce d'un simple regard. Je ne sais même pas où commencer à chercher. Qu'est-ce que je cherche, déjà ? Pendant un instant j'hésite à ressortir en courant le plus vite possible mais le côté de moi qui veut en avoir le coeur net prend le dessus. Mon coté lâche est déjà tombé dans les pommes cinq fois depuis que j'ai passé le pas de la porte. Je me dirige vers le bureau et m'assois sur la chaise avant d'ouvrir les tiroirs un par un. Je fouille dans les dossiers à la recherche de la moindre information, même si je ne sais pas vraiment ce que je cherche.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant