Chapitre 9

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J'apprécie la vue, mais je suis persuadée que si je le regarde trop longtemps, je risque de devenir aveugle, alors je détourne les yeux.

-Est-ce que tu comptes prendre une douche, toi aussi ?

Alec lève son regard sur moi et sourit en secouant sa tête, comme si ce que je lui avais demandé était ridicule. J'espère qu'il ne voit pas en ma question une proposition de douche commune, ça serait gênant au plus haut point. Je lève les mains en l'air et me redresse.

-Très bien, monsieur le crado, comme vous voudrez.

Je me jette sur le canapé et me touche le ventre quand il grogne sévèrement. Je me tourne discrètement vers Alec pour voir s'il a entendu mon estomac crier "nourrissez-moi bordel de merde" mais il n'a pas l'air de faire attention à ma présence. Je n'ai rien mangé depuis hier matin et mon corps ne risque pas d'oublier ça aussi rapidement. Mon ventre est comme en crise d'adolescence, il me lâchera pas jusqu'à ce que je lui donne ce qu'il veut, c'est-à-dire tout ce qui peut-être ingéré et digéré.

-Tu n'aurais pas faim, par hasard ?

Je demande ça en lui lançant un regard en coin.

-On s'arrêtera en ville si tu as faim.

-Oh, je demandais simplement. Tu n'as rien mangé depuis un bon bout de temps alors...

Mais il m'arrête net en soupirant.

-J'entends ton ventre grogner depuis la cuisine, je te signal.

Je sens mes joues devenir rouge pivoine.

-Oh.

Il attrape les deux sacs et s'avance vers moi en fronçant les sourcils.

-On se casse. Tiens, tu sais comment on s'en sert non ?

Je fixe l'arme qu'il me tend, avant de remonter jusqu'à son visage. Ça sonnait pas vraiment comme une question, ce qui me fait grimacer. Il réprime un sourire, j'attrape l'arme et la flanque dans mon short, sous mon t-shirt. Un flash de moi entrain de pointer le canon de cette même arme sur le front d'Alec hier soir me revient en mémoire. Je ne m'étais jamais sentie aussi puissante, juste en tenant la crosse du calibre j'avais l'impression que le monde m'appartenait et qu'enfin Alec me voyait autrement. Autrement que comme l'Américaine du Nord gâtée qui ne comprend rien à la vie des favelas. Le métal froid au contact de ma peau provoque un frisson qui me fait légèrement sursauter, j'espère m'y habituer rapidement et je me surprends à penser ça. Alec prend ma valise et les armes puis sort du chalet. Lorsque je claque la portière de la voiture, je me tourne vers lui.

-Où est-ce qu'on va, maintenant ?

-Quelque part. Mets ta ceinture.

Je soupire.

-Tu ne veux toujours pas me le dire, c'est ça ?

-Ta ceinture, dit-il d'un ton autoritaire.

Je fronce les sourcils et il démarre en trombe. Pourquoi est-ce qu'il se soucis de ma sécurité ? Il roule si mal que ça ? Je m'attache et ouvre la fenêtre de la voiture pour essayer de pallier la chaleur à l'extérieur. Il est encore tôt mais il fait déjà extrêmement chaud. Le vent s'insinue dans l'habitacle et fait valser mes cheveux dans l'air, le soleil perce à travers la limbe des feuilles vertes et se reflète sur ma peau. En une seconde, toute ma colère se dissout. Je ferme les yeux et me concentre sur l'odeur que dégage toute cette végétation environnante, je prends une grande inspiration et soupire profondément.

-Qu'est-ce que vous avez toutes, les américaines, à soupirer comme ça à chaque bout de phrase ?

La si douce, calme, et merveilleuse voix d'Alec me sort de mes pensées. Je lui lance un regard noir.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant