INCANDESCENCE

Chapitre 84

Alec regarde sa main blessée en jurant puis sans me quitter du regard, il s'avance vers moi. Mon coeur bat de plus en plus vite à mesure qu'il s'approche mais au dernier moment, il me contourne et se baisse à coté du corps de mon frère. Ma poitrine chauffe considérablement. J'aurais aimé qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me dise que tout est fini et que tout ira bien. Il aurait pu me dire n'importe quoi, j'aurais bu ses paroles comme je le fais toujours, mais il n'en ai rien. Finalement, il se relève et se tourne vers moi et m'adresse un signe de tête, avant de descendre l'allée principale. Je me retourne vers Drogo qui hausse les épaules.

-Tu ferais mieux de le suivre.

Je soupire en en me frottant les yeux.

-Je crois que je suis pas prête pour la conversation qu'on s'apprête à avoir.

Il grimace en attrapant mon frère par son t-shirt avant de le soulever.

-Ça ne va pas se passer aussi mal que tu le penses.

Je roule du regard.

-"Pas aussi mal" peut-être, mais mal tout de même.

Je fronce les sourcils en le voyant traîner la dépouille de mon frère.

-Qu'est-ce que tu vas en faire ?

Il halète en grimaçant et relâche brusquement le corps contre le sol avant de s'essuyer le front. Il fait extrêmement chaud à cause des flammes qui jaillissent non loin de nous, mais un frisson froid parcourt mon corps comme si j'étais plongée dans un lac gelée quand mon regard s'arrête sur les paupières ouvertes d'Alessio.

-Je vais le jeter dans le feu et m'en débarrasser.

Il se tourne vers la Favela en feu et en cendres et renifle avec dédain.

-Tout ce que j'ai toujours connu et aimé part en fumée.

-Je..je suis désolé pour tout ça.

Il tourne sa tête vers moi et sourit en me reluquant.

-C'est pas de ta faute. C'est celle de cet enfoiré, dit-il en donnant un coup de pied dans l'épaule du cadavre de mon frère. Tu n'y es pour rien dans tout ce qui est arrivé depuis le début, tu n'as fais qu'encaisser tout ce qui a été dit et ce qui a été fait. Maintenant va voir Alec avant qu'il revienne et nous fracasse tout les deux.

Je roule du regard et lui adresse un signe de la main prétendant à un dernier au revoir avant qu'Alec ne tue le reste d'espoir qu'il me reste sur notre relation. Je prend une grande inspiration et descend l'allée le coeur serré. Je sens cette brise étouffante m'emporter vers Alec plus rapidement que je le voudrais. Je me demande si c'est un signe. Mais je n'ai aucune idée de ce que je vais lui dire, et j'ai terriblement peur ce que lui, pourrait me dire. Je m'arrête brusquement quand je le vois assis contre le capot de la voiture, tirer sur sa cigarette en regardant dans ma direction. Son regard est dur et sombre. 

Ma respiration est clairement plus difficile à calmer que je l'aurais cru et je ne m'attendais pas à ce que je perde tout mes moyens si facilement. Il me rend si vulnérable. Maintenant que tout est fini, maintenant qu'il n'y a plus personne contre qui nous battre, qu'est-ce que je vais devenir ? Je me souviens que dans le regard assassin d'Alec, il y avait de la haine, et aussi de la peur. Je sais que lui aussi s'est demandé ce qu'il allait devenir.

Je m'approche de lui, en me faisant la plus petite possible. Je déglutis difficilement en m'adossant contre la façade d'une maison qui n'a pas encore été atteinte, mais qui devrait l'être dans les heures qui suivent si le feu continue de se répandre à cette allure.

Je suis près de lui depuis plusieurs minutes et il n'a toujours rien dit. Mon coeur n'a pas arrêté de faire des soubresauts à chaque fois qu'il faisait le moindre geste et je me dis qu'il serait temps que l'un de nous deux prenne la parole.