Ma tête posée contre la vitre de la voiture, je tente d'effacer les souvenirs de ce qui vient de se passer. La bonne chose à faire, c'est d'agir comme si ça ne me touchait pas sinon je ne sortirais pas indemne de toute cette merde. J'ai un mal de crâne insoutenable, le bruit des balles qui sifflent près de mes oreilles résonne encore dans mes tympans. Je descends le pare soleil et me regarde dans le miroir. J'ai des éclaboussures de sang sur le visage. Je m'empresse de me frotter la peau jusqu'à ce que les tâches disparaissent, mon visage est irrité et me brûle à force d'insister aux mêmes endroits. Je soupire profondément et me tourne vers Alec, qui a les yeux rivés sur la route, l'air concentré. Un rayon de soleil transperce son iris et la rend claire comme du cristal.
-On retourne à l'hôtel ?
La détresse est perceptible dans ma voix mais Alec se contente de hocher la tête. Il passe sa main par la fenêtre, faisant valser ses doigts dans le vent.
-On prend nos affaires et on s'en va ?
Il hoche à nouveau la tête. Je ne suis pas aussi agacée par son silence que je le serais d'habitude, je crois que je n'ai pas envie d'être très bavarde non plus. Je m'avachis un peu plus sur mon siège mais la robe que je porte me comprime la poitrine et me met mal à l'aise. J'ai l'impression d'étouffer. Maintenant que la mission est finie, plus rien ne m'oblige à la porter. Je gigote dans tous les sens, ce qui semble agacer Alec.
-Pourquoi ne restes-tu pas tranquille juste une minute ?
Il serre un peu plus le volant dans ses mains.
-Je veux juste enlever cette fichue robe ! Dis-je en essayant d'ouvrir la fermeture sur le côté pour pouvoir mieux respirer.
-Tourne toi, je vais te l'enlever.
Il passe une main derrière mon dos, ce qui me surprend, et m'ouvre la fermeture en une seconde. Mon coeur bondit. Je regarde Alec les yeux grands écarquillés et je sens mes joues rougir.
-Qu'est-ce que tu as ? Demande-t-il en souriant.
Je hausse les épaules et détourne vivement le regard.
-Rien.
Je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel. Mon attitude m'exaspère. Alec secoue sa tête en riant et passe sa main dans ses cheveux noirs. Ce simple geste fait tomber une mèche bouclée sur sa tempe. Mon Dieu, pardonne moi pour toutes les mauvaises pensées qui viennent de me traverser l'esprit. Je l'observe attentivement et mon regard se dirige lentement vers le chiffre tatoué près de son oeil. C'est le chiffre 1. Il est si discret que l'on pourrait croire à un grain de beauté. Alec me regarde du coin de l'oeil et fronce les sourcils, lui donnant un air incroyablement sexy.
-Tu pourrais au moins essayer d'être discrète quand tu me dévisage, dit-il en serrant la mâchoire.
Je plisse le regard.
-Je n'essaie pas de l'être. Dis-moi, pourquoi le chiffre 1 ?
Il ne me répond pas et passe la vitesse supérieure. Mon souhait de discuter de sa vie personnelle s'effondre comme un château de sable. Son caractère taciturne me rend perplexe. Il y a des fois où j'aimerais mieux qu'il ne dise rien, et parfois je voudrais qu'il ne se taise jamais. Sa voix a le don de m'envouter et souvent de m'énerver mais maintenant je voudrais qu'il me raconte tout ce qui lui passe par la tête, que nous discutions de choses futiles qui pourraient me changer les idées. Parce que je pense trop, à lui, à cette histoire, à ce qui va nous arriver. J'ai mal partout, le manque de sommeil se fait ressentir mais pourtant je suis bien quand je suis près de lui alors je ne lui en veux pas s'il ne me parle pas. Le vent souffle dans ses cheveux, la vitesse me colle au siège et son regard perce l'horizon. Quelques secondes passent avant que je ne l'entende prendre une grande inspiration.

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INCANDESCENCE
RomansaOn s'est tous déjà demandé, si on devait changer quelque chose à notre vie, qu'est-ce que ce serait ? C'est la question que Sara, une jeune femme qui attire les problèmes, se pose tous les jours. Excédée par la vie qu'elle a en Californie où elle...