Je fourre mon dernier t-shirt dans ma valise et tente tant bien que mal de la fermer. Il ne doit pas être plus de quatre heures du matin, et mon départ pour Rio est dans 2 heures. J'ai passé au moins une heure devant mon armoire avant de décider ce que j'allais emporter ou non, et maintenant, je suis entrain d'essayer d'aplatir un maximum ma valise pour réussir à faire glisser la fermeture. Finalement, mes deux kilos en trop m'auront bien servi à quelque chose.
Je regarde ma chambre devenue quasiment vide et m'assois au bord du lit défait dans un long soupir. Ça fait tout drôle de me dire que je vais quitter définitivement cet endroit. Je pense à ma soeur et ma poitrine se serre douloureusement. Je ne peux pas la laisser comme ça, il faut que je lui dise de moi même que je suis partie rejoindre Alessio à Rio. Je n'ai aucune envie qu'elle découvre mon absence demain matin en voyant ma chambre vidée de mes affaires, plus de Sara, ni de musique beaucoup trop forte à sept heures du matin pour la réveiller. Alors j'écris sur un bout de papier à quel point je suis désolé de lui faire ça, que c'est mon choix et que je l'assumerais pour toujours, qu'on se reverra sans doute un jour, puis je finis par lui dire ce que je ne lui ai jamais dit en 20 ans d'existence, je t'aime. Je relis la lettre une bonne dizaine de fois et je ressens toujours le même pincement au coeur. Ce sentiment houleux d'abandonner celle qui m'a élevé. Je ferme les yeux et me concentre pour ne pas lâcher la larme qui menace de couler sur ma joue brûlante. Il faut que je parte maintenant si je veux être à l'heure à l'aéroport. Je sors de ma chambre sur la pointe des pieds, portant du bout des bras ma lourde valise et pose ma lettre sur la table de la cuisine. Je sors sans doute pour la dernière fois de cet appartement, un poids sur la poitrine qui ne s'ôtera jamais. Je prend une grande inspiration en jetant un dernier regard à l'intérieur avant de fermer définitivement la porte. Je remonte la ruelle jusqu'à atteindre la rue principale et prend d'assaut le premier taxi qui passe pour me conduire jusqu'à l'aéroport.
Je m'assois sur un des bancs libre de l'aéroport et regarde les gens passer devant moi, jetant un coup d'oeil de temps en temps à l'heure pour être sûre de ne pas rater pas mon vol. Mon pied frappe nerveusement contre le sol et ma voisine de gauche ne fais que de me dévisager. Je garde les yeux fixés sur la grande horloge au dessus du comptoir de l'accueil et quand l'annonce de mon vol résonne dans l'aéroport, je me lève subitement, un sourire idiot collé aux lèvres. J'entends mon coeur battre dans mes tempes tant il bat vite. J'ai peur et en même temps j'ai hâte de retrouver mon frère, de retrouver mon pays. Je ne l'ai vu que par facetime de temps en temps mais sa connexion était tellement merdique que je voyais parfois juste une image de lui pixelisé mais ça me suffisait, tant que j'entendais sa voix. Il a entretenu son accent portugais, moi en revanche, je ne l'ai jamais eu et je suis incapable de dire quoi que ce soit dans ma langue maternelle, je suis seulement en mesure de comprendre quelques mots. Nous avons quitté le Brésil quand je n'étais qu'une enfant, donc je n'ai que quelques souvenirs marquants, comme ma maison ou quelques uns de mes parents. Je me souviens des soirs où on riait tous ensemble pendant que ma mère chantait et que mon père jouait de la guitare. Jane, Alessio et moi qui courrons partout autour d'eux en dansant. C'est le seul souvenir que j'ai de mes parents. Je secoue ma tête pour chasser ce souvenir de ma tête et tire ma valise jusqu'à l'embarquement.
Les heures de vols ont été insupportables et interminables. Je crois que l'excitation et l'impatience y sont pour beaucoup. Mon voisin de vol n'a fait que de ronfler pendant le voyage, et lui boucher le nez n'a rien changé à part l'empêcher de respirer. Le principal c'est que je sois arrivée et l'euphorie me gagne rapidement, me faisant oublier les courbatures dues au vol. Je ne sais trop où regarder, je suis paralysée par la simple idée de savoir que je suis enfin à Rio. Je cherche immédiatement le point de rencontre où je suis censée retrouver Alessio. Je récupère ma valise et descend l'escalator. Je souris en voyant qu'il fait jour dehors et à quel point il fait déjà si chaud malgré la climatisation. Je trouve rapidement le poteau blanc près de la sortie où je dois attendre patiemment. Je passe chaque visage au crible, au cas où je croiserais le sien parmis ceux des passants. Je ne sais pas depuis combien de temps j'attends, peut-être longtemps ou seulement quelques minutes mais mon regard ne quitte pas la foule qui s'amasse à l'aéroport. J'ai perdu la notion du temps, ne souhaitant qu'une chose, sortir de ce putain d'endroit. Soudainement, je crois l'apercevoir au loin. Je le fixe longtemps, jusqu'à ce que je sois sûre de son identité. Le grand brun que j'observe depuis quelques secondes semble chercher quelqu'un, il s'avance vers un poteau banc, pas celui qu'on avait convenu, mais c'est lui, j'en suis maintenant persuadée. Je lâche ma valise et lui court droit dessus jusqu'à ce qu'un large sourire s'écarte sur son visage en me voyant arriver. Je lui saute au cou et le sert fort contre moi tandis que je me laisse submerger par des larmes de joie.
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INCANDESCENCE
Storie d'amoreOn s'est tous déjà demandé, si on devait changer quelque chose à notre vie, qu'est-ce que ce serait ? C'est la question que Sara, une jeune femme qui attire les problèmes, se pose tous les jours. Excédée par la vie qu'elle a en Californie où elle...