INCANDESCENCE

Chapitre 79

Je me tourne dans le lit et de ma main, je palpe légèrement à coté de moi, mais la place est vacante. J'entrouvre un oeil et remarque effectivement qu'Alec n'est plus dans le lit. Je me redresse et fronce les sourcils en voyant qu'il n'est pas non plus dans la pièce encore plongée dans la nuit. Une légère pression dans la poitrine me fait me lever immédiatement du lit. Je parcours la pièce du regard, comme si j'allais trouver un indice ou un mot de sa part, un je ne sais quoi qui pourrait me rassurer. Je soupire et enfile mon t-shirt qui est toujours soigneusement plié sur la commode puis mon jeans noir. Je sors de la chambre et remonte le couloir sur la pointe des pieds pour me concentrer sur les voix que j'entends au rez-de-chaussée. Je descend les escaliers et mes yeux trouvent rapidement Alec, appuyé contre le plan de travail dans la cuisine, une cigarette entre les lèvres. Je souris en l'observant attentivement. Il a les sourcils froncés, comme il le fait à chaque fois qu'il arbore un air sérieux. J'aime tout chez lui. De sa façon de tenir sa cigarette jusqu'aux petites rides aux coins de ses yeux quand il rit. Quand il rit vraiment. Il tourne sa tête vers moi, et son regard croise le mien. Mon coeur rate un battement et je me met à avancer vers eux. 

-Sara, tu as bien dormi ?

Je quitte Alec du regard et sourit à Guil en acquiesçant.

-Oui, j'ai bien dormi. J'ai juste été surprise de me réveiller seule au plein milieu de la nuit, mais ce n'est pas très important. 

Je sens le regard d'Alec sur moi, mais je ne quitte pas Guil des yeux.

-De quoi vous parliez ? Je vous dérange ?

Guil prend une grande inspiration et jette un regard vers Alec avant de se rabattre à nouveau sur moi.

-On a fini, j'allais quitter la résidence. 

-Vous partez à cette heure ci ? Dis-je en fronçant les sourcils et il hoche la tête en souriant.

-Oui, on a un business à faire tourner maintenant qu'on a du stock en plus. 

Je fais rapidement le lien avec la cocaïne d'Alec. Je grimace et détourne le regard.

-Oh.

-Je suis content de t'avoir rencontré, j'espère que ton voyage en Amérique se passera bien. 

Pendant un instant, ma respiration s'est coupée et je me suis imaginée dans l'avion, loin d'Alec. Il lui a dit que je partirais, c'est ça ? Hein ? C'est décidé, je partirais. Je prend une grande inspiration et fais mon possible pour ignorer la fêlure qu'il vient de créer sur mon coeur. Je souris malgré tout, malgré le fait qu'il vient de démolir au bulldozer le peu qui restait de l'espoir que j'entretenais.

-Je suis contente de t'avoir rencontrée aussi. Mais pour l'Amérique, rien n'est encore décidé. 

Cette fois-ci, je fixe Alec. Il serre la mâchoire et j'arque un sourcil. Guil toussote, sentant sans doute la tension émanant soudainement entre Alec et moi. Je fais mon possible pour retenir les larmes qui menacent de couler.

-Bon, je dois y aller, j'ai pas mal de route à faire. 

Il sourit puis se tourne vers Alec, posant fermement sa main sur son épaule. Alec grimace mais ne dit rien.

-Et Alec, ma proposition pour El dia de los Muertos, tient toujours. Ça ferait plaisir à mon père de te revoir, j'en suis sûr. 

Il lui donne une accolade et m'adresse un clin d'oeil avant de sortir de la cuisine. Le léger pincement au coeur que je ressens lorsqu'il disparaît de la cuisine est rapidement remplacé par un sentiment de colère à l'égard d'Alec. Je me tourne vivement vers lui et le regarde, même si lui, me regardait déjà, comme s'il s'attendais à ce que je lui hurle dessus.