Chapitre 10

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Je passe mes mains sur les brûlures de mes avants bras et grimace. Alec me regarde de temps en temps de façon subtile et j'espère qu'il se sent coupable de m'avoir fait mal. Quand je repense à ce qu'il m'a dit, j'en ai la nausée. Je n'arrive pas à m'ôter de la tête l'image de mon frère et son sourire hypocrite. Merde, si je pouvais revenir en arrière, je lui ferais bouffer les roues de l'avion qui m'a amené jusqu'ici. Quel connard, sans déconner. Je ne fais que penser à la façon dont il m'a presque fait haïr Jane pour que je vienne le rejoindre et honnêtement, jouer le grand frère protecteur lui va très bien et je me déteste par-dessus tout pour n'avoir rien vu à ses mensonges et complots. Ni dans ses paroles, ni dans son comportement, il a été irréprochable tout du long. Et ce qui me frappe à ce moment là, c'est qu'Alec m'a sauvé. Il m'a sauvé alors qu'il ne me connaissait même pas. Il a changé ma vie, c'est le cas de le dire. Je ne peux m'empêcher de me demander s'il y avait une raison de le faire, peut-être que c'était seulement instinctif.  Les larmes coulent sur mes joues sans que je m'en rende compte, mais Alec l'a remarqué puisqu'il a soupiré après m'avoir regardé.

-On arrive bientôt ? J'en peux plus d'être enfermée dans cette bagnole depuis des heures.

  Alec arque un sourcil et me regarde du coin de l'oeil.

-Quel parfait timing Sara, on est arrivé dans quelques secondes.

  Je regarde autour de moi et remarque que nous roulons au pas dans une allée menant à une grande villa blanche. Je fixe Alec et le questionne du regard, mais comme à son habitude il ne dit rien et descend de la voiture après avoir claqué la portière. Je prend une grande inspiration, sentant une charge émotionnelle se poser sur ma poitrine, et palpe l'arme qui dépasse de mon short. Je ne me sens pas totalement à l'aise avec ce métal froid contre ma peau, mais quelque part, ça me rassure. Je n'ai aucune idée de si je peux faire confiance à Alec, mais s'il m'a donné cette arme c'est qu'il me fait confiance et étonnamment, cette idée me fait sourire.

  Je sors de la voiture et rejoins Alec devant la villa. J'attends contre un muret qu'il finisse sa cigarette. J'aime regarder la manière dont la fumée s'exhale de sa bouche avec délicatesse, comme s'il voulait savourer encore une fois le goût du tabac contre sa langue. Il tourne sa tête vers moi et en voyant que je l'observe, mes joues rougissent de gêne. Il tire une dernière fois sur sa clope et me tend la fin. J'esquisse un léger sourire et la lui prend des mains pour la terminer jusqu'au filtre. Une inspiration, et je me sens mieux. Une expiration, et j'en demande encore. Je jette à contre-cœur le mégot à mes pieds et l'écrase sous ma chaussure.  Je regarde quelques secondes la villa et la nervosité commence à me gagner alors que je me mets à imaginer toutes les manières possibles dont cette journée pourrait finir. Et aucune ne finit bien.

  Quand nous arrivons en haut des escaliers, un gros moustachu en chemise fleurie et au cigare en bouche nous ouvre l'immense porte de la villa. Alec et lui échangent quelques mots en portugais puis l'homme me regarde de haut en bas avec insistance. Je ne me sens pas vraiment à l'aise sous son regard vicieux, bordel il me répugne. Si les porcs devaient ressembler à un homme, ils auraient sans doute le même physique ingrat que lui. J'attrape le bras d'Alec et me cache derrière lui, mais celui-ci me lance un regard en coin avant de froncer les sourcils, comprenant ma détresse, puis il se tourne vers l'homme. Il lui attrape brutalement le col de sa chemise avec force et plante son regard dans le sien. Je recule d'un pas sous la surprise de son geste.

- Para de olhar esta minina ô eu te matou, dit Alec d'un ton menaçant.

  L'homme regarde longuement Alec dans les yeux avant de hocher une fois la tête. Alec m'agrippe alors le bras et me tire dans les escaliers en marbre qui mènent à l'étage. Il semble parfaitement connaître l'endroit et je ne peux m'empêcher de me poser des questions, de plus est que cet endroit est loin des favelas. Il toque fortement contre une porte en bois et ouvre quand une voix austère résonne de l'autre côté.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant