Chapitre 30

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Quand je lève les yeux de contre son torse, Alec ronfle légèrement, les lèvres entrouvertes. C'est la première fois que je le vois dormir. Et j'espère que ce ne sera pas la dernière. Je souris en repensant à ce qu'on a fait. A ce que j'ai fais pour la première fois. Mais mon euphorie et mon sourire s'effacent rapidement quand je vois son téléphone posé au pied du lit. La vidéo tourne en boucle dans mon crâne et instantanément, la douleur revient. Encore plus fort, encore plus profond. Je me pince les lèvres et détourne vivement le regard du combiné pour scruter le ciel rosé du lever du soleil. J'essaie de penser à autre chose qui me ferait un million de fois plus mal que ça, mais je ne trouve pas. J'ai l'impression qu'il ne reste plus rien de moi. Je sens la douleur planter ses griffes dans ma chaire et j'ai mal. Un peu plus qu'hier et certainement moins que demain. Je jette un regard vers le corps étendu d'Alec et sursaute en voyant qu'il m'observait. J'esquisse un léger sourire, faux, mais semblable à un geste pour rassurer.

-Bonjour, dis-je en le regardant dans les yeux.

Il se redresse sur les coudes, l'air inquiet.

-Bonjour. Comment tu te sens ?

Sa voix est éraillée. Comme toute réponse, je me contente de hausser les épaules avant de détourner le regard. J'ai les jambes encore un peu endolorie à cause de hier soir, c'est pourquoi je ne me suis pas encore levée. Il ne dit rien et se frotte les yeux en se laissant retomber sur le lit. Je suis reconnaissante qu'il n'insiste pas. Je n'ai pas franchement envie de discuter.

Un pincement au coeur me fait grimacer. Je retiens mon souffle. Je me lève d'un bond et me dirige jusqu'à la salle de bain, ignorant le fait que je sois nue. Je referme la porte derrière moi et m'appuie contre celle-ci en fixant le vide quelques instant avant d'avancer jusqu'au robinet. Je jette un filet d'eau froide sur mon visage en espérant secrètement qu'elle me lave de toutes mes pensées les plus noires, qu'elle me fasse tout oublier, mais rien y fait. L'image de ma soeur ne quitte pas mon cerveau endeuillé. Je soupire et reste quelques secondes au dessus du lavabo quand j'entends la porte s'ouvrir. Je serre la mâchoire.

-Tu pourrais toquer, dis-je sans prendre la peine de lever les yeux vers Alec.

Sans réponse de sa part, je tourne la tête vers lui. Il fronce les sourcils et me reluque en s'attardant sur mes poings serrés puis il me regarde dans les yeux.

-On va bientôt s'en aller. Tu ferais mieux de t'habiller.

-Laisse moi cinq minutes.

Je fixe le fond du lavabo. Je l'entend soupirer puis refermer la porte. Je remarque que des larmes silencieuses coulent entre les éclats et les fissures de la porcelaine. Je veux que cette douleur disparaisse, putain. Je prends une grande inspiration et jette ma tête en arrière en soupirant. Je tente de calmer ma respiration et de penser à autre chose. Alors je pense au fait qu'Alessio sera bientôt mort, étendu en face de moi. Je ferme les yeux un instant et me concentre. Je prends une douche, la plus froide possible, et retourne dans la chambre. Je fouille dans ma valise et m'habille rapidement. Je fuis le regard d'Alec tandis que je range l'arme qu'il m'a confiée dans mon pantalon.

-Tu es prête ? Demande-t-il en fermant son sac.

Le bruit de la fermeture éclair me hérisse les poils. Il pose la question sans vraiment attendre de réponse de ma part. Il attrape ses clés et ouvre la porte de la chambre. Un long et désagréable frisson me parcours le corps quand le courant d'air du couloir me frappe au visage. Je ne réagis pas. Nous descendons un étage et longeons le couloir jusqu'à la chambre de Dom. La porte s'ouvre sur Leila. Je ne réagis pas non plus. La partie sarcastique de moi voudrait la taquiner sur le fait qu'elle se trouve dans la chambre de Dom, mais je ne le fais pas.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant