INCANDESCENCE

Chapitre 6

Je reste quelques secondes à l'observer depuis le couloir puis m'avance et m'appuie silencieusement contre le mur à l'entrée. Je me demande ce qu'il peut bien vouloir me dire. Est-ce qu'il va m'avouer son incroyable coup de foudre dès que j'ai passé le pas de la porte ? Il y a peu de chances. Peut-être qu'il n'a rien à dire et qu'il est juste en charge de me surveiller. Je suis sûre que c'est ce dont il s'agit, surtout après sa petite conversation avec mon frère. Et vu l'air ennuyé et agacé qu'il a arboré dans la cuisine, ça ne m'étonnerais pas que ça soit ça. Je toussote pour lui annoncer ma présence, et de façon la plus nonchalante possible, il se lève et me reluque. Je me redresse et lui adresse un signe de tête.

-Qu'est-ce que tu veux ? 

J'essaie d'être aussi grossière que lui, mais je vois bien qu'à son expression, ça n'a pas l'air de beaucoup marcher. Vu le sourire naissant au creux de ses lèvres, je dirais même que ça l'amuse. 

-Tu es de plus en plus agressive avec moi, Sara. Je suis pas sûr que ça soit la bonne attitude à adopter. 

Il dit ça d'un air moqueur, mais ça ne me fait en aucun cas rire. 

-Je parle de la façon dont je veux. Je te ferais dire que tu n'as vraiment été très gentil depuis notre rencontre, alors il n'y a aucune raison que je le sois. 

Je le mitraille du regard en descendant les escaliers et me met à marcher en direction de chez moi. 

-Tu vas où ? Dit-il d'un ton ferme et menaçant.

Je souris et continue d'avancer, faisant abstraction de sa voix nerveuse résonnant derrière moi. Soudainement, je sens une main m'attraper vivement le poignet et je me retrouve devant lui en une fraction de seconde. 

-Je t'ai posé une putain de question.

Sa voix n'a plus rien de ce qu'elle était il y a à peine quelques secondes.  Il est vraiment lunatique et imprévisible. Je tire vivement sur mon poignet pour qu'il le lâche et je le masse pour essayer d'atténuer la douleur.

-Tu n'es pas obligé d'être aussi brute bordel, c'est quoi ton problème ?

-Je t'accompagne, dit-il sèchement.

Je fronce les sourcils et ricane.

-Je vais au toilette, ça m'étonnerais que tu m'accompagnes.

Je tourne les talons.

-Tu ne peux pas rester seule.

Je roule du regard et soupire.

-Tu t'inquiètes pour moi ? Tu ne devrais pas, vraiment, j'insiste, dis-je d'un ton sarcastique.

Je l'entends soupirer derrière moi mais je continue de marcher, toujours suivie par Alec. J'ai l'impression qu'avec lui je n'arriverais jamais à ce que je veux, ni même à avoir une simple conversation, tout ça me paraît impossible. Il a l'air toujours en colère, ou du moins, c'est ce qu'il veut faire croire. 

 Arrivée devant ma maison, je lui lance un regard en coin et entre chez moi avant de refermer la porte derrière moi, pour lui faire comprendre qu'il doit garder ses distances. Mais pas trop quand même. Je ne l'apprécie pas, mais il est une des seules belles choses à regarder dans  cet endroit. Je reste quelques secondes contre la porte et soupire de soulagement. Je n'ai pas envie d'aller au toilette, je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça. En plus il doit me prendre une pour fille étrange après que je l'ai observé par la fenêtre hier soir alors que j'étais à moitié nue. 

 Je me dirige jusqu'à la petite salle de bain attenante à ma chambre. Je me regarde dans le miroir et attache mes cheveux en une longue queue de cheval. Il fait trop chaud pour avoir les cheveux détachés et je n'ai pas envie qu'ils me collent sur le front ou la nuque. Je reste quelques seconde à me regarder à travers le miroir et je ne peux m'empêcher de repenser à ce que m'a dit Alessio hier soir. Il est vrai que lorsque j'ai les cheveux tirés en arrière, je ressemble à ma soeur. J'aimerais bien lui dire que je suis arrivée et que je vais bien, mais je n'ai pas de moyens de la joindre et je ne sais pas si ça serait une bonne idée. J'ai oublié mon téléphone dans l'avion, et elle me dirait sans doute de rentrer, et ne ferait qu'encore plus s'inquiéter. Je secoue ma tête pour me changer les idées.