Chapitre 18

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Un froid glacial s'est construit entre Alec et moi depuis que nous avons quitté la cabane sur la plage. Je ne sais pas où on va et je ne veux pas le savoir. De toute façon il ne me le dirait pas, mais je soupçonne que nous reprenons la route vers Rio comme il l'avait prévu. Je me redresse sur mon siège quand je vois que nous entrons dans une ville dont je peine à lire le nom sur le panneau rouillé à l'entrée de celle-ci. Au bout de quelques mètres, Alec se gare sur le côté de la route et ouvre la boîte à gant pour sortir une arme qu'il charge, toujours sans m'adresser un mot, avant de m'abandonner dans la voiture. Je fronce les sourcils et le suit du regard jusqu'à ce qu'il entre dans un vieil immeuble. J'essaie d'agir comme si ça ne m'intéressait pas de savoir ce qu'Alec peut bien faire dans cet endroit, avec une arme chargée dans les mains, mais je n'y arrive pas. Je me languis et essaye de résister tant bien que mal à l'envie de le suivre à l'intérieur du bâtiment. Je m'avachis sur le siège de la voiture et gémis lorsque mon dos entre en contact avec le cuir brûlant. J'ai l'impression d'être dans un foutu sauna et je n'en peux plus de l'attendre. Mon regard a croisé l'heure sur le tableau de bord au moins vingt fois et le temps ne semble pas vouloir avancer plus vite. Je regarde autour de moi, les rues sont désertes et la ville n'a pas l'air très habitée. Je n'ai vu que trois personnes pendant les quinze minutes où j'attends toute seule dans cette putain de voiture. Si je sortais, Alec serait certainement en colère, mais je crois être arrivée à un stage où j'en ai plus rien à faire.

Ma curiosité me force à prendre la deuxième arme dans la boîte à gant et à sortir de la voiture. La patience et moi, ça fait deux. J'entre doucement dans ce qui semble être finalement un hôtel, qui ne paye pas de mine vu de l'extérieur, mais qui a l'air bien luxueux une fois passé la porte d'entrée. La réception est déserte et une odeur de chanvre empli le hall. Pendant que je fais le tour de la réception, je suis surprise par la voix d'Alec qui résonne dans la pièce juste en face de moi, derrière les deux grandes portes en bois. Je m'en approche lentement sur la pointe des pieds et sursaute quand j'entends une détonation suivi d'un cris étouffé. J'écarquille les yeux, je commence à paniquer. Pourvu que ça ne soit pas Alec qui se soit fait tirer dessus. Je charge mon arme et après avoir hésité quelques secondes, j'ouvre la porte pour y jeter un coup d'oeil. J'expire tout l'air que j'avais bloqué dans mes poumons quand je vois Alec face à un homme ligoté sur une chaise, un bout de chiffon enfoncé dans la bouche pour couvrir ses hurlements de douleurs. Alec se tourne vivement vers moi et braque son arme en ma direction. Ma respiration se coupe quand je croise son regard foudroyant. Pourtant je suis sûre de n'avoir fait aucun bruits. Il doit être à l'affût en permanence. Il me fixe quelques secondes puis rapporte son attention sur l'homme salement amoché devant lui. Alec pose fermement ses mains sur chaque accoudoir, rapprochant alors son visage de celui de l'homme. Il lui parle en portugais, mais je sais que ce qu'il lui dit ne sont que des mots violents. Soudainement, Alec décoche un coup de crosse dans sa mâchoire d'une telle force, qu'il se renverse de sa chaise et s'écrase contre le sol dans un long gémissement. Je pose ma main sur ma bouche et recule d'un pas.

-Filho de puta, dit Alec entre les dents.

Ca, j'ai compris ce que ça voulait dire. Il s'accroupit à coté de l'homme qui jonche au sol et lui chuchote quelque chose à l'oreille, avant de lui tirer une balle dans le crâne sans cligner des yeux. Je détourne le regard, complètement dégoûtée par cette énième vision d'horreur.

-C'était nécessaire ? Dis-je à voix basse.

Il tourne sa tête vers moi et m'adresse à peine un regard.

-Pas de témoins, se contente-t-il de dire.

-Qui était-il ?

Il se redresse et attrape son habituel morceau de chiffon avant de commencer à nettoyer son arme.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant