Chapitre 44

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 Je reviens dans le salon avec un plateau contenant cinq verres de whisky, que je pose brusquement sur la table basse avant de m'asseoir entre Kaï et Juan. Sur le canapé en face de moi sont assis Dom et Alessio, un cigare entre le majeur et l'index, la fumée ressortant simultanément entre la bouche et le nez, qui envahit la pièce. L'ambiance est lourde, la musique en fond est un vieux morceau des années 60 qui tourne en boucle. Je serre fort ma robe dans mes poings. Plus je regarde mon frère, plus mes idées s'assombrissent. Je pourrais résoudre mon problème en une fraction de seconde. Je pourrais m'absenter, prendre une arme à Kaï et le tuer, là, sur le canapé. Mais mes mains ne bougent pas, je reste immobile, je ferme les yeux. Le canapé est blanc, et le sang ne partira sans doute pas. Ma frustration emporte avec elle un dernier soupir lorsque Kaï pose sa main sur la mienne. Je rouvre subitement les yeux et croise immédiatement le regard d'Alessio qui se pose sur ma main, soutenue par celle de Kaï. Il perd légèrement de son sourire tandis qu'il boit le fond de whisky. Il soupire en faisant tourner son doigt sur le pourtour du verre.

-Bon, assez rigolé, dit-il en posant brutalement le verre sur le plateau, créant une légère fissure sur le bord du verre.

Je prends une grande inspiration et le fixe dans les yeux.

-Qu'as-tu pensé de la soirée, Sara ?

-Le champagne était bon.

Il me décoche un sourire narquois.

-J'ai cru deviner, oui. Et à part ça ?

-Pourquoi accordes-tu de l'importance à ce que j'ai pensé d'une soirée où tu m'as forcée à me rendre ?

L'emprise de Kaï sur ma main se resserre, mais je n'arrive pas à me calmer. Ça me rend dingue cette façon qu'il a de me regarder, comme s'il essayait de me déstabiliser ou de déceler quelque chose dans mon regard. Tout ce qu'il peut arriver à y voir, c'est de la haine. C'est littéralement tout ce qu'il m'inspire à ce moment là, de la haine et une envie de meurtre.

-Ce que tu penses est important pour moi, Sara. Alors je t'en prie, dis moi à quoi tu penses.

Il en a vraiment envie ? Que je balance là, maintenant, tout ce que je pense réellement de lui ? Non, mauvaise idée Alessio. Je prends une grande inspiration et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit pour faire taire mon frère, Kaï prend la parole :

-Elle a trop bu et elle est fatiguée. Elle devrait aller se reposer, il est presque quatre heure du matin.

Alessio passe son regard de Kaï à moi, puis acquiesce en se pinçant les lèvres.

-C'est vrai, tu as raison. Je n'avais pas vu le temps passer.

Je m'efforce de sourire et me lève du canapé en passant mes mains sur les coins froissés de ma longue robe, à force de l'avoir empoignée dans mes poings. Je me tourne vers Kaï, il me sourit.

-C'est vrai que je suis exténuée et mes pieds sont dans un sale état. Les talons, c'est pas ma tasse de thé, il faut l'avouer.

Alessio m'observe intensément puis il esquisse un sourire polie. Son index frotte son menton et il me dispense d'un signe de la main.

-Très bien, alors bonne soirée, dis-je avant de monter les escaliers jusqu'à l'étage.

Du haut des marches, je jette un coup d'oeil au salon et remarque que Juan me fixe du regard. Il me lance un regard sombre comme le plus noir de mes cauchemars. J'ai l'impression qu'il veut que j'ai peur de lui, et qu'il se rassure, c'est réussi. Soudainement, mes neurones se connectent et je me met à accélérer, comme si le temps me manquait. Je ferme ma porte à clé et retire rapidement ma robe avant de choper le téléphone caché dans mon soutien-gorge et de courir jusqu'à ma salle de bain, que je verrouille derrière moi.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant