Chapitre 33

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 Un grincement de porte me réveille. J'ouvre les yeux avec difficulté et regarde en direction de la masse qui se tient à l'entrée de la salle de bain. La place à côté de moi est vacante, les draps ne sont pas trempés de sueur, ou de cauchemars. Je suis surprise d'avoir bien dormi cette nuit. Je prends le maximum de place sur le lit en m'étirant dans un gémissement puis me redresse sur les coudes en soupirant.

-Je t'ai réveillé ?

Alec se tient devant le miroir, les deux mains sur le lavabo et son regard rivé vers moi. Il ne porte qu'une serviette autour de sa taille, laissant entrevoir son V parfaitement taillé. Je secoue la tête en esquissant un léger sourire.

-Non, pas du tout.

Je m'étire en me redressant.

-Qu'allons-nous faire ce matin ?

-On va trouver une voiture et reprendre la route jusqu'au port. On verra ce qu'il se passera une fois sur place. Je suppose que tu t'attends à ce qu'Alessio soit là, mais n'espère pas trop, la chance ne nous sourit pas pour l'instant.

-Oui, elle nous a même offert son plus beau doigt d'honneur, dis-je en roulant des yeux.

Il détourne le regard et sort une lame de je ne sais où, je n'avais même pas remarqué qu'il en tenait une dans ses mains et commence à se raser délicatement. Il commence par le cou.

-Et puis je n'espère pas qu'il soit là, bien au contraire, dis-je en m'asseyant au bord du lit.

Il cesse son geste machinale et prend une grande inspiration, sans quitter le miroir du regard.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Je hausse les épaules même s'il ne le voit pas.

-Je ne sais pas. Je pensais être prête à le voir, mais finalement, je ne le crois pas.

-Je croyais que tu voulais le tuer ?

Je soupire en me levant du lit pour me diriger lentement vers lui. Je m'appuie contre l'embrasure de la porte et le regarde.

-Ouais, c'est vrai. Mais aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur à vouloir tuer quelqu'un.

Il me lance un regard du coin de l'oeil, esquisse un sourire, puis reprend son rasage.

-Je ne savais pas qu'il y a avait une humeur pour tuer.

-Il faut croire que si, parce que moi, j'en ai une, dis-je avant de passer devant lui pour me passer un filet d'eau fraîche sur le visage.

Il ricane et me pousse légèrement pour reprendre sa place devant le miroir.

-C'est ça, moque toi de moi, dis-je en souriant.

Il arque un sourcil et il dit, le plus sérieusement du monde :

-Je ne me moque pas de toi.

Son sourire est toujours aussi éloquent et ma poitrine se serre, je ne sais pas pourquoi. Je suis gênée, je sors de la salle de bain pour le laisser finir de se raser. Je me rassois sur le lit et l'observe attentivement. Je me perds rapidement dans mes pensées. Je n'ai aucune idée de ce qui m'a fait changer d'avis si vite, mais je n'ai plus envie de m'occuper d'Alessio. J'ai presque l'impression que tout ça n'existe pas, qu'on se bat contre quelque chose d'irréel. Peut-être que j'ai cette impression parce qu'il n'y a eu jusqu'à lors aucune manifestation de mon frère ou de ses hommes. Peut-être qu'il ne me cherche pas. Peut-être même qu'il attend que je le trouve et cela m'inquiète. Je soupire et me laisse tomber sur le lit. Il sait que j'ai la moitié de la clé, la moitié de son fric, et il ne fait rien pour le récupérer.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant