chapitre 47

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   Il doit être 19h30 quand je commence à entendre les gens s'agiter à l'extérieur. Je me redresse sur mon lit en voyant Taryn entrer dans la pièce. Il me lance un rapide regard et fait un signe au garde pour le congédier de ses obligations. Je m'approche de mes barreaux pendant qu'il déverrouille ma cellule.

-On va manger, il est l'heure.

-Je parie que la bouffe n'est pas bonne ?

Il sourit et m'ouvre la grille.

-Tu t'habitueras à la bouffe en boîte, ne t'en fait pas.

Dans la file pour entrer dans le réfectoire, il y a des centaines d'hommes. Je regarde la plupart d'entre eux et remarque qu'aucun ne semble armé. Je me tourne vers Taryn et lui chuchote :

-Pourquoi ils n'ont pas d'armes si ce sont des soldats ?

Il me regarde du coin de l'oeil avant d'observer ses collègues.

-Je suis aussi un soldat et je ne suis pas armé. On est armé uniquement dans la zone C, soit la zone de sortie et d'entrée.

Je fronce les sourcils.

-Pourquoi ? Vous n'êtes pas censé assurer la sécurité ?

-N'oublie pas qu'on est des criminels. Alessio n'est pas assez con pour nous laisser des armes à l'intérieur de la base. On s'entre-tuerait sans hésiter à la moindre remarque ou au moindre regard mal interprété. Il y a des gardes qui assurent la sécurité, mais nous, on est juste des pantins.

Nous entrons dans le réfectoire. Ça ressemble terriblement à ce que j'ai vu dans des reportages sur les prisons. Des tables disposées un peu partout, des gardes à l'entrée et des plateaux repas en plastique. Je grimace en sentant l'odeur qui émane des plats chauds et observe partout autour de moi. Une ambiance froide et électrique flotte dans l'air. Ceux qui sont assis et agités autour de leurs tables se comportent comme des animaux. Ils crient, mangent avec les doigts, et utilisent les couverts en plastiques comme cure dents. Putain, où est-ce que j'ai foutu les pieds ?

-J'ai l'impression d'être dans un zoo.

Je ne voulais pas dire ça à voix haute, mais heureusement, Taryn prend ça à la rigolade. Le problème, c'est que je le pense sincèrement. Comment Alessio peut-il les laisser se conduire ainsi ? C'est de cette façon qu'ils vont continuer à mal se conduire et risquer des coups d'états. Peut-être que c'est ce qu'il attends. Qu'ils deviennent des animaux pour qu'il puisse mieux les dresser. J'ai l'impression d'être oppressée avec tous leurs regards sur moi. Taryn me tapote soudainement l'épaule, ce qui me surprend. Il me fait passer devant lui dans la file et un vieil homme aigrie me tend machinalement mon plateau sans m'adresser un regard ou un mot. Je lance un regard surpris à Taryn qui m'a l'air habitué et me force à avancer en me faisant un signe de tête.

-Avance jusqu'à la table tout au fond, dit-il au creux de mon oreille quand il me voit chercher une place.

Il faut que je traverse la moitié du réfectoire jusqu'à atteindre cette foutue table. Je sens une pression peser contre ma poitrine quand je trouve le courage d'avancer à travers le réfectoire. J'entends des obscénités à mon égard et je me retiens de dire quoi que ce soit jusqu'à ce que je croise momentanément le regard de Drogo. Il me sourit d'un air espiègle, et quand il penche légèrement sa tête sur le côté pour me faire un signe de la main, je détourne le regard. Quel psychopathe. Je me souviens de ce qu'il y avait écrit sur sa fiche. C'est un narcissique, obsédé par la perfection. Il a tué une femme de sang froid sans aucune raison et je suis persuadé qu'il a aimé ça. Je m'assois en face de Taryn et soupire en regardant la sorte de pâté contenu dans un compartiment de mon plateau.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant