Chapitre 64

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Nous arrivons à notre étage et nous nous arrêtons tous les deux en même temps quand nos chemins doivent se séparer. Alec fixe longuement la porte de ma chambre, les mains dans les poches, se dandinant légèrement d'avant en arrière. 

-T'es sûre que ça va aller ? Demande-t-il.

J'ai envie de lui dire que non, que je n'ai pas envie de dormir seule dans cette grande chambre. J'ai envie de lui dire que je ne trouverais jamais le sommeil après cette soirée mouvementée et que je risque sans doute de faire des cauchemars. J'ai envie de lui dire tout un tas de choses en espérant qu'il me réconforte mais je me contente de lui adresser un hochement de tête incertain.

-Ça va, je t'assure. Sans doute que l'adrénaline n'est toujours pas redescendu, donc pour l'instant ça va, je fais avec, dis-je en me pinçant les lèvres.

Alec ricane en s'appuyant contre le mur en face de moi, la tête renversée en arrière. Le couloir est sombre, il n'y a qu'une faible lumière qui traverse une partie de son visage, mais j'arrive tout de même à le trouver beau. Sa voix rauque me sort de mes pensées.

-Ouais, en parlant de ça...tu m'as impressionné ce soir. Je voulais te le dire.

Ma poitrine se serre et ma respiration se saccade en même temps que les palpitations échevelées de mon coeur. 

-C'est vrai ?

Il pose sa tête contre le mur et cligne des yeux, signifiant un "oui" silencieux. Je souris en m'adossant au mur, en face de lui. J'ai pas vraiment envie de parler de ce qu'il s'est passé ce soir, apparemment lui non plus et je lui en suis reconnaissante.

 Un léger silence s'installe entre nous. Je fixe le sol puis mes yeux se posent sur ma bague scintillante. Je la tourne autour de mon doigt et la retire avec mélancolie. Je la garde quelques secondes en mains, hésitant à vouloir la lui rendre, après l'avoir portée de longues heures sur mon doigt. Disons que je m'y était habituée. Je soupire et la lui tend sans grande motivation. Son regard passe de mes yeux à ma main puis il fronce les sourcils.

-Garde là, j'en ai pas besoin, dit-il d'un ton sec.

-Moi non plus. Je ne suis pas ta fiancée, alors je n'ai pas besoin de cette bague. 

Il me regarde quelques secondes dans les yeux puis me fait un signe résigné de la tête.

-Je sais qu'elle te plaît alors garde là, je ne la reprendrait pas. 

Je le fixe un moment, pour être sûre qu'il ne change pas d'avis et la glisse à nouveau autour de mon doigt en haussant les épaules. Je suis ravie qu'il me laisse la porter mais je préfère ne pas le montrer et faire mine d'y être indifférente. 

-Elle a fait de l'effet à Pedro, elle doit valoir un sacré paquet de thunes.

Il sourit aussi, et je m'émerveille une nouvelle fois devant ses fossettes. Je croise mes mains dans la cambrure de mon dos et m'appuie contre le mur.

-Tu pourras la revendre quand tout sera fini. Tu pourras t'acheter une voiture ou aller à l'université, tout ce que tu voudras.

Je sens dans sa voix une pointe d'appréhension. Je me redresse subitement, comprenant très bien où il veut en venir, seulement, je veux en être sûre. 

-De quoi est-ce que tu parles ? 

Ses yeux jonglent entre les miens et il reprend d'une voix basse et calme : 

-Tu m'as souvent -peut-être même trop- demandé ce qu'il se passerait quand tout sera fini. La voilà ta réponse. Tu reprendras une vie normale. 

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant