Chapitre 5

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Je me réveille à cause de la chaleur qui m'a fait totalement sortir de mes couvertures durant la nuit. Je soupire et m'étire en me levant. Premier réflexe : compter les piqûres de moustiques sur mon corps. Deuxième réflexe : insulter les moustiques de tous les noms.

En comptant le décalage horaire, il doit être midi. Je traîne les pieds jusque dans la cuisine et en fouillant une nouvelle fois dans les placards, je trouve un verre fissuré. Je le nettoie pour ôter la poussière et le rempli d'eau avant de m'appuyer contre la table, le regard attiré par la lueur qui s'échappe de la fenêtre. Je vois des gens passer devant la maison, des visages illuminés de sourires sincères et d'autres stressés à l'idée qu'un règlement de compte leurs enlèvent un proche. Je me demande quel genre de sourire devaient arborer mes parents quand nous étions encore des enfants. Avaient-ils peur que nous subissions le même sort qu'eux ? Je me pince les lèvres et avant que je ne me perde dans mes pensées, je termine mon verre d'eau d'un trait avant d'aller m'habiller. J'enfile les mêmes vêtements que la veille, et détache mes cheveux qui me tombent le long du dos. Je passe ma main dans mes cheveux pour travailler mes boucles et avoir l'air un minimum coiffée, même si avec une tignasse comme la mienne, avoir l'air coiffée est un euphémisme. Je sors de la maison, heureuse d'enfin pouvoir me dégourdir les jambes. Je prends une grande inspiration et soupire : Aujourd'hui va être une bonn journée. Je tourne ma tête à droite et sursaute en lâchant un "putain" entre les dents. Alec se tient contre le mur et ses yeux sont fermés, comme s'il profitait des rayons du soleil contre sa peau divine. Je le regarde un instant, ma main sur ma poitrine. Il entrouvre un seul œil qui me fixe, l'autre sans doute ébloui par le soleil et me regarde de haut en bas. Il se redresse subitement et me fait face.

-Alessio t'attends.

Un minimum de mots en un temps record.

-Bonjour, pour commencer. Et pourquoi est-ce qu'il n'est pas venu lui même s'il veut me voir ?

-Il est occupé.

Sa voix grave me provoque un frisson que je me force d'ignorer. Il dit ça comme si ça l'embêtait de me parler et je l'ai trouvé assez rude pour une première rencontre.

-Très bien, je suppose que je dois aller à la villa ?

Il s'allume une cigarette et lève les yeux vers moi.

-Tu supposes bien. T'es pas aussi conne que t'en a l'air.

Je ricane, ma seule arme devant son air arrogant et supérieur.

-J'ai de la chance alors, parce que toi t'es aussi con que t'en a l'air.

Il plisse le regard en exhalant sa fumée. Il ne me répond pas et se contente de me regarder. Je prends une grande inspiration pour calmer mes nerfs. C'est pas le moment de me disputer avec qui que ce soit, c'est seulement mon deuxième jours et je ne sais pas où je mets les pieds. J'ai décidé que ça allait être une bonne journée, alors ça va l'être. J'ignore Alec et remonte l'allée sous le cagnard.

J'entends ses pas dans mon dos et je peux sentir son regard haineux braqué sur moi et ça m'agace. Je dérive à la première ruelle que je croise pour voir s'il me suit, histoire de savoir si je suis sous protection ou non. Je tourne légèrement la tête et fronce les sourcils en voyant qu'il est toujours derrière moi. J'accélère le pas et zigzague à nouveau entre les différentes allées. Je me tourne en marchant en arrière et souris de satisfaction en voyant que je l'ai enfin semé et ça, sur son propre territoire. Quand je me retourne pour regarder devant moi, je tape dans quelque chose, ou plutôt quelqu'un.

-Tu fais quoi là ? Dit-il d'une voix menaçante.

J'ouvre la bouche, j'allais lui dire de me foutre la paix, mais je me ravise. Son regard glacial m'en a dissuadé. Je ne veux pas qu'il y ai marqué sur ma tombe "décédée pour avoir tourné dans la mauvaise rue". Je me mords les joues pour m'efforcer de garder mes commentaires pour moi. Comment il a fait pour se retrouver devant moi si vite ? Je soupire et fixe le tatouage à côté de son oeil, ça ressemble à un chiffre mais je n'en suis pas sûre. Je détourne le regard avant qu'il ne pense que je le dévisage. Ce que je ne faisais pas de toute manière, si ?

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant