Chapitre 69

24.7K 1.2K 305
                                    

Je vois la terre se rapprocher de plus en plus au fur et à mesure que l'avion descend en altitude, signe qu'on atterrit bientôt. C'est évidemment quand je me fais la remarque de l'atterrissage imminent qu'une boule au ventre se tortille en moi. Je souffle toute l'air de mes poumons et me tourne vers Alec qui fixe par le hublot, l'air pensif. Je me demande s'il pense toujours à ce que je lui ai dit dehors hier soir, sous la pluie. J'ai pas l'habitude de dire ce que je ressens, et je sais que lui n'a ni l'habitude de dire ce qu'il ressent, ni d'entendre ce que les autres ressentent. Et puis, on en pas reparlé depuis ce moment là. Je sursaute quand les roues de l'avion touchent brutalement le sol, ce qui me fait revenir hors de mes pensées. Je me détache et me lève, en synchronisation parfaite avec Alec, sans le vouloir. Nos regards se croisent et je sens une petite gêne s'installer, une gêne qui n'a pas lieu d'être et qui émane uniquement de moi. Je sais pas pourquoi je bloque, pourquoi maintenant. Je soupire et essaie de penser à autre chose qu'au fait qu'on ne se soit presque pas adressé la parole depuis hier soir. Situation assez gênante, sachant qu'on a dormis dans le même lit hier soir. Je sors l'arme de mon pantalon pendant que nous remontons l'avion jusqu'à la porte. Une fois descendue des quelques marches qui me séparaient de l'avion et du sol, je charge l'arme d'un geste du poignet.

-La voiture est là. Dit Alec en me regardant dans les yeux avec un air douteux.

J'hoche simplement la tête, ce qui semble l'agacer. Il se redresse et soupire en serrant sa mâchoire.

-Ça ne va pas ? Rajoute-t-il.

Il me le demande, alors qu'il connaît parfaitement la réponse. Mais je persiste et secoue ma tête une nouvelle fois.

-Tout va bien, je suis juste stressée.

Il arque un sourcil, pas convaincu le moins du monde et tourne les talons pour marcher vers la voiture noire. 

-C'est ça. Marmonne-t-il.

Je lève les yeux au ciel et le suis jusqu'à la voiture. Le chauffeur tend les clés à Alec, qu'il s'empresse de saisir sans rien dire avant de monter à l'intérieur. Je fais un sourire polie au chauffeur pour le remercier et monte du coté passager. Le cuir chaud du siège me brûle les jambes, la voiture devait nous attendre ici depuis un bon moment. Je souffle et me précipite pour ouvrir la fenêtre pour laisser passer de l'air, même si l'air est aussi chaud à l'extérieur qu'à l'intérieur de la voiture. Il démarre et appuie longuement sur l'accélérateur avant de lâcher subitement le frein, me collant immédiatement au dos de mon siège. Je lui lance un regard noir tandis qu'il arbore un léger sourire au coin, fière de son coup.

-J'espère qu'il sera là ce fils de pute. Dis-je en regardant par la fenêtre, les arbres lointains approcher.

Alec prend une grande inspiration.

-Carbelo ne quitte que rarement son manoir. Il pense qu'il n'est en sécurité qu'ici, avec ses hommes autour de lui. Dit-il en ricanant, comme si c'était la chose la plus stupide du monde.

-On est seulement deux, on ne sait même pas combien ils sont.

Il me lance un regard surpris et fronce les sourcils.

-Ouais justement, on est deux. D'habitude je suis seul et ça ne m'a jamais empêcher de tous les buter. Tu doutes maintenant ? 

J'hausse les épaules. Sa voix à baisser d'une octave et c'est dur pour moi de ne pas penser à toutes ces choses qu'il m'a déjà dit avec cette intonation de voix.

-Non, je ne doute pas de toi, juste de moi. Dis-je en fuyant son regard, en observant avidement par la fenêtre.

-Il n'y a aucune raison de douter, et encore moins maintenant Sara. Dit-il froidement.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant