Chapitre 23

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La voiture s'arrête aux pieds d'une favela. Elle a l'air plus précaire encore que celle dans laquelle je suis née. J'ai l'impression d'être aux portes d'un cimetière de vieilles baraques abandonnées. Alec sort de la voiture en claquant la portière et je fais de même après avoir pris une grande inspiration. La nuit est presque tombée et la rue où nous nous trouvons, loin des zones touristiques, est quasiment déserte. L'air frisquet me caresse la nuque et me fait frissonner. Un vieux panneau complètement tordu et rouillé menace de tomber d'une seconde à l'autre au moindre coup de vent. Alec ouvre le coffre et tire vers lui un sac noir, rempli d'armes à gros calibres.

-Putain, lâchais-je dans un souffle de surprise.

Alec me lance un rapide regard puis sort une arme et me la tend par le canon. Je secoue la tête et recule d'un pas, prise de court.

-Il est hors de question que je touche à ça une nouvelle fois, le préviens-je.

Il lève les yeux au ciel d'un air exaspéré et m'attrape le poignet pour m'attirer vers lui. Lorsqu'il me lâche le poignet, une légère trace rouge marque ma peau.

-Sara, prend cette putain d'arme avant que je m'énerve. C'est pour ta sécurité.

Je fixe l'arme pendant quelques secondes.

-Je suis sûre que je n'arriverais même pas à la tenir dans mes petites mains. Et puis si tu t'inquiétais vraiment de ma sécurité, tu ne m'aurais pas emmené ici.

-Sara, répète-t-il plus brutalement.

Je prends brusquement l'arme sous la pression. Bordel, je n'avais aucune envie de toucher à ça. Il en planque une dans son pantalon puis une deuxième, et passe son t-shirt par dessus avant d'en sortir deux autres qu'il tient dans les mains.

-C'est nécessaire tout cet attirail ?

Il me lance un regard noir et ferme le coffre de la voiture.

-Il vaut mieux être préparé au pire.

-Comment se préparer au pire quand on ne sait même pas dans quoi on s'embarque ?

Je sais au fond de moi qu'il a une idée de ce qui nous attend, c'est bien pour cela que toutes ces armes me rendent nerveuse. Immobile, j'inspecte les environs pendant qu'il s'affaire à ranger ses armes.

-Tu es prête ?

Je lève les yeux vers Alec.

-Non.

-Parfait.

Sans tarder, nous commençons à monter les petites ruelles. Je le suis de près, (peut-être même trop) mais je suis bien trop effrayée de me retrouver à plus de quelques centimètres de lui. De légers nuages de poussière s'élèvent du sol sous les caresses de la brise. J'ai vu un bon nombre de films post-apocalyptiques et l'ambiance qui règne ici est semblable. Je ne serais pas étonnée si un mort-vivant surgissait d'une ruelle sombre. De petites maisons délabrées laissent peu de place pour le passage d'une voiture dans la ruelle, je suppose que c'est pour cela que nous l'avons laissée en bas et que nous continuons le voyage à pied. Ou bien pour une question de discrétion. Quelques panneaux en bois avec des écritures portugaises ornent certaines façades mais elles sont illisibles. La tension est palpable, je me sens oppressé. L'air est lourd, j'ai l'impression de manquer d'oxygène et que chaque respiration doit être la plus contrôlée possible. Brusquement, Alec s'arrête au milieu de l'allée et je manque de lui rentrer dedans.

-Pourquoi est-ce que tu t'arrêtes ? Dis-je en chuchotant, inquiète.

Il tourne sa tête vers moi et arque un sourcil.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant