Chapitre 83

19.1K 1.1K 372
                                    

Je me retourne vers la source de ma hantise et de ma haine. Alessio affiche ce sourire de psychopathe qui me rappelle celui de Caçador. Ils sont les mêmes. Je braque mon arme sur lui, comme lui braque la sienne sur chacun d'entre nous. Je regarde rapidement autour de nous pour être sûre qu'il soit seul et c'est le cas. Il n'a personne avec lui.

  -C'est assez ironique, que tu finisses par te battre seul, non ?

  J'arque un sourcil et affiche un faux sourire, le plus faux que je n'ai jamais eu à faire pour cacher ma nervosité, et je rajoute :

-Tu ne sais pas depuis combien de temps j'attends le moment où je te tirerais une balle dans le crâne.  

Il ricane et penche légèrement sa tête sur le coté, comme s'il ne me prenait pas au sérieux.    

-Tu as eu l'occasion de le faire plus d'une fois, comme tu aurais pu choisir de ne pas travailler pour moi et t'enfuir à la première mission que je t'ai confié mais tu es revenu. A chaque fois Sara, tu es revenu. 

Ma gorge se serre et je sens cette sensation détonante de colère battre dans ma tête.

-On était en plein milieu d'un désert, si je m'étais enfuie, tu m'aurais retrouvé en un rien de temps !

Je lui hurle dessus, incapable de me contenir face à tant de mépris. 

-Tu n'es jamais partie de chez Kaï non plus. Après votre baiser, je savais que tu n'aurais plus aucune envie de t'en aller.

  -Ce n'est pas vrai.  

Son sourire me donne la nausée et je me hais pour réussir à voir le visage de mon père à travers le sien. Ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre, si ce n'est ce regard. Ce regard qui était bienveillant chez mon père, mais dérisoire chez Alessio. Je ferme les yeux si fort que je vois des points colorés dans le noir de mes paupières. Je le dévisage et j'inspire profondément. 

-Sara, arrête de nous prendre pour des cons. Si t'avais vraiment voulu partir, tu serais partie. Alec, mon frère, tu sais que j'ai raison, non ? 

Ma main se met à trembler, me faisant légèrement perdre de l'assurance et il semble le remarquer puisque son sourire s'élargit. Je lance discrètement un regard à Alec, qui fixe Alessio d'un air impassible, mais je sais très bien que l'image de Kaï et moi le torture à lui faire exploser les neurones. Sa main serre si fort la crosse de son arme, que les jointures de ses doigts sont blanches. Ma vue se brouille quand je sens Alec se perdre petit à petit dans le coté sombre de ses pensées. Alessio fait un pas de plus vers nous.

-Puis tu as rencontré Taryn, avec qui tu ne formais qu'un. Un duo de choc, dit-il d'un ton sarcastique. Je me souviens parfaitement de vos éclats de rire résonner entre les murs, de vos combats au corps à corps, et de ce jour où vous avez échangé un baiser au clair de lune. C'était tellement romantique. J'en aurais eu la larme à l'oeil si ça m'avais pas donné envie de vomir.

Ses mots rampent lentement sous ma peau et je sens ma gorge se serrer à me donner l'impression d'étouffer. Je serre les dents, fort, pour être sûre de ne pas craquer. Il est entrain de me lacérer l'âme sans le moindre remord. 

-Alec est déjà au courant de tout pour Taryn, alors quoi que tu dises de plus, ça ne changera rien. 

-Mais il n'avait pas l'air d'être au courant pour Kaï. Je peux lire en lui malgré ses grands airs. Ca fait mal, hein, Alec ? De la penser dans les bras d'un autre, ça te fais quoi ? 

Alessio avance doucement vers nous, les yeux écarquillés, en crachant ses mots avec autant de venin possible pour être sûr d'atteindre Alec. Et ça marche. Au plus profond de lui, je sais qu'une fissure est entrain de naître. Il n'a encore rien dit et je n'ai aucune idée de ce qu'il peut bien penser. J'étais persuadé qu'il allait débiter des insultes et menaces à tout va, contre moi pour avoir embrassé Kaï et contre mon frère pour le faire passer pour un faible. Mais tout ce qu'il fait, c'est de garder le silence. Un silence qui me glace le sang.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant