Chapitre 38

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Trois heure du matin. Je ne trouve pas le sommeil. A chaque fois que je ferme les yeux, je vois l'image d'Alec dans la noirceur de mes paupières. Et puis je pense trop. Je pense à tellement de choses en même temps que ça me donne des migraines. Je me frotte les tempes et me redresse sur le lit. Je n'arriverais de toute manière pas à dormir, ça ne sert à rien que je reste allongée plus longtemps à ressasser les mêmes choses. Je me lève dans un long soupir et décide d'aller explorer cet endroit, puisque je ne suis même pas encore sortie de cette chambre. Alessio a dit que j'avais quartier libre, non ?

J'ouvre lentement la porte de ma chambre, faisant abstraction de cette force gravitationnelle qui veut me maintenir enfermer dans cette pièce. Mon ventre grogne, peut-être de stress ou de faim. Peut-être les deux en même temps. Il est vrai que je n'ai pas mangé depuis un petit moment. Je déambule dans le long couloir et passe devant deux portes fermées, dont je m'efforce d'ignorer l'existence. Je ne sais pas ce qu'il y a derrière et je préfère ne pas prendre le risque d'y jeter un coup d'oeil, alors que dans la cuisine je sais parfaitement ce qui s'y trouve. Les escaliers sont grands et larges, comme ceux d'un château et les pierres dont ils sont façonnés sont froides sous mes pieds nus. Je longe le mur et arrive dans un grand salon. Je touche du bout du doigt tout ce qui passe sous mes yeux, du grand meuble en marbre jusqu'à la petite statuette en pierre posée sur les étagères. J'arrive rapidement dans la cuisine, comme si mon ventre m'y avait guidé, ce qui est probablement le cas. J'écarquille les yeux en voyant le frigo américain d'une grandeur exagérée et accélère le pas. J'hésite pendant un instant. Un trop court instant, puisque j'ai déjà la poignée dans la main quand je pense à culpabiliser. J'attrape le poulet qui traîne sur une assiette et qui n'attend que moi avant de le poser sur la table. Je m'assois sur une chaise et c'est clairement un petit bonheur pour mes yeux de voir ce poulet magnifiquement grillé juste devant moi. Il est froid, mais ça ne le rend pas moins bon. Je lui arrache sa cuisse et croque dedans à pleines dents. Je gémis quand je sens le goût du poulet caresser mon palais, j'ai l'impression d'en manger pour la première fois de ma vie. Soudainement mon regard croise la bouteille de vin posée sur le plan de travail, à côté de la machine à café. Je pose ma viande et ouvre le vin avant d'en boire directement au goulot. Bordel, Alessio a du goût en matière de vin.

-Je ne te dérange pas ?

Je sursaute et manque de recracher ma gorgée de vin. Je lève mon regard vers la silhouette adossée à l'entrée de la porte. La lumière de la lune tapissant les murs tape dans son dos, le plongeant dans un contre-jour. Je fronce les sourcils et pose la bouteille de vin sur la table, affichant un air coupable qui le fait doucement rire, ce qui n'était nullement mon intention.

-Qu'est-ce que tu veux ? Dis-je d'un ton ferme même si je ne sais pas de qui il s'agit.

Il s'avance d'un pas et s'assoit à l'autre bout de la table, juste en face de moi. Je scrute son visage. Sa peau métissé est contrasté par de petites tâches de rousseurs sur les ailes du nez. Il me dévisage, un sourire béant sur les lèvres.

-Tu n'arrives pas à dormir, c'est ça ? Demande-t-il en m'arrachant la bouteille de vin des mains.

Je secoue la tête et le fixe intensément. Il est vraiment beau. Je suis étonnée de penser à ça maintenant, mais c'est tout ce dont j'arrive à penser en le voyant devant moi. Il me sourit, et je ne peux faire autrement que de lui sourire légèrement en retour.

-Ca a l'air d'être aussi ton cas.

Il me fait un signe de tête et porte le goulot de la bouteille de vin à sa bouche.

-Tu travailles pour Alessio ? Ajoutai-je en croquant dans mon morceau de poulet.

Il hausse les épaules.

INCANDESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant