Tout le monde parle en même temps du marché de la drogue qui rapporte gros en ce moment et des nouveaux produits qui arrivent sur nos territoires. Je prends rarement part à la conversation, uniquement quand ça parle argent et business, je préfère largement observer Sara qui ne comprend rien à ce qui se dit autour de la table. Souvent les langues se mélangent, ce qui doit encore moins faciliter la compréhension de la discussion pour elle, mais elle fait comme si elle comprenait et ne s'arrête pas de sourire. Quand ma grand-mère la harcèle de questions, elle prend le temps de répondre et sélectionne ses mots pour paraître la plus polie possible. Sara s'en fou complètement que ma grand mère ait élevée des chèvres quand elle était gamine, mais elle a quand même posé d'autres questions pour continuer la conversation avec elle. Elle est trop bonne pour être assise à la même table que nous, ce n'est pas possible que Dieu l'ait mise sur le même chemin que moi, je n'ai jamais été très chanceux pourtant.
De temps en temps, elle jette un coup d'oeil dans ma direction et elle me surprend à la regarder. Elle joue l'étonnée, mais c'est elle qui me regarde pour voir si moi aussi, mes yeux sont posés sur elle. Mais pour autant, elle sait que je l'observe, je le remarque à sa manière d'agir. Quand elle sent mon regard sur elle, elle fait plus attention à ses gestes et à sa façon de parler. Elle ne peut pas s'en empêcher de toute façon, c'est comme si nos regards étaient aimantés l'un à l'autre. Je la regardais souvent avant, même si elle ne s'en rendait pas toujours compte. Quand elle dormait à poings fermés dans les grands lits des hôtels, d'une manière qui faisait penser que rien ne pouvait lui arriver, je la regardait. C'était amusant de la voir changer de positions toutes les minutes, comme si la précédente ne la satisfaisait pas. Elle fronçait parfois les sourcils et je me souviens me demander à chaque fois de quoi elle pouvait bien rêver qui puisse former ce pli entre ses yeux.
Elle me fait rire. Elle ne se rend pas compte qu'à chaque fois qu'elle finit presque son verre, mon oncle le remplit à nouveau. J'ai perdu le fil du nombre de verres qu'elle a déjà bu mais au vu de son comportement, elle doit déjà être saoul. Quand elle rit, elle me regarde, pour voir si ce qui la fait rire me fait rire aussi. Lorsque la discussion tourne autour du cul, elle cache son sourire derrière ses mains et ses yeux pétillent comme s'ils reflétaient ce qu'il y a de meilleur en elle. Elle est gênée mais l'alcool la rend tolérante à ce genre de conversation. Elle a l'air si innocente putain, c'est presque impossible pour moi de ne pas penser à la première fois où je l'ai baisé. J'y ai souvent repensé et bien plus que je n'aurais dû mais c'est plus fort que moi, l'attraction est trop forte. Je toussote et porte mon verre de Bourbon à la bouche quand elle croise mon regard.
-C'est quoi ? Dit-elle en montrant du doigt mon verre au contenu plus vieux qu'elle.
Je fronce les sourcils et lève mon regard vers elle, étonné.
-Je ne suis pas sûr que ça te plaise, dis-je en arquant un sourcil dans un air de défi.
Elle plisse le regard en souriant et me tend sa main.
-Comme tu voudras.
Je lui tend mon verre, sachant d'avance qu'elle va détester ça. Elle me lance un regard amusé et boit lentement le liquide brun. Trop lentement malheureusement, et elle tousse en reposant le verre, à la limite de l'étouffement. Je souris. Elle fait glisser mon verre sur la table comme si elle en était dégoûtée et grimace en buvant cul-sec son verre de champagne pour faire passer le goût, ce qui ne va certainement pas améliorer son état actuel.
-Je t'avais prévenu, il me semble, dis-je d'un ton satisfait.
Elle tire une mine boudeuse et ça me fait doucement rire. On dirait une gamine et pourtant elle à loin d'en avoir le physique. La robe qu'elle porte ce soir ferait chavirer n'importe qui. Elle dessine ses formes à la perfection, chaque creux de son corps est épousé par le tissu et je rêve juste de la lui enlever pour la toucher encore et encore, et pouvoir la sentir contre moi. Elle passe sa main sur son front pour ôter une de ses mèches rebelles et elle me sourit. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé à l'observer mais je lui souris très légèrement en retour. Elle porte une énième fois son verre à sa bouche, dont j'imagine le doux goût sucré. Je fronce les sourcils quand mon oncle pose sa main sur ses épaules. Il lui dit quelque chose à l'oreille et je sens cette montée de chaleur en moi quand elle rit. J'espère qu'elle rit juste par politesse. Il devrait vraiment retirer sa main, je ne supporte pas voir quelqu'un d'autre la toucher que moi. Mes veines bouillent rapidement et je suis au bord de l'explosion. Quand il daigne croiser mon regard, mes yeux noirs semblent le déstabiliser et il comprend, puisqu'il retire immédiatement sa main en riant d'un air innocent. Je desserre ma mâchoire et me calme subitement, comme si le simple geste de retirer sa main de son épaule me confortait dans l'idée qu'elle m'appartient. Je soupire et m'avachie sur ma chaise, en me demandant si elle a vraiment baisé avec l'autre fils de pute de Taryn. Je m'en veux de penser à ça, mais c'est au dessus de mes forces de l'ignorer. Je me tue l'esprit en l'imaginant avec lui et je sens cette pression se resserrer dans mes poings. Comment elle aurait pu faire ça après ce qu'il a fait ? Elle ne doit pas être au courant, c'est certain. Si elle savait que la cabane où je l'ai emmené, là où la famille a été décimée, tout était de la faute de Taryn, jamais elle ne lui aurait adressé ne serait-ce qu'un seul regard. Et lui, il ne lui a rien dit, bien évidemment, il n'a pas eu le courage d'assumer. Je serre les dents en les imaginant ensemble et frappe machinalement du pied contre le sol. Putain, ça me tue de savoir qu'elle a été enfermée dans cette base avec ce faiblard pendant des semaines, loin de moi.
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INCANDESCENCE
RomanceOn s'est tous déjà demandé, si on devait changer quelque chose à notre vie, qu'est-ce que ce serait ? C'est la question que Sara, une jeune femme qui attire les problèmes, se pose tous les jours. Excédée par la vie qu'elle a en Californie où elle...