It Won't Kill Ya

- 41st Dance -

Effie

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Je me sentais prise au piège. Démunie. C'était clairement ce que je ressentais, j'étais démunie face à tout ce qu'il se passait. Cet abruti n'avait pas été pcapable de garder sa queue dans son pantalon. J'avais envie de le frapper. Et cette garce de Jane était plantée devant moi, fière d'elle. J'avais cru mourir quand mon cœur s'était contracté en voyant la photo sur Instagram et en entendant les aveux du rappeurs. Les larmes dévalaient mes joues et je les essayais d'un geste rageur, haineuse.

Alors ? Tu vas leur dire ?Renchéri la blondasse.

De quoi est-ce qu'elle parle ? Intervint Mekra.

De tous, c'était sans doute le plus méfiant lorsque je les avais rencontré. Il avait fini par m'accepter mais s'il pensait que j'avais quelque chose à cacher, ce serait probablement le premier à m'en vouloir.

Toi aussi t'as couché avec quelqu'un d'autre ? Ricana Jehkyl. Si c'est ça, vous êtes à égalité ...

Je secouais ma tête, cherchant une échappatoire à cette situation. Je sentais la panique monter, me sentant de plus en plus écrasée par leurs regards.

Ce qu'elle a à dire, commença Jane, c'est qu'elle va ...

Je ne lui laissais pas le temps de finir sa phrase et je lui sautais dessus. Mon poing s'écrasa contre son visage si violemment qu'elle tomba au sol. Au dessus d'elle, je laissais exploser la rage, la frappant encore et encore, jusqu'à ce que son nez soit en sang.

Ta gueule ! Je hurlais. Ta gueule !

Je sentis des bras me tirer en arrière et je reconnu Doums qui me plaquais contre son torse, m'empêchant de la frapper à nouveau.

Lâches moi putain ! Je me débattis.

Effie ! Calmes toi ! Il m'ordonna.

Il continuait de me serrer contre lui, attendant que je me calme. Et quelques minutes plus tard, je ne bougeais plus. Il ne me relâcha pas pour autant, comme s'il assurait mes arrières. Ma tête contre son torse, je dévisageais Deen qui semblait ne pas comprendre ce qu'il se passait. Jane finit pas se relever et cracha du sang avant de s'essuyer le visage.

Tu vas me le payer, elle gronda.

Peu importe ce que c'est, on le réglera, m'assura Doums, caressant mes bras pour essayer de me détendre.

Oh non ça se réglera pas, la photographe éclata de rire.

Comment ça ? Ken me jeta un regard inquiet.

Elle va crever.

Le blanc qui suivit sa déclaration fut le plus long de toute ma vie. Jamais, au grand jamais, on ne m'avait dévisagé aussi longtemps. Le sang pulsait dans mes tempes, me donnant une migraine atroce. Et la voix de Framal rompit le silence.

Dis moi que c'est faux Eff ?

Sa voix se brisa à la fin et de nouveau, les larmes menacèrent de couler sur mes joues déjà ravagées.

Elle dit rien parce qu'elle assume pas, répondit mon ancienne amie à ma place. Elle assume pas de s'être engagée dans une relation alors qu'elle va devoir y mettre fin. Elle assume pas d'être devenue amie avec vous parce qu'elle va devoir vous laisser tomber. Elle a peur. Parce que plus le temps passe et plus ses jours sont comptés.

Pourquoi t'as rien dis ? Me demanda Deen, le visage fermé.

Parce que tu crois que c'est un truc qu'on balance comme ça ? Je m'écriais. Tu croyais que j'allais te dire quoi ? "Salut je m'appelle Effie, on peut être pote mais seulement pendant un certain temps parce qu'à un moment je vais me suicider pour pas avoir à mourir en étant sous assistance respiratoire".

Non mais ... M'interrompit Alpha.

Non mais rien du tout. La seule chose pour laquelle je vis c'est la danse, et dans quelques mois, je serais incapable de me déplacer parce que je suis malade. Je pourrais plus rien faire seule et je serais clouée dans un lit. J'arriverai plus à bouger, j'arriverai plus à respirer, j'arriverai plus à manger. Vous pensez sérieusement que je vous aurez balancé ça dans une discussion normale ?! Je me dégageais de l'emprise de Doums et les regardais un par un. Absolument aucun de vous ne sait ce que c'est, de savoir que votre vie à une date butoir qui arrive à terme. Alors j'ai rien dis parce que c'est plus facile d'être avec des gens qui vivent chaque moment intensément sans se poser de questions que de se dire que bientôt, on sera six pieds sous terre en train de se décomposer. Et putain Deen. Tu savais qu'elle te tournait autour ! Je pointais du doigt Jane qui essayait d'arrêter les saignements de son nez. Tu le savais merde ! J'avais clairement aucune raison de me battre avant de te rencontrer. Avant de vous rencontrer. Et t'as quand même réussi à piétiner le peu de dignité et le peu d'espoir qu'il me restait, j'essayais mes larmes tout en reculant.

J'étais en train de fuir lâchement, mais je ne savais pas quoi faire d'autre. Je fis volte face pour rentrer récupérer mon sac et ils n'avaient pas bougé d'un poil quand je réapparue. Je leur fis un maigre sourire et j'entendis à peine quand il prononça des excuses avant que je ne quitte définitivement les lieux.

...

J'étais une boule de nerfs lorsque j'arrivais devant mon immeuble. Je mis une dizaine de minutes pour déverrouiller la porte d'entrée, les larmes brouillant ma vue. La nuit était tombée et je ne pris même pas la peine d'allumer la lumière, balançant mon sac dans l'entrée et poussant un cri de rage.

Merde !

Tout ce qui se trouvait devant moi vola en éclat. Mon téléphone atterrit contre un mur, la table était renversée tout comme les chaises. Les objets posés sur le buffet et les étagères finirent brisés sur le sol. Le canapé était retourné. Assise dans un coin de la pièce, recroquevillée sur moi même, je serrais les papiers médicaux que j'avais récupéré avant de partir. Froissés entre mes doigts, la seule chose que je pouvais lire était l'inscription "8 mois, peut-être 1 ans, d'espérance de vie restante".
Je me sentais vide. Plus vide que lorsqu'on m'avait annoncé mon sort il y a six ans. A cette époque là, je n'avais personne à qui me rattacher à part Logan et Jane. Mais ils étaient prêts à me perdre et j'avais accepté de voir ma vie raccourcie. Alors qu'aujourd'hui, c'était moi qui n'étais plus prête à quitter toutes les personnes pour qui je comptais et qui m'avaient accepté dans leur famille un peu spéciale.