- 49th Dance -

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Effie

Nous étions rentrés de la balade à vingt-trois heures. 2zer s'était trompé de chemin et on s'était perdus en pleine forêt, avec de la neige jusqu'au genoux. Sneazzy avait cru qu'il allait mourir et j'avais fini le trajet accrochée sur le dos de Doums, mes jambes ne suivant plus le rythme des garçons. Ou même le rythme tout court.

Je me réveillais après une bonne nuit de sommeil et repoussais mes draps pour m'étirer. J'enfilais un gros pull Seine Zoo et de grosses chaussettes d'hiver avant de descendre pour les rejoindre. Etonnamment, la maison était silencieuse, ce que je trouvais particulièrement louche. Je manquais la dernière marche et me rattrapais au dernier moment, évitant une chute des plus honteuses.

Y a quelqu'un ? je demandais, les sourcils froncés.

Dans la cuisine !

Je levais les yeux au sol et traînais les pieds jusque dans la cuisine.

Ils sont où les autres ?

Sortis pour la soirée.

La soirée ? Mais c'est le matin, je regardais par la fenêtre mais le brouillard cachait le soleil.

Le brun éclata de rire et reposa la spatule qu'il utilisait.

Désolé, mais il est vingt heures. T'as dormi toute la journée.

Quoi ? je m'exclamais. Mais comment ça se fait ?

T'as pris tes cachets en rentrant hier soir et t'as fais que dormir depuis. Ken et Framal ont vérifié que tu respirais toujours avant de partir.

Il sortit des filets de poulet du frigo et un couteau pour les découper.

Pourquoi t'es pas sortis ?

Flemme. Il fait trop froid je suis mieux ici.

J'hochais simplement la tête et appuyais sur la machine à café.

T'en veux un ? je demandais.

Oui, il sourit.

Je récupérais sa tasse et m'en fis une avant de m'asseoir sur le plan de travail à côté de l'évier.

T'as faim ? il s'enquit.

Un peu.

Je serrais mes doigts autour du mug pour me réchauffer. Il continua de préparer à manger, me jetant des regards de temps en temps sans pour autant ajouter quelque chose. Une demi heure plus tard, je l'aidais à mettre la table et mon petit cœur se serra quand j'installais nos couverts face à face, comme avant. On mangea sans un mot, le bruit de la télé en fond sonore. Il y a encore quelques mois, nous aurions sauté le repas pour passer directement au dessert dans la chambre. Nous aurions ris à plein poumon. Mais le silence répondit à mes pensées nostalgiques, me rappelant que ce temps là était révolu.

Tu peux monter le chauffage ? je lui demandais lorsqu'il se leva pour se resservir un verre de vin.

Tu veux un verre ? il me demanda tout en se servant.

Non merci.

T'es sûre ? C'est ton préféré pourtant, il rajouta.

Je peux plus boire d'alcool Deen, je soupirais.

Ah oui merde, il reposa la bouteille. Excuses moi.

C'est rien.

Je me reconcentrais sur mon assiette pour la finir le plus vite possible. Je m'empressais de débarrasser pour échapper au regard du rappeur qui ne semblait pas gêné. Il me regarda le fuir, un petit sourire en coin et je me demandais ce que je foutais dans une maison, seule, avec mon ex, de presque dix ans mon aîné. J'étais une gamine à côté de lui et ça se voyait clairement en ce moment. Je redescendis de ma chambre avec une couverture en plus et me jetais dans le canapé. Je changeais pour mettre un film et m'installais confortablement. Deen finit par me rejoindre une vingtaine de minutes plus tard et s'installa sur l'autre fauteuil. Les répliques du film s'enchaînaient et nous restions silencieux même si je le dévisageais par moment avant de rapidement me tourner vers la télé lorsqu'il me remarquait.

Tu veux que je te fasse un thé ? T'as l'air morte de froid, il finit par rompre le silence.

S'il te plait, je grimaçais.

Il quitta le salon pour aller faire chauffer de l'eau et il revint avec une tasse brûlante peu de temps après. Il me la passa et quand mes doigts se posèrent sur sa peau, je le sentis frissonner.

T'es glacée Effie, il lança.

Je sais, je raillais. J'arrive pas à me réchauffer.

Je bus une gorgée de la boisson, appréciant la brûlure dans ma trachée.

Bouges un peu, il m'ordonna.

Quoi ? je fronçais mes sourcils.

Avances tes fesses, il soupira.

Je râlais mais fis quand même ce qu'il me dit. Il passa derrière moi et je me retrouvais entre ses jambes, entourée par ses bras et une couverture supplémentaire. Il me collait contre son torse, me laissant assez de place pour boire mon thé.

C'est mieux ?

Un peu, j'avouais.

On resta un moment comme ça. Il regardait le film comme si tout était normal pendant que je buvais ma tasse.

Elle aussi tu l'as prise comme ça dans tes bras ? je dis en reposant la tasse vide un peu plus loin.

De quoi tu parles ? il fronça ses sourcils.

Jane. Tu l'as prises dans tes bras comme ça aussi ?

Son visage se ferma et il serra ses poings.

Alors ? je continuais.

Non, il cracha.

Je levais les yeux au ciel. C'est moi qui devait être en colère. Pas lui. Je secouais ma tête avant de me remettre contre son torse. Parce que même si je haïssais ce type, il me tenait chaud.


...

Deen

Le film se termina. Je baissais le son du générique et jetais un regard à Effie. Sa tête posée sur mon torse, elle avait fermé ses yeux. Elle s'était endormie un peu avant la fin du film et je souris en la sentant aussi proche de moi. C'était la première fois depuis deux mois que nous étions aussi près l'un de l'autre. Et ça m'avait manqué. Comme si j'étais de retour à la maison après un long voyage. Je passais une mais dans ses cheveux et en bougeant, sa main sortie de la couverture. Je passais un doigt sur son bras et fronçais les sourcils en la sentant aussi froide. J'avais l'impression d'être fiévreux à côté d'elle.

Eff, relèves toi, je lui dis.

Elle ne réagit pas et je fronçais un peu plus mes sourcils. La porte d'entrée s'ouvrit sur les gars et ils sourirent en nous voyant dans cette position.

Ca va les amoureux ? rit Ivan.

Je me relevais et secouais la brune qui ne réagit pas.

Merde !

Qu'est-ce qui a ? Mekra s'avança vers nous.

Elle se réveille pas ! je paniquais.

Je la secouais fortement, mais son petit corps ne fit aucun mouvement. Sa tête penchée en arrière elle semblait morte. Je passais une main dans mes cheveux, ne sachant absolument pas quoi faire.

Appelez les pompiers putain ! je gueulais comme un fou.

Ken sortit son portable pour les appeler alors que tous les autres étaient autour de la danseuse, essayant de la faire revenir à elle, de lui arracher un mot, un sourire. Mais ses yeux restaient clos et mon cœur se fendit un peu plus.

It Won't Kill YaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant