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Des picotements autour du cou, d'autres dans le dos, me réveillent de la plus désagréable des manières. Un affreux mal de crâne me pousse à ouvrir les yeux.

Je me sens vidée, épuisée, et nauséeuse.

Toute tremblante, je pose les mains sur mon cou, et sens une énorme bande l'entourer.
Oh oh , c'est quoi ça ?

Je baisse les yeux sur mes jambes nues, et prise de panique, je relève le pull noir que j'ai sur le corps. Je découvre que ma poitrine est entièrement bandée aussi.

Ma respiration s'affole.
« Elle a été empoisonnée. »
C'était donc vrai ? J'ai vraiment été empoisonnée ?

J'avais l'affreuse impression d'avoir quelque chose qui poussait tout autour de ma nuque et dans le dos. Je savais que c'était pas normal parce que ça me piquait, ça me grattait, et ça me brûlait la peau.

Où est Marysa ? Alex ?
Pourquoi je suis toute seule ici, dans la chambre du chalet ?
Pourquoi je ne suis pas à l'hôpital ?
Mon empoisonnement n'était pas si grave ?

Les larmes me montent aux yeux. Je ne comprends plus rien. Même Sam n'est pas là. Personne est ici pour m'expliquer ce qui s'est passé.

Par contre j'entends des éclats de voix. Ils semblent provenir de la pièce d'à côté.
Pourvu que Sam ne se dispute pas avec Marysa et Alex.
Non, ce sont des voix d'hommes, plusieurs grosses voix qui semblent se prendre la tête. Les ambulanciers et les potes de Sam ?

J'arrive à sortir du lit, mais difficilement. Mon corps est faible comme s'il avait vieilli de dix ans.
Est-ce que ce poison m'a fait vieillir ? Est-ce que j'ai des rides sur le visage ?
Mon dieu, pourquoi je me retrouve seule dans cette chambre, avec personne pour veiller sur moi ?

Mes larmes se décuplent. Je me sens si faible.
J'enfile un jogging gris que je trouve au pied du lit, et grimace face aux sortes de brûlures que j'ai sur mon corps. Elles me font moins mal qu'avant, mais elles frottent contre les bandages, c'est horrible.

Je puise toute la force que j'ai pour marcher jusqu'à la porte. Il faut que je trouve quelqu'un qui pourra m'expliquer ce que je fais ici.

Je souffre le martyre rien qu'en posant un pied devant l'autre. Ma tête me tourne comme si je n'avais pas mangé depuis dix jours. J'ai la gorge sèche, et clairement j'ai qu'une envie, celle d'aller me recoucher.

Quand je sors enfin de la chambre, mes yeux s'arrondissent en découvrant les potes de Sam, ainsi que trois inconnus dans le salon.
Pas d'Alex ni de Marysa à l'horizon.

À peine le temps d'observer ces individus qui se trouvent dans ma suite, que mon regard est attiré par une silhouette qui est de dos au fond du salon.

—Non ! hurle Sam en envoyant violemment son poing dans le miroir devant lui.

Celui-ci explose en des centaines de petits bouts de verres qui atterrissent sur le sol.
Il a le gant en sang.

Je suis tétanisée sur place, encore sous le choc du vacarme assourdissant du miroir brisé. Je reste immobile, bien trop choquée pour sortir le moindre son.
Les mains de Sam tremblent, elles tremblent de rage.

Puis soudain il se tourne vers moi, comme s'il avait senti ma présence. Son regard s'éclaircit spontanément.

Je suis subjugué face à ses magnifiques prunelles noires qui me contemplent comme si j'étais une apparition. Elles me fixent avec un tel éclat que mon coeur frémit.
Sans détacher son regard hypnotique du mien, Sam s'avance vers moi. À chaque pas qu'il fait, mon cœur bat de plus en plus fort.

Je fais abstraction de tous les regards qui se braquent sur moi, et détaille ses cernes marquées, son teint qui est plus blanc que d'habitude, et surtout son poing qui se serre et se desserre chaque seconde.
Il a dû avoir mal, très mal.

Quand il s'arrête devant moi, sa respiration est saccadée.
Ses yeux magnifiques.
Il pose ses mains sur mes hanches pour m'attirer contre lui. Son regard se mêle au mien dans une connexion surpuissante.
Je reste paralysée, captivée par ses yeux noirs qui enflamment les miens. Lorsque sa bouche recouvre la mienne, j'ai le souffle coupé net. Il m'embrasse hors d'haleine. Comme s'il en avait besoin.

Une merveilleuse bouffée de chaleur monte en moi. Je glisse mes bras autour de sa taille pour encore plus me coller à lui.

—Bordel ! s'exclame une voix.

Mes joues s'empourprent sous la fougue de ce baiser. Ici devant tout le monde.
Sam est si imprévisible, que je suis soudain déstabilisée qu'il montre ouvertement son affection pour moi.

Toute haletante, je me détache de ses lèvres pour plonger mon regard dans le sien. Ses yeux brillants d'émotion me contemplent de la même manière, mais dix fois plus fort. Ils se connectent au plus profond de mon cœur qui bat comme un dingue pour lui.

—On vous a dit qu'il a changé.

—Il a surtout perdu la tête ouais !

—Sam se tape une fille ? C'est le 1er avril ou quoi ?

—Ta gueule.

—On a un sérieux problème.

—Ouais il se tape le sujet ! ricane son pote.

—Le boss va être content !

—Le boss va le massacrer.

—Hé mais c'est vraiment notre Sam qui tient cette fille dans ses bras ? Il l'a galoché ? Putain donnez-moi un verre.

—Ta gueule, je t'ai dis.

—Mais genre on l'a quitté y a trois jours, et il a retrouvé ses couilles ? Je suis en train d'assister à un miracle !

Un coup violent, puis l'horrible son de dents brisées me fait sursauter.

Sam reste imperturbable. Ses yeux sont rivés dans les miens comme s'il réfléchissait.
Je commence à paniquer, je comprends pas trop ce qui se passe ici. Qui sont tous ces inconnus dans le salon de ma suite ?

—Sam on se casse.

Son corps se crispe.

—Fait pas le con. C'est ordre du boss.

—Ouais, ricane quelqu'un comme s'il avait du mal à parler, tu retrouveras ta Juliette demain ! Ouhlala c'est chaud tout ça !

—On y va les gars.

Son front collé au mien, Sam respire de plus en plus fort.

—Elle part avec moi, réplique-t-il soudain en relevant la tête.

Mon cœur sursaute. Mes petits yeux clignent plusieurs fois, et lancent une mare d'interrogations aux yeux déterminés de Sam.
Un silence de plomb s'abat dans la pièce.

Qu'est-ce que tu fais ?

Fais moi confiance.

Tu veux partir avec moi ? Mais où ça ?

—Deconne pas mec, et laisse-nous gérer le problème.

Sam et moi échangeons un long regard.
Il plante un doux baiser sur mon front, avant de se tourner vers eux.

—Si quelqu'un m'empêche de sortir d'ici avec elle, les menace-t-il les sourcils froncés, il le regrettera.

Tous les yeux se braquent sur nous. Ils nous fusillent comme si on venait de les trahir. De les provoquer.

Just Play 2  (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant