Just Play 2 (Terminé)

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- Le lendemain matin -

Alex,

À l'heure qu'il est, t'as dû rejoindre ma mère et ma sœur au Paradis. Pourrais-tu les embrasser de ma part ?
Je sais que Dieu est grand, les bonnes sœurs me l'ont appris, mais la douleur au fond de mon coeur est encore plus immense.
Pardonne-moi de pas avoir su t'aimer comme tu m'aimais.
Pardonne-moi que par ma faute tu sois mort. Tu crois que je suis devenue une Maudite ?

Mes yeux s'ouvrent brutalement. La médaille que je serre dans ma paume est toute moite. Je constate qu'un plaid gris recouvre mon corps, et que la luminosité extérieure est plus forte.

Est-ce que je suis Maudite ?

Ébranlée par cette question, je range ma précieuse médaille en argent dans mon soutien gorge. C'était la médaille de baptême de ma mère. Je l'ai prise pour me sentir plus forte. Comme protégée par un lien invisible. Je sais que c'est bête, mais je suis certaine que cette mini médaille renferme des super pouvoirs. Je suis sûre qu'elle...

Mes pensées sont coupées nette en apercevant une grande silhouette étalée au pied du canapé. Je reconnais immédiatement les longues jambes de Sam, pliées l'une sur l'autre. Je remonte mon regard sur son sweat noir tout fripé, pour m'arrêter sur son visage d'ange endormi sur le tapis.

Le voir si proche de moi me procure l'effet d'un électrochoc. C'est comme si mon coeur reprenait vie.
Certes son visage est toujours mal rasé, sa peau négligée, ravagée, mais ses traits paraissent plus doux que cette nuit. Plus sereins.

Je me penche tout doucement pour relever les mèches désordonnées qui tombent sur son front, mais soudain des cris de bébés résonnent dans le salon.

Quelqu'un descend en furie les escaliers.
Je me cache sous le plaid pour faire semblant de dormir.

—Oui papa va faire le biberon, dit une voix agacée par les pleurs du bébé.

Je sens Sam se relever du sol à toute vitesse, pendant que celui que je devine être le mari de Mitch fait un vacarme effroyable en ouvrant tous les placards de la cuisine.

Les cris du bébé sont désespérés. La voix du père aussi, il ne trouve apparemment pas la boîte de lait de la petite. C'est plus fort que moi, je me lève du canapé pour aller les voir.

Hormis le fait que Sam a totalement disparu de la surface de cette maison, je découvre un jeune homme habillé d'un élégant costume gris, avec une petite puce métisse, tout mignonne, qui hurle sa faim.

—Je peux vous aider ?

Le jeune homme se tourne brusquement vers moi, avant d'écarquiller les yeux d'effroi.

—Miiiiiiitch ! gueule-t-il comme un dingue. Tu peux m'expliquer ce qu'une fille à moitié à poil fout dans notre salon ?

Il a crié tellement fort, que le bébé sursaute de peur, se tait, avant d'hurler encore plus fort.

Affolée par la réaction hostile du mari de Mitch, je tire sur mon long t-shirt qui m'arrive au dessus des genoux.
C'est alors qu'un rire, tout doux, tout innocent, parvient du haut des escaliers. Avec un petit sourire aux lèvres, Sam les descend en toute décontraction.

—Qu'est-ce qu'il fout là lui ? hallucine Pablo. Mitch bordel ! Vient ici tout de suite !

La petite hurle à la mort, gesticule dans tous les sens dans les bras de son père.

La situation devient de pire en pire.
Alors que Sam s'est arrêté au pied des escaliers pour s'adosser avec nonchalance contre un mur, je me précipite vers Pablo pour lui prendre la petite des bras.