Just Play 2 (Terminé)

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JEANNE

Assise dans le gros 4x4 de Sam, je triture nerveusement le bas de ma robe. Il m'a à peine laissé le temps de l'enfiler, qu'on a immédiatement quitté les falaises. J'ai pas pu saluer Mitch et les autres, Monsieur était pressé d'aller manger.

Sauf que ça fait plus de deux heures qu'on roule sur l'autoroute dans une nuit totale. J'ai eu beau le menacer, le supplier de me dire dans quel restaurant il m'emmène, il a rien lâché. Du coup, je boude. J'arrive pas à savoir où on va, et il est déjà minuit passé.

Le silence règne dans l'habitacle, et j'ai cette étrange sensation qu'on est suivis. Deux Audi ne nous lâchent pas depuis toute à l'heure. Comme si elles attendaient le moment propice pour nous attaquer.

Ma petite médaille se retrouve écrabouillé dans ma main. Je tourne la tête vers Sam qui roule de manière concentrée. Il paraît serein, même s'il ne dit pas un mot.
À vrai dire, moi aussi je sais pas quoi dire. Depuis l'appel de Sonya hier soir, depuis que je connais ce qui s'est passé dans la vie de Sam ces quatre dernières années, j'ai peur de faire une gaffe. De le brusquer. Je vois bien que des ombres flottent encore dans ses yeux, même si son regard s'est adouci depuis la dernière fois.

J'aimerais tellement qu'il arrête la voiture pour m'embrasser. J'aimerais tellement redécouvrir la saveur de ses lèvres, sentir les caresses de sa langue autour de la mienne, avant de me perdre dans son regard profondément noir. Mais je lui fais la gueule car il veut toujours pas me dire où on va.

Pourquoi roule-t-il en pleine nuit sur une autoroute, à la recherche d'un restaurant ?

—Sam, je gronde en ayant un déclic. Tu m'emmènes bien au restaurant pour manger ?

Il sourit, mais ne répond pas.

Ok, là j'ai peur.

Au même moment il tourne à droite pour prendre une sortie, et comme une idiote j'ai pas lu la pancarte.

—Tu sais qu'il y a deux voitures qui nous suivent ?

—Hum hum.

—Pourquoi tu souris comme ça ? Ça t'inquiètes pas ?

—Non.

Il tourne à gauche, je loupe une nouvelle fois la pancarte. Pourquoi j'ai cette mauvaise impression qu'il sait parfaitement où on va ?

Mes yeux s'activent à droite, à gauche, à l'affût du moindre indice. À part l'obscurité totale et toujours ces deux voitures qui nous collent au cul, mon cerveau ne reconnaît rien.
Jusqu'à qu'il s'engouffre dans une longue allée, bordée d'arbres tous aussi terrifiants les uns que les autres.

Mon cœur s'affole dans ma poitrine. Il a l'impression de revenir quatre ans en arrière. Mon corps se tétanise de la tête aux pieds, je ne respire plus.
Quand l'immense enseigne verte et blanche indiquant Center Park clignote devant mes yeux, je bégaie :

—C'est une blague ?

Fier de lui, Sam roule jusqu'au parking, pour s'arrêter à quelques mètres du chalet.

Je frôle la crise cardiaque. Je braque mes yeux hallucinés dans ceux de Sam, sans prêter la moindre attention aux deux Audi qui stationnent derrière nous.

—Dis-moi que c'est une blague, par pitié.

Il ignore ma détresse de me retrouver dans mon lieu de cauchemar.

Il sort du 4x4 d'un pas joyeux.

—Attends-moi deux minutes.

Mes yeux ne paniquent plus. Ils lancent des éclairs à Sam qui se dirige vers le coffre. Je le vois sourire, avant de faire un signe de la tête aux voitures à côté de nous.