Just Play 2 (Terminé)

60

Alex et moi sommes assis sur le canapé. Je suis installé entre ses jambes, mon dos reposant sur son torse.

On ne boit plus. On se contente d'observer les autres qui continuent de faire la fête devant nous.
Mary et Constantin ont disparus.
Peut-être dans une chambre.

Les bras d'Alex encerclent mon ventre, pendant que mes yeux vides dévisagent le néant.

—Si Sam est un Maudit, nous on est quoi ? je demande.

Il câle sa tête sur mon épaule et semble réfléchir quelques instants.
Ça me fait bizarre d'être dans les bras de quelqu'un d'autre, mais mon corps, toujours ce même traître, semble apprécier la chaleur d'Alex.

—Des Malheureux.

Sa réponse me choque. Me bouleverse. Je cligne plusieurs fois des yeux comme pour m'assurer que j'ai bien entendu.

—On a dit qu'on oublierai, je murmure abattue. Mais on fait tout le contraire.

—Tu veux boire ?

—Je sais pas.

Ses bras se posent sur mes hanches, et d'un geste habile il me fait pivoter vers lui.

Ses yeux bleus sont toujours aussi brillants. Oui brillants, car je refuse de les nommer autrement.

—Je pars avec vous demain, m'annonce -t-il d'un ton grave.

—Quoi ?

Je tente de me défaire de ses bras, mais il m'en empêche.

—Ils n'ont pas voulu que je te le dise.

—Pourquoi ?

Il serre la mâchoire en m'observant longuement.
Puis son front se colle une nouvelle fois au mien.

—Sam ne viendra pas ce soir.

Mon cœur blêmit.

—Quoi ?

—T'énerve pas s'il te plaît, mais tout ça...Toi et moi ici...C'était un coup prévu d'avance.

Je ferme les yeux de colère. J'expire lentement pour calmer mon cœur trahi.

—Ils croient tous que je suis toujours amoureuse de toi ?

—Pas tous, réplique-t-il en enroulant une mèche de mes cheveux autour de son doigt. Mais la plupart oui.

Je lui jette un regard noir. Pourtant j'arrive pas à lui en vouloir. Il a eu le courage et l'honnêteté de m'avouer leur plan foireux.
Contrairement à Sam qui m'a lâchement abandonnée.

—Écoute, souffle-t-il, ce n'est plus un jeu pour moi.

Il descend son pouce sur mes lèvres, les effleure tout doucement.

—Plus depuis ce qui s'est passé avant, avoue-t-il d'une voix troublée.

—On a bu Alex, je ronchonne. Ça veut rien dire du tout.

Il baisse les yeux et son visage se durcit. Son pouce s'échappe de mes lèvres, mais son autre doigt continue de jouer machinalement avec ma mèche de cheveux.

Je reste assise sur ses genoux, dévisageant ses traits sombres. C'est clair qu'un flot de vodka navigue encore en moi, car jamais j'oserai le fixer aussi longtemps.
Quand ses yeux remontent vers les miens pour me contempler d'un air malicieux, je le regarde avec incompréhension.

—T'as raison, sourit-il. On ressent rien du tout quand on fait ça.

Sa bouche s'empare de mes lèvres. D'un geste fougueux et déterminé, il enroule sa langue autour de la mienne, et je manque de m'asphyxier par l'intensité de son baiser.