Just Play 2 (Terminé)

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—Tu promets de rien tenter ?

Les yeux d'Alex s'illuminent, un large sourire s'affichant sur son visage.

—Je promets de rien faire contre ta volonté.

Je le fixe attentivement. Sa phrase à double sens n'est pas très nette.

—Non c'est gentil, je rétorque en restant polie, mais je peux pas venir avec toi vis à vis de Sam.

Sans me lâcher des yeux, il croise ses bras contre son torse et penche légèrement la tête sur le côté.

—Si tu l'aimes comme tu dis, t'as rien à craindre.

Son air malicieux me déstabilise.

—Sauf si t'as peur de toi-même, poursuit-il.

Ses yeux bleus me dévisagent avec une lueur de défi. Sauf que j'ai très bien compris son jeu et qu'il peut toujours rêver pour que j'aille à cette soirée avec lui.

—Encore une fois non merci. Je préfère aller me coucher pour être en forme pour demain.

—Ton vol est à quelle heure ?

—Midi.

Ses yeux m'observent longuement en silence. Je repousse l'intensité qui en émane, en focalisant mes pensées sur Sam. Mon Sam est mon unique chéri.

Il décroise alors les bras et fait un pas vers moi. Je rentre en apnée, un peu paniquée par cette proximité.

—C'est donc notre dernière soirée ensemble, souffle-t-il un peu trop proche de mes lèvres.

Ma salive se fait rare dans ma bouche. Je déteste quand il me fait cet effet. Il est exactement comme une drogue dont j'ai réussi à me débarrasser en tombant amoureuse d'un autre, mais qui vient sans cesse me tenter.

—Je te promets d'être sage, continue-t-il en remettant son dos bien droit. Ou encore mieux : si tu me résistes ce soir, je te promets que je te laisserai tranquille avec ton Maudit.

Je le fixe les sourcils froncés pour m'assurer qu'il dit vrai.

—Plus jamais, jamais ?

—Plus jamais. Je te le jure.

Il lève sa main droite, en plantant son regard sincère dans le mien.

Ma raison me hurle d'accepter ce marché, alors que mon coeur tremble. Il doute. Il me crie que c'est pas une bonne idée.

Je jette un dernier coup d'œil à mon père qui dort toujours sur le canapé, avant de cracher un profond soupir.

—Ok Alex. Mais je te préviens, on reste deux heures, pas plus.

Un sourire victorieux apparaît au coin de ses lèvres.
Il acquiesce de la tête, puis ouvre la porte en grand pour me faire un signe galant de la main de sortir.
J'attrape ma veste, mon sac et mes clés. Il a peut-être réussi à me faire changer d'avis, mais je compte bien lui prouver mon amour indéfectible pour son ennemi.

***

Je savais que c'était une mauvaise idée.
J'étais sûre que c'était une mauvaise idée.
Qu'est-ce que je fais à minuit passé dans un appartement bourré d'inconnus ?

Ma première impression est de fuir d'ici aussi vite que possible, avant que je le regrette. Ça fait dix minutes à peine qu'on a posé un pied dans cet minuscule appart rempli de monde, avec des gobelets noirs qui traînent partout.

Je parle pas de la musique hard-rock qui bousille mes tympans, ni des personnes déjà ivres mortes affalées par terre, sur le canapé, sur les chaises, et sur le balcon.

—J'ai pas pris mes cachets, je réussis à crier à l'oreille d'Alex qui n'arrête pas de saluer tout le monde.

—Déstresse, me sourit-il en glissant sa main dans la mienne.

Je l'enlève aussitôt comme s'il m'avait brûlée. Cet idiot se marre.

Pourtant comme je connais personne, j'ai intérêt à le suivre dans cet endroit suffocant de monde et de marijuana.

Après avoir galéré à slalomer entre les personnes éméchées et en enjambant d'autres, on atterrit loin de cette musique qui me cassait les oreilles, en arrivant dans la cuisine. Elle est toute aussi bondée, mais les deux grandes fenêtres qui sont ouvertes rendent l'atmosphère respirable.
Je m'approche d'elles, en me calant entre deux filles qui rigolent avec un garçon de la bande à Alex. Ce dernier se dirige vers les grands sceaux de glaces qui contiennent plusieurs bouteilles d'alcool, pour nous préparer deux verres.

Sous la brise fraîche de la nuit, je parviens à faire diminuer mon rythme cardiaque, et me mets à observer les personnes autour de moi. Certaines se bécotent et se frottent sans aucune gêne, pendant que d'autres discutent ou dansent avec des visages shootés.

Je suis jamais allée à une fête.
Et je crois que je n'y retournerai plus.
C'est dix fois pire que ce que j'ai vu dans les films.

—Tiens.

Alex me tend un gobelet noir et je jette un coup d'œil au breuvage. Le liquide est blanc avec une cerise dedans. Je le rapproche de mon nez, c'est de la vodka.

Alex fait un pas pour se rapprocher de moi et scelle ses yeux aux miens pour trinquer.

—À notre dernière soirée, déclare-t-il avec un drôle de sourire aux lèvres.

—C'est ça, je marmonne avant de ramener le verre à ma bouche.

La fraîcheur de la vodka me fait du bien. Il fait si chaud ici, que j'ai l'impression que le vent frais de l'extérieur ne suffit pas.

Je continue de boire mon verre en silence, en veillant à bien ignorer le regard insistant d'Alex qui fait que de m'observer depuis cinq bonnes minutes.
Quand il termine son gobelet d'un coup sec, il le jette derrière lui. Je rive mes yeux dans les siens pour essayer de comprendre ce qu'il fait.

—Panier ou pas ? me demande-t-il.

—Quoi ?

—Il a atterri dans l'évier ? répète-t-il avec un petit sourire aux lèvres.

Je me penche pour regarder derrière lui, et il en profite pour attraper une mèche de mes cheveux qu'il enroule autour de son index.

Son contact m'électrise sur le champ. Je tourne la tête pour tomber nez à nez sur ses lèvres trop proches des miennes.

—Alex ! je peste en reculant contre le mur.

Ma mèche se déroule de son doigt, pendant qu'un rire franc s'échappe de sa gorge.

—Quoi ? fait-il innocemment.

Ses yeux déjà brillants sont plus intenses que d'habitude. Pourtant je reste froide en le fusillant du regard.

—T'es pas marrante, s'eclaffe-t-il. Je vais chercher un autre verre.

—Attends ! je m'exclame en le retenant par le bras.

Son regard surpris s'abat sur moi.

—C'est toi qui me ramène je te signale, dis-je en le sermonnant. Alors vas-y mollo avec l'alcool.

Il pose ses yeux sur ma main qui le retient, et colle son corps au mien.
Seigneur, qu'il est lourd.

—T'inquiètes, souffle-t-il d'un air malicieux. Je gère.

J'expire un soupir agacé, avant de le pousser brusquement. Mais il revient se presser contre moi, penche sa tête à mon oreille.

—On oublie notre vie merdique ce soir, ma belle. Profite, demain on replonge dans nos cauchemars.

Il me fait un petit clin d'œil pendant que je reste bouche bée. Je le vois s'éloigner pour se préparer une autre boisson, alors que ses paroles ne cessent de tourner en boucle dans ma tête.

Alex souffre, autant que moi. C'est indéniable.