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Dix minutes plus tard, Mitch, Matt et moi, traversons le parking de la résidence

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Dix minutes plus tard, Mitch, Matt et moi, traversons le parking de la résidence. L'air frais me fait frissonner mais il me fait du bien. J'ai cru que je ne sortirai jamais de cet appart.

On se dirige tous les trois vers une clio verte en piteuse état.

—Tiens, c'est pour toi.

Mitch me tend un vieux téléphone portable.
Je le remercie d'un signe de la tête, avant de m'apercevoir qu'il s'agit d'un alcatel 1060.
Je prends une profonde inspiration en me disant que ça fera l'affaire.

—Il a déjà une carte sim, m'explique Mitch devant la voiture. Il est prêt à l'emploi.

Il se penche pour me faire un clin d'œil.

—Et Sam a déjà ton numéro.

Je lui souris, tristement, et range le téléphone dans mon sac.

—Tu viens ou quoi ? lance Matt d'un air agacé.

—Elle ne monte pas avec toi, le rembarre Mitch en fronçant les sourcils.

Matt croise les bras sur son torse.

—Et pourquoi pas ?

—C'est bon Mitch, je lache d'une voix lassée. Je peux monter avec lui, tant qu'il me dépose chez moi. C'est tout ce que je demande.

Le grand baraqué contracte sa mâchoire, puis contourne la voiture pour aller se planter devant Matt.

—Si tu la touches, le menace-t-il en bombant son torse, si tu la dragues, si tu poses ne serait-ce qu'un petit doigt sur elle, t'es mort.

J'aime bien que Mitch se montre protecteur envers moi, mais j'ai vraiment pas envie d'assister à une énième dispute entre mecs. J'ouvre la portière en priant qu'ils me ramènent vite chez moi.

—Ouais c'est bon, réplique Matt d'un air nonchalant avant de sauter dans la voiture.

Quand la clio démarre enfin, je souffle de soulagement.

—On en a pour combien de temps ?

—T'es pressée ?

J'évite de le regarder. Je sais très bien qu'il doit avoir son petit sourire aguicheur, mais ça ne marche pas sur moi. Du coup, je décide de me taire. Je vais pas lui donner l'opportunité de me draguer en ouvrant ma bouche. Je tourne la tête vers la vitre, laissant mes yeux dériver sur les immeubles qui défilent.

Matt me répond qu'on en a pour une quinzaine de minutes, et qu'une fois chez moi, ils vont procéder par roulements, et qu'il y aura toujours quelqu'un avec moi lors de mes déplacements.

Vu que je ne compte pas sortir de la maison jusqu'à la fin de ma vie, je l'ignore royalement en gardant mon regard rivé sur le paysage.

Vu que je ne compte pas sortir de la maison jusqu'à la fin de ma vie, je l'ignore royalement en gardant mon regard rivé sur le paysage

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Vivement que je rentre chez moi, que je retrouve le confort de ma chambre. La douce voix de ma mère, et un gros câlin de mon père. De les serrer dans mes bras après ce weekend cauchemardesque.
Honnêtement, j'ai cru qu'il ne finirait jamais. Mais j'avais encore moins prévu qu'il se termine comme ça.

Sans Sam.

Son absence me procure un affreux vide en moi. Un noeud se forme dans mon estomac quand je repense à notre séparation. Son expression lorsqu'il est parti. Grave et douloureuse. Elle est gravée dans ma mémoire et me fait un mal de chien.

Ma vie est indéniablement pourrie. Je vais finir les vacances scolaires, prostrée dans mon lit. Enfermée à double tour dans ma chambre jusqu'à que le lycée reprenne.

—T'as des plans pour ces vacances, ma belle ?

Je tourne la tête pour le fusiller du regard.

—Ne m'appelle pas comme ça. Toi et moi on n'est pas assez intimes pour que tu te permettes de m'appeler ma belle.

Avec un sourire charmeur, il se penche vers moi.

—Mais on peut arranger ça si tu veux ?

Sa voix suave me donne envie de vomir. Je serre les dents pendant que ses yeux bleus me détaillent de haut en bas. Il se mord la lèvre inférieure, un frisson de dégoût me traverse le corps.

—Tant qu'ils n'auront pas mis la main sur Naume, toi et moi on va devoir passer beaucoup de temps ensemble.

—Plutôt mourir.

—T'as pas le choix, ma belle. Les Angels ne sont plus dans le coup. On a prit la relève.

—Et alors ?

Fier comme un coq, il sourit d'un air espiègle.

—Et alors, toi et moi on va apprendre à se connaître.

Son souffle parfumé de menthe échoue sur mon visage. Je plonge dans son regard qui me déstabilise. C'est le même qu'Alex. Puissant, et intensément bleu.

Troublée par son assurance, je cligne plusieurs fois des yeux pour reprendre mes esprits. Je ne suis plus amoureuse d'Alex. Je ne suis plus amoureuse de ses foutus yeux azurs. Matt est prétentieux et sûr de lui. Un dragueur né, pire que son frère.

—Toi et moi ça va pas le faire, je parviens à articuler en plongeant mon regard déterminé dans le sien. Je suis avec Sam.

Alors qu'il contracte ses mains sur le volant, je poursuis d'un ton sec.

—Même si en ce moment c'est compliqué, je sais qu'il reviendra vers moi. Il l'a toujours fait.

Matt éclate de rire, avant de rétorquer :

—Sam n'est pas ce que tu crois. Il n'en a plus rien à foutre des filles. Encore moins de quelqu'un comme toi.

—Et pourquoi ? je crie furieuse. Je suis comment pour pas lui plaire ?

Il tourne la tête vers moi avec ce fichu sourire au coin.

—T'es qu'une gamine.

Il me fait un petit clin d'œil, avant d'augmenter le volume de la radio.

Les larmes me montent aux yeux.
Il a raison.
Qu'est-ce que je peux répondre face à ça ?

Son comportement de toute à l'heure dans la chambre quand on a voulu aller plus loin, me confirme que Matt dit vrai. Je suis qu'une gamine de dix-sept ans aux yeux de Sam.

Je reconnais soudain mon quartier, et une incroyable bouffée de bien-être vient m'envelopper. Un puissant sentiment de sécurité.

Je suis enfin chez moi.

Je trépigne d'impatience de revoir mes parents, mais c'est horrible, mon cou me démange. Sans parler de mon dos qui est en feu.
Comment vais-je faire pour appliquer la crème de soin ? Pour me laver ?

Alors que Matt se gare devant chez moi, je me demande comment ils ont réussi à négocier pour que je n'aille pas à l'hôpital ?
C'est vraiment très bizarre que le SAMU ait accepté qu'une victime d'empoisonnement reste sur place. C'était peut-être pas un vrai empoisonnement ?
J'ai même pas pensé à poser la question à Mitch.

Quoiqu'il en soit, je suis dans la merde avec ces bandages. Est-ce que je dois en parler à ma mère pour qu'elle m'aide ? Qu'est-ce qu'elle...

Les portières de la clio se verrouillent brusquement.

Je rive mon regard sur Matt. Son visage est crispé, tendu au maximum.
Alors que je lui demande ce qu'il a, il sort son portable, et deux secondes plus tard il déclare d'une voix grave au combiné :

—Alerte. Code 2.

Just Play 2  (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant