Just Play 2 (Terminé)

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Je le fixe, complètement estomaquée.
Ses mains viennent entourer mon visage, son regard sérieux se plante dans le mien.

—J'irais parler à tes parents demain.

—Quoi ?

—Tu n'es plus en sécurité. Ils doivent savoir ce qui s'est passé ce weekend au chalet, rétorque-t-il d'un ton grave.

Abasourdie par ses paroles, je tente de me lever de ses genoux pour retourner m'asseoir sur mon siège. Mais ses mains agrippent fermement mes hanches.

—Reste ici bébé, lance-t-il soudain inquiet.

—Non, je crie en me débattant.

Surpris, il retire ses mains et j'en profite pour sauter sur le siège.

—Tu te rends compte de ce que tu dis ? j'hurle affolée. Tu sais le mal que ça va leur faire ?

Je le fusille du regard, alors qu'il continue de me fixer avec la mine fermée.

—Tu me fais quoi là ? je continue hors de moi. Tu me parlais de toi, et tout d'un coup tu me demandes de quitter mes parents pour vivre avec toi ?

Il contracte la mâchoire et sort une clope de son paquet.

—Mais merde, Sam ! Comment tu veux faire ça ? Comment tu veux encore leur enlever un enfant ? Comment tu veux leur dire que je suis en danger ?

Il détourne son regard, ouvre la fenêtre, et allume sa cigarette.

—Tu ne peux plus vivre comme avant, déclare-t-il d'un ton sec sans me regarder.

—Mais pourquoi ? j'hurle les larmes aux yeux.

—Parce que t'es en danger de mort, putain !

Il me regarde droit dans les yeux, le visage transpirant la colère.
Je reste bloquée sur son regard.
Froid. Inquiet. Déterminé.

Et son portable qui n'arrête pas de vibrer depuis toute à l'heure, n'arrange pas son humeur.
Comment est-il passé si rapidement d'un ton de la confidence à un...ordre ?

Est-ce qu'il m'a donné un ordre ?

Sans me lâcher des yeux, il enfouit sa main dans la poche arrière de son jean et décroche.

—On arrive bordel ! gueule-t-il. Deux minutes ok ?

Il raccroche sans même attendre la réponse à l'autre bout du fil.

—Sam...dis-moi que t'étais pas sérieux avant ? je demande d'une voix tremblante. Tu vas pas tout raconter à mes parents, hein ?

Il fume en silence. Et quand il fuit mon regard comme il le fait, je sais que ça présage rien de bon.

—Réponds-moi, Sam.

—Je dois te protéger.

Sa voix n'est plus aussi dure qu'avant. Elle est même empreinte d'une forme d'inquiétude.

—Et si je refuse ?

Il inspire une longue taffe, avant de jeter le mégot par la fenêtre.

—T'as pas le choix.

Sa voix claque comme un couperet. Comme ordre sans appel. Comme une décision qu'il impose à un de ses sujets.

Énervée, j'ouvre brutalement la portière pour sortir en trombe de la voiture.

Je cours aussi vite que je peux, quand j'entends une autre portière claquer derrière moi.

Les larmes aux yeux, je fonce droit devant moi, mais quelqu'un met brutalement fin à ma course en m'agrippant par le bras.

—Hop pop pop ! s'exclame Mitch. Tu vas où comme ça belle demoiselle ?

—Lache-moi Mitch ! S'il te plaît !

—Tu chiales ? s'offusque-t-il en apercevant mes yeux rouges. Qu'est-ce que t'as fait, gros ?

Sam nous rejoint, Mitch libère mon bras.

—Laisse-nous s'il te plaît, dit-il en colère au baraqué. On a pas fini de parler.

—Si, j'hurle hystérique, on s'est tout dit !

—Une petite crise de couple ? s'amuse Mitch d'un regard malicieux.

—Mitch, ramène-moi chez moi s'il te plaît.

Ma voix tremble tellement, que face à ses gros yeux marrons j'ai l'impression d'avoir parlé chinois.
Pourtant son mignon visage d'ours change pour arborer une expression plus sérieuse. Il échange un long regard avec Sam, alors que je sens que je vais exploser.

Je veux juste rentrer chez moi, avec mes parents, peu importe si la sorcière y est aussi. Toute cette histoire de danger et de protection, me dépassent.

—On doit rejoindre les autres.

Je relève les yeux pour croiser le regard froid de Sam.
Mitch n'est plus là.

—Je veux rentrer chez moi, je déclare d'un ton sec et sans appel.

—Bébé...

—Non Sam. Je. Veux. Rentrer. Maintenant.

Je le mitraille du regard comme je l'ai jamais fait avant. Il est hors de question que j'aille vivre avec lui et que je laisse mes parents seuls.

—Très bien, déclare-t-il en plantant son regard noir dans le mien. Je leur parlerais ce soir.

—Hein ?

—Pourquoi attendre ? sourit-il en commençant à marcher devant moi.

Du coup, je ne suis plus pressée d'aller chez Marysa. Il faut qu'on déménage demain.
Je dois absolument trouver une autre famille que Sam ne connaît pas, et que je disparaisse de sa vie.

—Bébé ?

Il jette sa clope, revient vers moi et enroule ses mains autour de ma taille pour me tirer contre lui.

—On arrête nos conneries ? souffle-t-il d'une voix douce.

Lentement, je relève les yeux vers lui.
Il paraît plus apaisé qu'avant.

—Je veux pas que tu racontes à mes parents ce qui s'est passé ce weekend, je marmonne d'une voix suppliante.

—Alors viens vivre avec moi.

Mon cœur s'attriste. Je me blottis contre son torse.

—J'ai pas envie de quitter mes parents.

—Hey bébé, dit-il en relevant mon menton. Je t'ai pas dit que ce serait définitif. C'est juste temporaire. Le temps qu'on piège Naume.

—Et Constantin ?

Il contracte sa mâchoire.

—On l'a à l'œil, ne t'inquiètes pas. Normalement il devrait se tenir à carreau.

Je ferme les yeux en poussant un profond soupir. Pourquoi ma vie est si compliquée depuis quelques jours ?
Pourquoi j'ai l'impression que le destin s'acharne sur moi ?
Est-ce si difficile de demander un instant de répit ?

Sam me serre fort dans ses bras comme s'il comprenais ma douleur.

—Je sais que c'est pas facile ce que je te demande bébé. Mais on doit te protéger. Je dois te protéger.

Je sais qu'il a raison. Je sais que je me voile la face avec tous les événements qui me tombent dessus depuis ce weekend.

Je sais que je dois me protéger si je veux rester en vie.

—Ok, je murmure.

Il m'adresse un sourire soulagé.

—Je te promets que tout ça sera bientôt fini.

J'hoche la tête.
Il se penche pour déposer un doux baiser sur mes lèvres.

—On va au Fairy ?

J'acquiesce en silence. Il glisse sa main gantée dans la mienne, et m'entraîne vers la boîte de nuit.