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Point de vue MITCH

2 semaines plus tard- Juillet

—Je vais lui exploser les couilles !

Ma voix rugit en plein milieu du bar comme le père de Simba avant qu'il meure.
Paix à son âme.

—T'as réveillé la ptite, s'énerve Pablo en cajolant notre petite princesse dans ses bras.

La pauvre a sursauté de peur.

Je sors une barre de Mars de la poche de mon short, déchire le sachet avec mes dents, avant de lui tendre pour me faire pardonner.

—Tiens la ptite princesse à Papa. Mange, ça ira mieux.

Mon traître de mari stoppe mon élan en donnant un coup sec à la barre que je tenais du bout des doigts.
Elle tombe par terre.
Je crie.

—Quand est-ce que tu vas comprendre que le chocolat hyper calorique est interdit aux bébés ? s'agace encore plus Pablo sous mes yeux affolés qui cherchent mon précieux Mars. Elle a que neuf mois, grrr !

—Écoute ton mari, rajoute Sonya d'une voix maternelle irritante. Arrête de lui donner des sucreries.

Je soupire de soulagement quand l'objet de mon bonheur se trouve de nouveau entre mes doigts. Je souffle dessus, avant de l'avaler aussi sec.

—Vous comprenez rien à la vie, je grogne en me tournant vers mon bébé qui me fixe avec ses magnifiques petits yeux marrons.

Je lui fais des giligili sous le menton, m'approche de son visage de poupon et ouvre grand ma bouche pour qu'elle sente cette délicieuse odeur de chocolat dans ses petites narines.

—Irrécupérable, souffle Pablo en roulant des yeux.

—Explique, soupire Sonya qui feuillette toujours son magazine de robes de mariées sur le comptoir du bar.

Mon sérieux revient en force.

—Je vais lui couper sa petite bite ! je gueule en tapant du poing.

—Arrête d'être aussi vulgaire ! s'emporte Pablo qui se lève de la chaise pour aller bercer notre fille ailleurs.

—Tu parles de qui à la fin ? s'impatiente la future mariée en me fusillant du regard.

Je glisse ma main dans ma deuxième poche. Celle qui est réservée au coups de stress extrêmes. J'en sors deux petits œufs Kinder, que j'ouvre avec une nervosité inqualifiable avant de les gober aussi vite.

—Un problème ? lance Blaise qui nous rejoint.

Habillé d'un costard de couleur beige, il embrasse sa fiancée sur la joue en l'interrogeant du regard.

—J'attends toujours la réponse, rétorque cette dernière en reportant son attention sur le magazine ouvert devant elle.

Elle tourne les pages avec nonchalance sans se préoccuper du drame de l'année.

Blaise avec ses éternels cheveux gris, se positionne derrière elle pour regarder avec attention toutes les robes de mariées.
La sauce moutarde me monte au nez.

Suis-je le seul à me préoccuper du cas Jem ?

—Sam. N'est. Pas. Rentré.

Ma voix qui gronde a parlé en morse pour qu'ils comprennent mieux la situation d'urgence dans laquelle on baigne.

Sonya se tourne vers son fiancé avec une moue sérieuse, pendant que celui-ci soupire de lassitude.

—C'est une vieille histoire mec, laisse tomber.

—Laisser tomber ? je m'étrangle avec un morceau de kinder au milieu de la gorge. Vous rigolez j'espère ? Vous me faites la blague du quatorze juillet ?

—On est le seize bouffon, claque la voix lassée de Blaise devant moi.

—C'est vrai que ça fait un bail qu'on n'a pas vu Sam, déclare Sonya d'un ton préoccupé.

—Ouais, il a fait son choix.

Blaise lui plante un baiser sur la joue, avant de s'éclipser comme un voleur dans son bureau.

Depuis que Monsieur a pris les rênes du district, il se prend pour le Président de la république. Pire que son père.
Je lui crache des éclairs dans le dos avec mes yeux foudroyants, avant de reporter tout mon sérieux sur la seule qui paraît saisir la gravité de la situation.

—Tu crois qu'il a refait sa vie ? demande Sonya en refermant son magazine.

Ses sourcils sont froncés, ses coudes soutiennent sa tête qui me fixe d'un air pensif.

—Mais sa vie est avec Jeanne ! je m'exclame en me penchant vers elle. Elle a eu vingt-un ans et il n'est pas réapparu comme il lui avait promis ! C'est sûr, y a une couille !

—Et tu proposes quoi ?

Elle tourne nerveusement sa bague de fiançailles entre ses doigts manucurés.

Mes fesses pivotent sur la chaise haute pour jeter un coup d'œil à mon mari et ma petite Vaïna. On l'a adoptée à Haïti y a sept mois. Elle est notre trésor à tout les deux.

Je soupire en repensant à ces quatre dernières années. Tout le monde s'est rangé. Sonya est la dernière. Elle va se marier à ce trou du slip dans quelques semaines.
Jean s'est pacsé avec la fille de la boulangère, et Clemire a disparu de la circulation quand le frère d'Alex a été arrêté et mis en prison.

—C'est quand que t'as eu de ses nouvelles ? j'interroge Sonya en me retournant vers elle.

Gênée, elle ramène son index en bouche pour le ronger.

—Plus aucune depuis qu'on est parti de Pologne.

Je manque d'écraser tous mes chocolats qui vivent dans mes poches.

Mes poings étaient si serrés que je les ai ramenés contre mon torse de bodybuilder pour éviter de frapper le comptoir.
J'ai pas envie que Pablo me punisse de sexe encore une semaine sous prétexte que je contrôle pas mes humeurs.

Le visage grave, je fixe Sonya qui comprend assez vite que j'ai pas eu de nouvelles non plus.

On est les pires amis au monde.

Sam est sorti de la vie de Jeanne pour  l'éloigner de la malédiction de mes coucouniettes, et on l'a laissé faire sans se préoccuper de savoir s'il allait bien.

Je plonge mon visage dans ma veste débardeur pour sniffer l'odeur des fraises tagada. Elles ont toujours su réconforter mes culpabilités noires.

Une fois shooté à leur arôme si envoûtant, je tape du poing sur le comptoir en prenant la troisième meilleure décision de ma vie :

—On va le chercher !

ҨҨҨҨ

Just Play 2  (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant