À neuf heures, le lendemain, après m'être disputée avec Alisha et après m'être douchée, je sortais prendre l'air. Les écouteurs étroitement fixé sur mes oreilles, je longeais la Seine. Le son était à son maximum, comme ça je pouvais faire le vide dans mon esprit.
Je marchais tranquillement, lorsque je me sentais brusquement bousculée. Mes écouteurs glissaient le long de mon cou, tandis que je cherchais déjà du regard la personne qui m'avait dérangée. J'observais alors un jeune garçon, pâle et les cheveux mi-longs ; il semblait totalement gêné par ce qui venait de se produire.Je glissais calmement mon portable dans ma poche, avant de refermer les bras sur ma poitrine. Il allait s'excuser ou bien ?
Il restait planté comme un poteau, devant moi, les yeux ronds.
J'ai quelque chose sur le visage ou quoi ? pensais-je, nerveusement.
Me sentant mal à l'aise par rapport à son regard qui était nettement entrain de me dévisager, je toussotais.— Ça ne va pas ? Demandais-je alors, impatiente.
Il semblait aussitôt reprendre possession de son corps. Je jetais un rapide coup d'œil derrière moi, il n'y avait personne.
Ce garçon était vraiment étrange.— Je... hum... désolé, souffla-t-il. C'est... mon pote... mais on ne sait pas déjà vu ?
Je fronçais les sourcils. Il avait dû mal à parler ? Il était peut-être étranger ?
Je secouais cependant négativement la tête ; son visage ne me disait rien. J'observais derrière lui, deux garçons entrain de l'attendre. Ils nous fixaient, et je savais qu'ils devaient parler sur nous. Je décidais de passer outre, sans y accorder la moindre importance.— Théodore, sourit-il rapidement en me tendant sa main.
— Charlotte, répondais-je en répondant à son geste.
— J'espère que l'on se reverra ! Souffla-t-il, visiblement mal à l'aise que ses potes soient entrain de nous observer.
Je me forçais d'acquiescer en fronçant les sourcils, je ne le connaissais pas. Pourquoi veut-il que l'on se revoit ? pensais-je.
Je détournais mon chemin, lorsque je sentais une pression se faire sur mon épaule. Je faisais aussitôt volte-face, en coupant mon souffle. C'était encore lui.— Au fait, désolé. J'organise une soirée ce soir, dans le treizième arrondissement, expliqua-t-il, j'aimerai savoir si tu voudrais passer ?
— Pourquoi pas, lançais-je en haussant les épaules ; ça pourrait faire du bien à Alisha et à moi qui étions en dispute. C'est à quelle heure ?
Un large sourire naissait sur son visage. Je voyais encore ses potes, quelques mètres plus loin derrière lui ; toujours entrain de nous observer.
— C'est à vingt heures, et tu peux ramener des amis si tu veux !
Il se précipitait vers moi pour me noter son adresse sur mon portable ainsi que son numéro. De mon côté, je me demandais bien pourquoi j'acceptais sa proposition alors que je ne le connaissait ni d'Ève ni d'Adam. Soudain, je repensais à la dispute que j'avais eu avec ma pote Alisha, hier soir, quand elle soulignait le fait qu'elle s'amusait elle, en sortant tous les soirs, en buvant, en voyant ses potes ; et je ressentais soudainement un sentiment nouveau, un sentiment de puissance. Pour une fois, je me sentais au dessus d'elle, moi aussi j'allais vivre une aventure. Moi aussi, j'allais sortir, moi aussi j'allais faire la fête avec un garçon que je ne connaissais pas ; et j'allais, moi aussi, m'éclater. Je me permettais alors de lui offrir l'un de mes plus beaux sourires.
Il était temps que je prenne ma vie en main.— Très bien, acquiesçais-je, convaincue, à ce soir alors !
Il me répondait par un large sourire, tandis que je reprenais lentement ma marche.
Finalement, je m'étais peut-être trompé sur ce garçon ; il n'était sûrement pas aussi étrange qu'il ne paraissait.
Dans tous les cas, il faudrait que je rentre à l'appartement, où j'avais laissé Alisha en plan, pour lui faire part de la nouvelle.
Je savais qu'elle ne m'en voudrait plus. C'est ainsi ; depuis le temps que l'on se connaissait, nous avions l'habitude de nous disputer, de laisser couler, et après, on se reparlait comme si de rien était.D'une démarche maladroite, je prenais place sur un banc encore inoccupé. Je repensais alors à notre dispute ce matin ; au sujet de son comportement. Je l'avais peut-être un peu trop brusqué, mais en même temps, elle ne pouvait pas le nier ; ces derniers temps, elle était complètement absente. Je ne la voyais que rarement. Elle passait son temps à sortir, à faire la fête avec ses potes de sa fac d'art. Elle avait bien raison d'en profiter !
Mais quand même, ce n'était pas de la jalousie que j'exprimais - quoique peut-être un peu, qui sait ? - mais j'avais l'impression d'être toute seule. De passer mes journées qu'avec moi-même.
Et je ne suis vraiment pas une personne intéressante, lançait une petite voix au fond de ma tête.
Je crois que je ne supportais plus d'être moi-même en réalité ; je me sentais tellement enfermé et à l'étroite dans un corps que je n'acceptais guère.
J'avais comme le sentiment d'étouffer sans sa présence joyeuse. C'est comme si, sans elle, l'appartement devenait sombre.Du coup, lorsque je lui avait dit que j'avais besoin de lui parler ce matin ; elle était encore sous l'emprise de l'alcool, elle l'avait mal prit. J'avais préféré prendre la fuite, c'était ma manière à moi de contourner les problèmes. Ainsi, je me retrouvais, toute seule, sous un grand soleil matinale, assise sur ce banc, entrain de contempler les pigeons se battrent pour un vulgaire morceau de pain.
J'esquissais même un léger sourire, en scrutant deux pigeons se chamailler ; on aurait dit Alisha et moi.Après quelques minutes supplémentaires de réflexion, je me décidais enfin de rentrer. Le trajet se bouclait en dix minutes ; le parc n'étant pas loin de notre immeuble.
Je grimpais les marches deux à deux, presque même pressée de retrouver ma pote. En espérant qu'elle est décuvé, cette fois.Lorsque je poussais la porte d'entrée, rangeant mes clés dans ma veste militaire, j'entendais l'eau couler. Elle était entrain de se doucher. Je refermais alors brusquement la porte ; ne pouvant plus me retenir de lui annoncer la nouvelle.
— Charlie ? Interrogea-t-elle en élevant la voix, de la salle d'eau. C'est toi ?
Je posais ma veste avant de me diriger vers la salle d'eau.
— C'est moi, je peux entrer ?
— Vas-y !
J'ouvrais doucement la poignée, rentrant dans une pièce pleine de buée. Il faisait extrêmement bon dans la salle d'eau. Alisha sortait tout juste de la douche ; elle était enroulée dans une serviette bleu turquoise ; que son père lui avait offerte lorsqu'elle avait quitté la maison familiale.
Son mascara coulait le long de ses joues. Je secouais la tête. Elle avait encore oublié de se démaquiller avant de passer sous la douche.— Tu vas bien ? Questionna-t-elle en se grattant le front.
Elle paraissait légèrement gênée, comme si elle regrettait amèrement notre dispute de hier. J'observais aussi qu'elle n'était plus sous l'emprise de l'alcool, et je me sentais déjà plus sûre de moi.
— Comme sur des roulettes ! Et toi ?
Elle acquiesçait. J'en profitais pour lui dire ce qu'il venait de se passer.
— Écoute, j'ai fais la rencontre d'un gars, tout à l'heure, au parc, et ce soir il organise une fête ! J'y suis invitée, et il m'a assuré que je pouvais ramener des amis. J'ai pensé à toi.
En face de moi, Alisha affichait un large sourire. Elle avait l'air d'être ravie de pouvoir sortir ce soir. Elle ne se préoccupait guère de savoir si je le connaissais bien ou pas, mais je ne lui en voulais pas : c'était du Alisha tout craché ! Du moment qu'elle pouvait s'amuser ce soir, le reste n'était que secondaire.
— C'est génial ! Je vais me préparer ! Souriait-elle tandis que j'acquiesçais.
Je quittais la salle d'eau ; avant de regagner ma chambre. Je commençais à déballer mon placard afin de trouver une tenue correcte pour la soirée de ce soir.
Je n'avais aucune idée de qui se trouverait à cette fête, ni combien nous serons, et encore moins, s'il y aura plus de garçons que de filles.
En fin de compte, je n'avais aucune indication quant à la soirée, hormis l'arrondissement et l'organisateur.
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〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈
General FictionElle était d'une douce nature, toujours prête à aider les autres. Rarement, il l'avait vu se concentrer uniquement sur elle-même ; mais c'est peut-être ce qui faisait son charme, après tout ? Ce qu'il aimait le plus chez cette créature presque irrée...