57- La randonnée

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Je me décalais lentement de lui, avant de passer les mains sur mon visage. Ma peau était trempée, j'avais pleuré sans même m'en rendre compte.

— La randonnée tient toujours ? Interrogea-t-il en posant sa main sous mon œil afin d'essuyer une larme.

Je lui répondais positivement, lui initiant que j'allais me préparer. J'apprenais par la même occasion que tout le monde était prêt. Jetant un furtif coup d'œil vers la fenêtre, j'observais que la pluie avait cessé ; en même temps que Idriss avait essuyé ma dernière larme. Je me pinçais la joue avant de me lever, empruntant le chemin de la salle d'eau.

Je ne m'éternisais guère sous la douche, parce que tous mes potes m'attendaient déjà en bas. Et je savais que je devais des excuser à Ken et à Théo car je leur avait très mal parlé ce matin.
Lorsque je quittais ma chambre, je croisais Simon dans le couloir. Il avait le regard fixé sur son écran de téléphone, et il marchait à grandes enjambées dans sa chambre. On aurait dit qu'il était très soucieux, les traits de son visage tordus pouvaient en témoigner.
Il ne m'avait pas vu et c'était peut-être une chance. Silencieusement, et le plus discrètement possible, je me collais contre la porte qu'il avait fermé. Pendant un instant il n'y avait aucun bruit, du moins jusqu'à ce que je t'entende sa voix s'élever :

— Allô ?

Malheureusement il n'avait pas mit son interlocuteur en haut parleur. Je ne pouvais donc pas savoir avec qui il était entrain de converser.

— Comment ça que dans une semaine ? S'écria soudainement Simon.

Je me crispais.

— Je ne peux pas attendre !

Fronçant les sourcils, je retenais mon souffle.
De quoi est-il entrain de parler ? pensais-je.

— Non je ne refuse d'attendre ! Hurla-t-il. Je... le ton de sa voix baissait, je suis en manque, tu peux comprendre ça ?

Le sang dans mon corps ne faisait qu'un tour, et je comprenais aussitôt de quoi il s'agissait. Mon coeur se serrait. J'en avais à présent la certitude : Simon se droguait.

— C'est ça dans une semaine ! Soupira-t-il. Connard !

Il venait de raccrocher et heureusement. En guise d'alarme, j'entendais son lit grincer ; probable signe qu'il venait de se lever.
Je dégarpillais le plus rapidement possible avant de regagner ma chambre. Du bas de l'escalier j'entendais Idriss m'appeler. Je lui répondais que je finissais de me coiffer - triste ironie, tous mes potes savent que je ne me coiffe jamais - avant de les rejoindre. Au même instant, le chemin de Simon croisait le mien, et je faisais mine de quitter la pièce dans laquelle je dormais.

— Hey, soufflais-je gentiment. Tu vas bien ?

— Hey, toi ça va mieux ?

Il me fixait, cependant je tiquais. Il n'avait pas répondu à ma question. Je décidais de m'interposer devant lui, lui faisant ainsi barrage juste quelques mètres avant l'escalier ; où tous nos amis nous attendaient pour pouvoir partir.

— Qu'est-ce qui te prends ? Lui demandais-je.

— De quoi ?

Il faisait mine qu'il ne comprenait pas et cela m'exaspérait fortement. Mais, ma petite voix intérieure me disait qu'il fallait mieux que je ne lui dise pas la conversation que j'avais surprit, entre lui et son dealer.

— Je vais bien, souffla-t-il en levant ses deux mains, comme s'il était en état d'arrestation.

— Tu es certain ?

Mais à quoi je jouais à la fin ?
J'étais consciente de le faire chier, mais en le voyant là, devant moi, pâle, et probablement en manque de sa drogue, je n'avais qu'une envie c'était de le prendre dans mes bras. De lui dire que tout allait s'améliorer dans les jours suivants.
Sauf que j'en était incapable, car moi-même, je n'y croyais pas. Ce ne serait qu'un ultime mensonge qui s'échapperait de mes lèvres. Et j'aimerais cesser de me mentir à moi-même.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant