29- Mes oreilles bourdonnent

781 39 3
                                    

Mes mains agrippaient son visage, alors que j'observais sa poitrine se lever puis se baisser, Mais dans un rythme anormal. En effet, sa respiration était beaucoup trop lente. J'étais non seulement épouvantée mais aussi désorientée.
Je ne cessais de me repasser l'accident en tête, mais je ne comprenais toujours pas.
J'avais la gorge sèche.

— Idriss...

Mais ça ne servait à rien que je me lamente. Il était là sans vraiment l'être. J'étais effrayée. Tous les muscles de mon corps se tendaient automatiquement. Je tentais de me rassurer en me disant qu'il n'avait pas été touché par la balle de l'arme de Léonard, mais seulement amoché par sa chute. Lorsque deux bras m'agrippaient fermement, je poussais des cris de rages incontrôlables. J'étais sur la défensive.

— Lâchez-moi tout de suite !

La pression ne se faisait que plus forte. Je tentais de me débattre, seulement, j'étais à bout de force. Je tremblais, mon corps entier tremblait. J'étais nerveuse, la crise de nerf approchait à grand pas.
Poussant un cri de rage, qui provoquait une nouvelle douleur dans mes cordes vocales, je me penchais brusquement en avant. La pression se relâchait, même si je me sentais tout de même maintenue. De toute façon, je n'avais nul part où aller, et je ne comptais pas l'abandonner. Contre toute attente, il papillonnait lentement des yeux. Mon inquiétude prenait le dessus sur ma nervosité.

— Oh mon dieu ! Lançais-je le souffle coupé, je peinais à respirer. Je t'en supplie, dis-moi que tu vas bien !

Il papillonnait une nouvelle fois des yeux, complètement désorienté. Son regard était vide. Je ne pouvais m'empêcher de sentir les larmes dévaler mes joues, venant s'écraser avec douceur, sur son visage. Un noeud solide se formait déjà dans ma gorge ; m'empêchant ainsi de respirer convenablement.
J'aurais tant souhaité que Alisha soit avec moi, et non pas Mélanie. Je n'avais rien contre elle, mais Alisha saurait comment me parler, me calmer et surtout comment me rassurer en cet instant. Or là, j'étais toute seule. Heureusement que j'étais assise, car je ne tenais plus sur mes jambes. Les bruits étaient au ralenti, et même les mouvements des pompiers à mes côtés, me semblait être au ralenti. C'était très déroutant comme sensation.
J'étais toute seule, accompagné de tous mes démons.

— Mademoiselle, on doit l'emmener avec nous, annonça un des pompiers en s'approchant de moi. Je ne répondais pas. J'étais beaucoup trop méfiante, et soucieuse. Il soupirait, avant de se pencher lentement vers moi. Mademoiselle...

Je ne l'écoutait pas. J'avais moi-même le regard dans le vide. En face de moi, complètement horrifiée, j'observais avec amertume, mon démon - celui qui craignait plus que tout d'être abandonné - se pointer devant moi. Il souriait, jusqu'aux oreilles. Comme s'il se réjouissait de la nouvelle. J'étais troublée, le sol se dérobait sous mon corps. Je m'efforçais alors de faire abstraction de lui, plissant les yeux en serrant les lèvres, jusqu'au sang. J'avais la frousse, mais je gardais le silence. J'étais anéantis par tout les évènements.

— Mademoiselle, répéta-t-il avec plus d'autorité que la première fois.

Une pression se faisait sur ma main, et je revenais aussitôt à moi. C'était lui.
Je poussais un soupir de soulagement, tandis que Idriss laissait tomber sa tête en arrière, avant de fermer doucement les yeux. Je posais alors mon regard sur sa main qui était sur la mienne, dont la pression se relâchait lentement. L'incertitude était le sentiment qui me dominait actuellement.
Quel désagréable sentiment, pensais-je.
J'acceptais de me décaler. Surprenant tout le monde, et moi la première, je repoussais d'un geste parfaitement maîtrisé les personnes qui me tenaient, ainsi que le pompier, avant de me redresser lentement.
J'avais le visage gonflé à cause des larmes. L'angoisse, le chagrin et la confusion se lisaient facilement sur les traits tirés de mon visage. Le pompier m'esquissait un sourire avant de faire signe à son équipe de le rejoindre, pour pouvoir le sauver.
J'entendais l'un d'eux signaler à ses collègues, ce dont j'espérais tout au fond de mon être :

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant