22- On se serre les coudes

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Les minutes défilaient, et même plusieurs heures. Je m'en rendais compte uniquement lorsque le soleil n'occupait plus le ciel, mais que la nuit commençait à l'engloutir.
Je comprenais à présent que lorsqu'il s'isolait c'est qu'il faisait face à ses crises de paniques.
Ken avait finit par se calmer, et il se frottait les yeux, relevant son visage qui était à quelques centimètres du mien ; sans pour autant se défaire de mon emprise. Heureusement qu'il ne faisait pas complètement nuit, sinon je n'aurai pas pu voir son petit sourire prendre place sur son visage.

— Merci, murmura-t-il.

Je lui rendais son sourire avant de détourner le regard. Pourtant, je sentais encore le poids du sien me dévisager.
J'haussais les sourcils en lui jetant un nouveau coup d'œil interrogatif cette fois-ci.

— Oui ?

— Non rien, lança-t-il en secouant légèrement la tête ; baissant le regard. C'est juste que je n'avais jamais été aussi proche de toi.

Il me regardait à nouveau, afin de voir ma réaction. Prise au dépourvue, je ne savais pas quoi répondre. Je lui lançait juste un petit sourire gêné, car je n'y avais jamais pensé en réalité.

— Tu es une bonne personne, Charlie, observa-t-il, en me fixant du coin de l'œil.

— Tu avais besoin de vider ton sac, répliquais-je, gêné par la tournure de notre conversation. Je le lâchais aussitôt. Et j'ai été là. Ça n'aurait pas été moi, ça aurait été quel...

— Ne fait pas ça, soupira-t-il sans pour autant me lâcher du regard.

Je fronçais les sourcils, ne bougeant plus. Ses mains se posaient sur les miennes.

— Je suis désolé, admet-il, si cela te gêne tu peux...

— Pourquoi ? Demandais-je le plus calmement et gentiment possible.

— Ta présence m'apaise beaucoup à vrai dire, expliqua-t-il en haussant doucement les épaules. C'est bizarre, mais je sens qu'avec toi, je peux te confier même mes pires craintes, tu ne te moqueras pas.

— Je ne me permettrais jamais de me moquer d'une personne que j'apprécie, acquiesçais-je lentement.

— Merci Charlie, souriait-il. Tu viens de m'avouer que tu m'appréciais bien.

Je levais les yeux au ciel avant de reporter mon attention sur lui, qui n'avait pas bougé.

— Tu en doutais ?

— Non, indiqua-t-il en me fixant, mais je voulais en être sûr. Je t'apprécie beaucoup moi aussi.

Je souriais, n'osant plus bouger. Pendant quelques minutes, on restait là, nos corps l'un contre l'autre à se regarder, sans parler. Le silence n'était ni gênant, ni effrayant.
Le vent commençait se lever, et à s'infiltrer sous mes vêtements ; désormais on n'entendait plus les voix rayonnantes des garçons dans le salon. Ils avaient dû terminer leur jeu.

— On ne vous dérange pas trop ?

Je me retournais aussitôt en sursautant ; lâchant les mains de Ken qui se reculait légèrement, pour distinguer qui nous parlait : Théo. Ses yeux étaient plissés, signe qu'il se méfiait. Ne sachant quoi dire, je lançais un furtif coup d'œil en direction de Ken, qui se passait la main dans les cheveux afin de les remettre en place.

— On réglait quelques comptes, soupira-t-il en fixant son pote.

— On faisait une petite mise en point, acquiesçais-je.

— En vous enlaçant ? Répliqua soudainement Théo en nous observant tour à tour.

Ken poussait un soupir avant de reprendre la parole sur un ton légèrement agressif :

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant