59- La lettre

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Une heure, peut-être même deux s'écoulaient lorsqu'on décidait de regagner notre petite bande. On avait eu le temps de sécher et on se rhabiller rapidement ; il faisait à présent bien nuit.
En revenant sur nos pas, j'entendais au loin la voix de nos amis s'élever ; ils conversaient gaiement, mais nous n'étions pas assez proche pour pouvoir comprendre le sujet de leur discussion.
Alors que je marchais, je ressentais une pression brusque sur mon poignet. Affolée, je me retournais, en direction de Idriss.

— Dans ce bas monde, tout est illusion, souffla-t-il.

La lumière de son cellulaire était entrain de m'aveugler et je ne comprenais pas pourquoi il me disait ça. Je fronçais les sourcils, prête à le lui demander, mais au même instant il reprenait brusquement la parole :

— J'ai peur du futur et de toutes ses conséquences. J'ai peur de m'éloigner des bonnes personnes et de côtoyer les mauvaises. J'ai peur de ne plus passer autant de temps avec les personnes que j'aime. J'ai peur de devoir leur dire "au revoir". J'ai peur de la prochaine fois que je les reverrais, et de nos discussions.

Il marquait une nouvelle pose en baissant un peu la luminosité de son cellulaire. Je l'écoutais attentivement.

— J'ai peur d'oublier tous nos merveilleux moments et toutes nos galères qu'on a traversé ensemble. J'ai peur de devenir une poussière dans leurs mémoires. J'ai peur d'être remplacée. J'ai peur de parler d'eux au passé, et non plus au futur. J'ai peur de laisser tomber tous nos projets qu'on avait évoqué jadis, quand on était encore tous ensemble. J'ai peur de les oublier un jour. J'ai peur des différentes directions que l'on prendra.

Je restais bouche bée, je trouvais cela très beau, et ça résumait aussi mes pensées les plus profondes.

— Oui j'ai peur de tout ça moi aussi, lançais-je aussitôt, mais sache que de mon côté, je ne t'oublierais pas et que je serais toujours là si tu as besoin de moi.

Il souriait légèrement ; on aurait dit qu'il avait besoin d'être rassuré lui aussi, que quoiqu'il advienne, je ne l'oublierai pas.

— Je t'ai écrit une lettre Charlie.

— Une quoi ?

Je le fixais, il ne bougeait pas et il ne le répétait pas. J'avais pourrait bien entendue.
Mais pourquoi m'écrire une lettre ? Je n'ai rien fait pour mériter cela ? observais-je.

— Je sais que ça peut paraître complément fou, voir même effrayant, reprit-il, mais je te l'ai écrite lorsque tu étais à l'hôpital ; pour ton... poignet.

Je savais encore qu'il avait dû mal à en parler. Je m'avançais vers lui, lui saisissant la main, pour lui montrer que j'étais présente pour lui.

— Et je veux que tu l'as lise.

- C'est avec plaisir que je le ferai, acquiesçais-je à plusieurs reprises. On ferait mieux de retrouver les gars, ils vont commencer à s'inquiéter.

D'un commun accord, on revenait sur nos pas ; afin de retrouver nos amis ; entrain de discuter joyeusement. Un sourire occupait mes lèvres depuis que Idriss m'avait avoué qu'il m'avait écrire une lettre.
On se plaçait à côté d'eux, lorsque je voyais le garçon que j'aimais me faire un signe de la main pour que je le rejoigne. Je m'excusais auprès de Alisha et de Hakim, avec qui j'étais entrain de discuter. Je voyais en me mettant à côté de lui, qu'il tenait un morceau de papier dans ses grandes mains tremblantes.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant