65- Un cœur incosolable

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Trois mois se sont écoulés depuis ma rupture avec Idriss, et je ne l'ai revu qu'une seule fois. On s'est croisé lorsque je traversais le parc, on s'est simplement salué. Ken et Hakim n'ont eu de cesse de me laisser des messages pour que l'on se voit, mais j'ai préféré les ignorer jusqu'à présent. Je n'avais pas trop la tête à revoir les garçons, même si je tenais beaucoup à eux. Me rendre chez eux, et revoir Idriss et faire comme si de rien n'était, me faisait encore trop mal au cœur. Alisha avait tenté à sa manière de me soigner de mon chagrin, mais le seul à y être parvenu c'était Simon. On s'était beaucoup rapproché, au point même de se donner une seconde chance. Seule Alisha était au courant, même si elle était persuadée que j'aimais encore Idriss. Ce qui était totalement absurde.
Ce jour-là je me rendais chez Simon, la porte de son appartement s'ouvrait, il n'avait point besoin de parler, je savais déjà qu'il se tenait dans l'encadrement de la porte car je n'entendais pas cette dernière se refermer.

— Que faire lorsqu'on a plus rien contre qui se battre ? Soufflais-je dans un murmure en m'asseyant.

Je restais dos à lui, le voir me ferait beaucoup trop mal. Mon coeur se serrait, c'était la quatrième fois qu'il se battait cette semaine, et à chaque fois qu'il partait, je l'obligeait à me promettre qu'il ne recommencerait pas ; mais il continuait. Ça lui faisait du bien de se battre. Il se sentait mieux ainsi.
À chaque fois qu'il rentrait, j'avais des hauts le cœur. J'espérais de tout coeur pouvoir le regarder à nouveau en face, mais je n'y parvenais pas. Il ne me laissait pas le choix, je pensais naïvement que ses premières blessures aller guérir, mais il reprenait des coups au même endroit.
Son silence me faisait encore plus mal, mon estomac se tordait dans tous les sens. Fermant les yeux, je tentais de contrôler doucement ma respiration qui était entrain de s'affoler. J'étais fatigué de tout ça. Je ne voulais pas m'inquiéter éternellement pour lui, et il semblait se foutre de moi et de mes sentiments.
J'ignorais contre qui il se battait à chaque fois, comment pouvait-il encore trouver des ennemis ?

— On trouve toujours une raison de se battre, lâcha-t-il d'un ton parfaitement neutre.

Prise de surprise, je me retournais brusquement vers lui ; me levant d'un bond, je sautais sur mes pieds.
Il est entrain de se payer ma tête à présent ! pensais-je avec rage.
Mon regard scrutait son visage balafré, déformé par les coups et par la douleur, et ensanglanté au niveau de la joue mais aussi du front. Du sang tâchait son beau t-shirt bleu, de la même couleur que ses yeux.

— J'en ai assez que tu te payes ma tête ! Putain Simon ! Regarde l'état dans lequel tu rentres ! Bordel ! Je te déteste !

Mes mains brassaient de l'air tant j'étais énervée, et brusquement je me retrouvais coincé dans les bras maigres de Simon. Il me bloquait comme il le fallait, et doucement, après l'avoir frappé au niveau du torse, je baissais les miens ; posant délicatement ma tête contre sa poitrine. Je pouvais entendre son coeur battre, et c'est complètement idiot, mais je me mettais à pleurer. Mes muscles se relâchaient et je sanglotais bêtement contre son torse. Le fait d'entendre son coeur battre régulièrement m'avait rassuré, même s'il était bien amoché et ensanglanté, il était tout de même vivant.

— Je ne me paye pas ta tête Charlie.

Il passait gentiment ses mains dans mes cheveux, mais je l'en empêchait directement avant de m'écarter brusquement de ses bras.

— Tu te fous de moi, remarquais-je en écarquillant les yeux.

Il s'avançait subitement vers moi mais je reculais de trois pas, alors il s'arrêtait. Il était très effrayant lorsqu'il serrait la mâchoire en même temps que ses poings.

— Je tiens beaucoup trop à toi pour me payer ta tête et...

— Alors pourquoi tu continus !

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant