60- Simon et ses ennuies

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La fin de l'après-midi se déroulait plutôt bien. On était rentré tous très fatigué par cette randonnée.
Nous étions actuellement tous réunit dans le salon. Je lisais Bel Ami de Maupassant, bouquin que j'affectionnais particulièrement, tranquillement assise sur le fauteuil, tandis que Théo faisait la sieste sur le canapé. Alisha écoutait sa musique, Ken s'occupait du repas de ce soir avec l'aide de Idriss, tandis que Hakim zappait à plusieurs reprises avant de tomber sur un film qu'il adorait.
Je pointais mon regard en direction de Simon, qui écrivait dans son carnet qu'il trimbalait partout. Au moment où je m'apprêtais à détourner le regard, je le voyais grimacer.
Il semblait être en panne d'inspiration. Du moins, c'est ce que j'avais imaginé, jusqu'à ce que je le vois serrer la mâchoire en fermant les yeux. Je me rappelais alors de la conversation que j'avais eu avec lui, en fin de mâtinée, lorsqu'on regagnait la maison. Il m'avait avoué ne pas se sentir au meilleur de sa forme. Mais il ne m'avait pas dit ce qu'il avait exactement, et en l'observant, je comprenais qu'il avait mal.
Lentement, il rouvrait les yeux et je faisais aussitôt mine de ne pas l'avoir vu. Simon se redressait en essayant de paraître le plus naturel possible, et le plus décontracté, mais les traits tirés de son visage en disait tout l'inverse. Il s'excusait avant de gravir les marches. On entendait la porte claquer.

— Tout va bien ? S'inquiéta Ken.

Il regagnai le salon, un torchon sur l'épaule.

— C'est juste Sim' qui vient de s'enfermer dans sa chambre, indiqua Hakim sans même quitter son programme des yeux.

Ken revenait sur ses pas, reprenant ainsi la cuisson de son poulet. Lorsque je me levais à mon tour, Hakim décrochait enfin son regard de l'écran ; avant de me dévisager un instant.

— Il n'a pas l'air bien, remarqua-t-il.

J'acquiesçais, c'était ce pourquoi je décidais de le rejoindre dans sa chambre. Je montrais silencieusement les marches, entendant une légère partie de la conversation de nos deux cuisiniers : qui se portait sur les quatre saisons.
Je ne mettais pas longtemps à regagner sa chambre ; frappant doucement contre sa porte. J'attendais qu'il me donne le signal pour pouvoir entrer. Le trouvant alors allongé sur son lit, surprise, je refermais brusquement la porte. Il était vraiment très pâle.

— Comment te sens-tu Sim' ?

— Ça pourrait aller mieux, soupira-t-il.

Je me rapprochais doucement de son lit, l'observant. Sa pâleur m'inquiétait, et de lourdes cernes décoraient le dessous de ses yeux. Je remarquais qu'il était sous sa couverture. Signe qu'il avait froid, alors qu'il faisait vingt deux degrés dans sa chambre. Mais ce qui m'inquiétait d'autant plus était le mystérieux appel que j'avais entendu dans la matinée. Et s'il était en manque de drogue ?

— Je crois que j'ai chopé quelque chose dans la forêt, soupira-t-il en fermant doucement ses yeux.

— Ce n'est pas autre chose ? Demandais-je le plus calmement possible.

Simon rouvrait brusquement les yeux, avant de se redresser en grimaçant. Je me mordais la lèvre inférieure, je ne voulais pas qu'il bouge ; le moindre mouvement lui provoquait des grimaces ; signe que sa douleur était forte.

— Que voudrais-tu que ce soit ? Répliqua-t-il agressivement.

Il plaquait brusquement sa main sur ses côtés.
Un nouvel éclat de douleur passait dans ses iris bleutés puis il fermait les yeux ; comme pour m'empêcher de lire sa souffrance. Le voir dans cet état m'anéantissait totalement. Et j'avais l'impression que je ne pouvais rien faire contre.

— Lorsque j'étais petite, et que j'avais mal quelque part, ma mère me demandait toujours à combien de degré je souffrais, expliquais-je gentiment.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant