52- L'amitié ça pue

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En me réveillant le lendemain, je me retrouvais allongé dans le lit de Idriss ; il avait dû me porter la veille quand on s'était endormi sur le canapé. Je quittais la chambre après m'être étirée, et je descendais les marches. Tout le monde sauf Alisha étaient déjà réveillés. Je saluais les garçons, apprenant par la même occasion que Hakim était parti faire les courses, et que Idriss se douchait.
Je m'avançais vers Sim-Sim qui reculait subitement avant de quitter la pièce en prétextant qu'il devait aller se doucher. Je comprenais rapidement qu'il y avait un problème, et qu'il m'en voulait. Théo et Ken étaient gentils de ne faire aucun remarque, se contentant de lire tranquillement des articles sur leurs tablettes. Je prenais mon petit déjeuner en silence, perdu dans mes vastes pensées. Après mûres réflexions, j'étais enfin certaine de quelque chose à propos de la vie : on était condamné à souffrir.
Vingt ans que je vivais, je ne dis pas que je souffrais depuis vingt ans, non loin de là ; mais j'avais déjà subie beaucoup trop de souffrances pour ces quelques années passé dans le monde des vivants.
Il y a des jours, lorsque je me levais, je me sentais de bonne humeur. J'étais heureuse d'être en vie, je ressentais le besoin de montrer et de dire aux personnes que je les aimais et que je tenais beaucoup à elles. Puis y a d'autres jours, ou j'étais beaucoup plus sombre. C'est ces jours-là où je passais le plus clair de mon temps. Je n'avais envie de voir ni de parler aux gens. Même la personne que j'aimais le plus, pouvait me saouler comme jamais. Je me sentais agressive, je ne savais même d'où provient ce mal-être. Sauf, qu'il y a des jours, comme aujourd'hui par exemple, où je comprenais, je savais d'où venait ma souffrance. Je savais précisément quel en était l'élément déclencheur, mais je refusais de te me l'avouer. Je préférais l'enfouir dans un coffre au fond de mon âme, et je sais que c'est mal. Je sais que ce n'était pas la solution.
Est-ce qu'après, ça va forger mon caractère ? pensais-je.
Ça je ne me le garantissait pas. Rare sont mes souffrances qui se sont transformées en force au fil des années. Ce n'est qu'un vulgaire prétexte pour faire croire à l'homme que sa vie vaut la peine d'être vécue. Mais ce n'est pas vrai. Ce ne sont que des mensonges.
Ah les mensonges !
On vit dedans. On né pratiquement dedans, la mort, le père noël, la petite sourie, et encore j'en passe. Tout ça, ce ne sont que des mensonges. Ta vie est un mensonge. Ton existence n'est rien. T'es rien dans l'univers, et c'est vrai.
Tu n'es important qu'aux yeux de tes proches. Le reste, les gens s'en foutent.
Tu as beau te retrouver au milieu d'une foule, et hurler toute ta colère, ta rage et tes angoisses, si tu es à contre sens, personne ne voudra de toi. Si tu ne marches pas dans leur sens, les gens feront exprès de ne pas te voir. Ils feront volontairement les aveugles.
N'est-ce pas dégueulasse ? pensais-je.
L'humanité me répugne. Je l'ai toujours dit, et je le dirais jusqu'à ma mort.

On a des amis, mais on souffre de leurs actes. Pourquoi ? Justement, les amis ne sont-ils pas fait exprès pour ne pas souffrir ? pensais-je.
Le pire est, que cette erreur je l'ai fait un nombre de fois incalculable, et à chaque fois, je me dis que c'est différent.
Mais bon sang Charlie !
Arrête de croire que les gens sont différents, ils ne le sont pas. Ils t'ignorent tous, une fois que tu leur a présenté une meilleure personne que toi.
Ah que c'est beau l'amitié ! Ce sentiment d'amitié pure !
Je crois, que de toutes les relations qu'on peut connaître, je n'ai jamais été autant déçue que par l'amitié.
Entre ceux et celles qui t'ignorent dès qu'ils ont trouvé de meilleures personnes que toi, où qu'ils ont réglé leurs soucis personnels. Ceux et celles qui te zappent lorsque tu leur présentes une nouvelle personne. Ceux et celles qui te jettent sans raison.
Je ne ressentais qu'une envie c'était celle de partir dans le désert, vivre avec les animaux.
Est-ce qu'ils te déçoivent eux ? pensais-je.
Non, parce que contrairement à l'homme, ils n'ont pas hérité de cette capacité - et dieu merci - de détruire et de faire du mal intentionnellement à une personne que soit disant l'on aime. Les animaux sont d'une fidélité exemplaire. Je ne n'ai rien à ajouter à ce sujet.
J'aurais dû être un arbre ou un éléphant. Mais pas un putain d'humain.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant